C’est aux membres du jury que revient la tâche d’éplucher la pile de candidatures pour le concours Les Mercuriades de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Si chacune des 16 catégories a ses particularités, il reste que les entreprises qui se distinguent ont souvent des éléments en commun. Discussion avec Marc-André Bovet, président fondateur de BONE Structure et membre du jury pour la cinquième année consécutive.

Résilience

Lorsqu’on lui demande quelles forces font d’une entreprise une gagnante, spontanément, Marc-André Bovet répond la résilience. « Les entreprises, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, qui ont réussi à traverser les deux années de COVID-19 où tout était complètement hors de contrôle ont dû se réinventer d’une façon ou d’une autre, affirme-t-il. Personne n’avait de boule de cristal, ou de plan B ou C qui précisait quoi faire en cas de pandémie. » Chaque entreprise a donc dû faire preuve de souplesse et d’agilité. « Avant, des acteurs bien établis pouvaient parfois fonctionner sur le pilote automatique et surfer par exemple sur le succès d’un produit, ajoute-t-il. Mais aujourd’hui, le succès d’hier ne garantit pas le succès de demain. »

Créativité

Dans les eaux troubles, mais aussi pour continuer à se distinguer de la concurrence, la créativité est incontournable. « Les entreprises qui ont des succès qui se démarquent font preuve de beaucoup de créativité, remarque Marc-André Bovet. Pour y arriver, l’entrepreneur ou l’entrepreneuse ne peut pas agir en solo, mais doit être bien entouré. » La diversité de l’équipe est donc devenue incontournable. « Mais il ne s’agit pas de diversifier pour diversifier afin de mettre de l’avant qu’on a tant de personnes de tel groupe minoritaire, puis tant de personnes de tel autre groupe, indique-t-il. Non, je parle de gens qui ont vraiment compris la force de pouvoir compter sur des personnes d’horizons différents et pour qui la diversité a vraiment pris racine dans l’entreprise. Ces organisations ont plusieurs perspectives autour de la table et peuvent prendre de meilleures décisions, être plus innovatrices. »

Agilité

L’entrepreneuriat, ce n’est plus ce que c’était. « Avant, les gens d’affaires se posaient des questions sur environ cinq ou six variables, comme les ressources humaines, les investissements en immobilisation, le fonds de roulement et la dette », remarque Marc-André Bovet. Mais maintenant, les enjeux se sont multipliés et ils touchent à toutes sortes de domaines, de la cybersécurité à l’approvisionnement en passant par la pénurie de main-d’œuvre. « Aujourd’hui, l’entrepreneuriat est beaucoup plus prenant au quotidien, affirme-t-il. Les entrepreneurs et les entrepreneuses doivent vraiment apprendre à jongler avec plusieurs variables, et il y en a toujours de nouvelles qui s’ajoutent. C’est certain que nous regardons dans leur dossier de candidature comment ils arrivent à s’en sortir. »

Ambition

Pour briller aux Mercuriades, il faut aussi oser se mettre de l’avant. « Je pense qu’au Québec, on a encore un peu de misère avec le succès, on a une humilité obligée, parce qu’on a peur d’être jugé », affirme l’entrepreneur. D’ailleurs, Les Mercuriades demandent les états financiers des entreprises qui posent leur candidature. « C’est un frein pour certaines sociétés privées qui ne veulent pas montrer leurs chiffres, ajoute-t-il. Mais pour nous, c’est important pour s’assurer de la pérennité des entreprises que nous retenons. Je pense qu’il faut arrêter de craindre de mettre son succès de l’avant et voir davantage d’entrepreneurs et d’entrepreneuses célébrer leur succès. »