Un jour viendra où il ne sera plus nécessaire d’appuyer sur un bouton – il suffira de toucher la surface de l’objet – pour mettre en marche la machine à café, éteindre les lumières dans la maison, contrôler la thermopompe de la piscine. Bienvenue dans l’avenir… maintenant.

Éric St-Jacques, PDG de la techno montréalaise e2ip, croit que ce jour-là pourrait arriver beaucoup plus tôt qu’on ne peut l’imaginer. « Ce n’est pas pour demain matin, mais ça évolue très rapidement », souligne-t-il.

L’homme de 55 ans dirige une entreprise de 400 employés qui compte dans ses rangs des chercheurs chevronnés dont la mission consiste à mettre au point de nouvelles technologies.

À vrai dire, transformer les objets faisant partie intégrante de notre quotidien avec des matériaux « avancés » et rendre les surfaces « intelligentes » constituent une véritable obsession professionnelle pour l’équipe d’ingénieurs en chimie, en physique, en électronique et en mécanique, qui s’active au centre de recherche et de développement de Saint-Laurent, dans l’ouest de Montréal.

« Il se passe de belles choses au sein de l’entreprise, confirme le PDG. Nous avons fait breveter plusieurs inventions et procédés, toujours en lien avec nos technologies de pointe. Toutes ces avancées sont au cœur de la croissance mondiale qui s’amorce et qui s’annonce très prometteuse. » Il s’empresse de préciser, par souci d’équité, que le programme d’innovation qui fait le succès de la techno a été mené par Anna-Marie Marasliyan, vice-présidente d’e2ip.

Et pourquoi éliminer les boutons pour les « remplacer » par des composantes électroniques intégrées dans les surfaces ?

« On pense que c’est une bonne chose pour l’environnement, dans une optique de développement durable, répond-il. On va réduire jusqu’à 60 % des pièces dans les appareils. »

Il signale au passage que la PME s’est vu décerner deux prix « prestigieux », sur la scène mondiale, avec sa technologie d’électronique imprimable.

Nous avons pris un virage déterminant [en 2016] en axant notre développement sur les technologies d’avenir. Cela nous a permis de nous démarquer auprès de nos clients dans l’aéronautique, les transports, le médical, les grandes industries.

Éric St-Jacques, PDG d’e2ip

Une aide nécessaire

Tout en précisant que son entreprise fait partie des « meneurs mondiaux », au même titre que sa concurrente de la Finlande, le PDG ne manque pas de rappeler qu’elle n’aurait pas fait tous ces progrès « sans l’aide apportée par les gouvernements, à Québec et à Ottawa ».

Il parle également du rôle important qu’a joué Investissement Québec, un des actionnaires-investisseurs, dans le parcours de l’entreprise, évoquant, entre autres, la collaboration étroite avec les chercheurs du Conseil national de recherches Canada (CNRC), à Ottawa, pour « inventer une encre moléculaire », et la qualité des travaux réalisés de concert avec le laboratoire de Boucherville, toujours au CNRC, pour mettre au point les procédés de fabrication.

L’après-pandémie

Par ailleurs, comme bien d’autres entreprises, e2ip a dû composer avec les contraintes liées à la pandémie. « Nos clients dans l’aéronautique, donne en exemple Éric St-Jacques, ont été contraints de clouer les avions au sol. Nous avons navigué à notre manière, tant bien que mal, pour passer à travers cette tempête [sanitaire]. »

Il ajoute aussitôt : « Mais là, on est prêts, plus que jamais. On joue dans les ligues majeures. Le temps est venu d’exécuter nos mandats. »

Une nouvelle usine

Chose certaine, la croissance de la PME – qui compte une usine à Lachine et une autre à Casablanca, au Maroc – se traduira à plus ou moins court terme par la création de nouveaux emplois, assure Éric St-Jacques.

Il est d’ailleurs fortement question de construire une nouvelle usine au Québec « pour soutenir la commercialisation » des innovations du centre de recherche de Saint-Laurent.

Il se garde bien, pour le moment, d’en dire davantage sur l’ampleur et l’envergure de ce projet d’expansion.