Lorsqu’on commence à épargner de petites sommes à chaque paye, on peut avoir de la difficulté à imaginer qu’on aura amassé suffisamment un jour pour réaliser son projet. C’est pourtant ce qu’a réussi Marijane Moreau Peterson, 30 ans. Depuis qu’elle a terminé ses études en 2016, elle a accumulé une mise de fonds dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) qu’elle utilisera pour acheter une maison en banlieue de Montréal avec son conjoint.

« Nous cherchons intensivement depuis un an une maison à étage avec quatre chambres dont deux seront aménagées en bureaux pour le télétravail, précise-t-elle. Nous avons fait plusieurs offres d’achat et elles n’ont jamais été acceptées avec le marché qui est très agressif. Pourtant, nous sommes bien positionnés parce que nous gagnons chacun un bon salaire et nous avons une mise de fonds de 20 % de la valeur de la maison. »

Marijane épargne pour une mise de fonds depuis 2016, année où elle a commencé à travailler en ressources humaines. Elle avait alors décidé de placer dans deux CELI 50 $ par mois en vue de sa retraite et 50 $ pour une mise de fonds pour une propriété. « Le projet d’acheter une maison n’était pas du tout concret à ce moment-là, mais je me suis dit que si je décidais de rester locataire, cet argent pourrait me servir pour d’autres projets », précise-t-elle.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers

Pour Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond Services Financiers, ouvrir un CELI par projet est une stratégie intéressante : « Ainsi, chaque compte peut avoir un profil d’investisseur différent parce que l’horizon de placement n’est pas le même. »

Il se réjouit aussi de voir que même si Marijane avait le projet à moyen terme d’acheter une résidence, elle a investi aussi à plus long terme pour la retraite. « Il ne faut pas négliger ce que rapportent les intérêts composés à long terme, précise-t-il. Pour quelqu’un qui commence jeune à épargner pour sa retraite, cela fera toute la différence. Amasser une somme intéressante se fera avec beaucoup moins d’efforts que si elle avait commencé tard. »

Prendre l’habitude d’épargner

En plus des sommes prélevées automatiquement chaque mois, Marijane a investi davantage dans ses CELI dès qu’elle avait des bonis ou un peu d’argent qui s’accumulait dans son compte courant. Comment arrive-t-elle à avoir cette discipline ? C’est beaucoup une question d’éducation.

Lorsqu’elle a eu 18 ans, Marijane Moreau Peterson a eu un cadeau de son père : il lui a dit qu’il payerait ses études, mais qu’en contrepartie, elle devrait mettre de côté la moitié de ses payes de son travail d’étudiante. Ainsi, tout en apprenant à épargner, elle comprendrait l’impact de l’impôt sur le revenu. Résultat ? Lorsqu’elle est partie en appartement, elle a pu puiser dans ses économies pour se meubler. « Je n’ai jamais eu de dettes », précise-t-elle.

Comme cette habitude d’épargner est bien ancrée, elle a augmenté significativement ses sommes prélevées chaque mois au fur et à mesure que son salaire augmentait.

J’ai changé d’emploi et mon revenu a augmenté significativement en 2019, puis encore en décembre, donc je suis rendue à mettre 200 $ chaque mois dans chaque CELI.

Marijane Moreau Peterson

Pourquoi le CELI plutôt que le REER ?

Plusieurs se demandent peut-être pourquoi elle a opté pour le CELI plutôt que pour le Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) qu’elle aurait pu utiliser pour le Régime d’accession à la propriété (RAP). C’est que Marijane a commencé à épargner alors qu’elle était encore étudiante avec un très petit salaire qui ne lui faisait pas payer d’impôt. Elle n’avait donc pas avantage à utiliser ses cotisations REER pour réduire son revenu imposable. « Puis, elle a changé quelques fois de travail dans les dernières années, ce qui lui a permis de voir son salaire presque doubler, alors c’est bien qu’elle ait gardé ses cotisations REER qu’elle aura maintenant avantage à utiliser », constate Simon Préfontaine.

C’est d’ailleurs chose faite. « J’ai commencé à investir dans mon REER l’an dernier avec mon employeur qui cotise aussi, indique Marijane. Je cotise suffisamment pour aller chercher le maximum de ce que mon employeur peut me donner. »