Les deux dernières années ont été particulièrement turbulentes pour les entreprises. Certaines ont tout de même bien tiré leur épingle du jeu. Pas moins de 11 d’entre elles se sont taillé une place pour la première fois dans le palmarès des Sociétés les mieux gérées de Deloitte. Quels sont les secrets de la réussite dans cette période trouble ?

« Les entreprises qui sortent du lot en ce moment, peu importe leur secteur d’activité, sont celles qui réussissent à mettre l’aspect talent et culture d’entreprise au premier plan pour être en mesure d’attirer des gens et de les garder dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre », affirme Brigitte Vachon, leader provinciale du programme des Sociétés les mieux gérées au Canada chez Deloitte.

Norbec, une entreprise manufacturière de chambres froides et de panneaux architecturaux, qui a la chance de faire affaire dans un secteur d’activité très sollicité depuis le début de la pandémie, a d’ailleurs une capacité à produire limitée en raison notamment du manque de personnel.

« Nous avons réussi à embaucher et à garder nos employés parce que nous avons toujours été proches d’eux et nous avons réussi à créer avec nos gestionnaires un environnement où il y a du respect, de la collaboration et du plaisir au travail malgré les défis à relever », indique Jan Lembregts, président et chef de la direction de Norbec, qui compte 300 employés.

Donnant-donnant

Aux yeux d’Émilie Pelletier, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et stratège en marketing et communications des ressources humaines chez HRM Groupe, il est devenu évident du côté des employeurs que les talents sont leur plus grand actif. « C’est grâce à l’expertise de ses travailleurs qu’une entreprise peut se démarquer, indique-t-elle. Mais, ils sont aussi son élément le plus volatil. L’entreprise est forcée de se questionner sur l’expérience qu’elle offre à ses employés. Parce que, aujourd’hui, il faut que ce soit donnant-donnant. »

Pour trouver sa « promesse d’entreprise », elle affirme qu’il faut être à l’écoute de ses employés pour bien connaître leurs attentes et leurs besoins. « Il faut s’assurer que sa promesse d’entreprise est mobilisatrice, et aussi qu’elle soit cohérente avec les pratiques du quotidien », ajoute-t-elle.

Ainsi, si on dit que l’entreprise a le bien-être de ses employés à cœur, elle doit faciliter la pratique d’activités physiques. Si la formation est capitale, il faut libérer du temps pour que les employés se forment.

La haute direction doit soutenir la promesse d’entreprise et l’équipe de gestion doit être formée en conséquence pour pouvoir la faire vivre chaque jour.

Émilie Pelletier, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et stratège en marketing et communications des ressources humaines chez HRM Groupe

Investir dans les technologies

Les entreprises figurant au palmarès annuel de Deloitte ont aussi toutes investi dans les technologies.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Brigitte Vachon, leader provinciale du programme des Sociétés les mieux gérées au Canada chez Deloitte

« C’est essentiel et d’ailleurs, le gouvernement a mis plusieurs initiatives en place pour les encourager à le faire, indique Brigitte Vachon. Investir dans l’automatisation et la robotisation permet de réduire plusieurs petites tâches. Les technologies permettent donc aux gens de se réaliser davantage en se concentrant sur des tâches plus significatives dans le développement de l’organisation. »

Norbec a d’ailleurs beaucoup investi déjà en technologies et d’autres projets sont en cours pour déjouer la pénurie de main-d’œuvre. « Nous avions commencé ces investissements avant la pandémie, affirme Jan Lembregts. Il faut des équipements et des outils toujours plus performants pour arriver à faire plus avec moins de monde. »

Ses employés ont d’ailleurs de grands défis à relever alors que l’approvisionnement était et demeure problématique, notamment avec l’inflation qui est très forte. « Nous avons réussi à trouver des fournisseurs un peu partout sur la planète, explique-t-il. Je pense par exemple à l’acier, qui a été très affecté par la crise. Avant, on n’utilisait que de l’acier canadien, mais nous avons réussi à nous diversifier même si c’était très compliqué de trouver la bonne sorte d’acier pour pouvoir fabriquer nos produits. »

« C’est certain que les sociétés qui ont su faire preuve d’adaptabilité, qui ont compris rapidement ce qu’il se passait et qui ont été en mesure de réagir rapidement ont réussi à se démarquer, constate Brigitte Vachon. Et c’est une leçon à retenir aussi pour les défis qu’on aura dans les années à venir. »