Les projets d’exploration minière ont fortement progressé en 2020 sous nos latitudes. Les dépenses en travaux d’exploration et de mise en valeur de gîtes minéraux ont augmenté de 6,1 %, pour atteindre 534 millions de dollars, selon l’Association minière du Québec (AMQ). Les projets ayant le plus avancé ou retenu l’attention ces derniers temps ont un lien avec l’or.

Que ce soit de nouveaux gisements, l’agrandissement de sites existants ou la reprise d’activités sur des sites abandonnés, le métal jaune est visiblement sur une lancée.

Selon Michel Jébrak, professeur émérite au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le projet qui a le plus évolué cette année parmi les minières juniors est celui d’Elmer, propriété d’Azimut Exploration, sur le territoire Eeyou Istchee Baie-James.

« Ils cherchent à des endroits où les autres ne cherchent pas. Et les perspectives seraient plus qu’intéressantes », croit l’universitaire.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Michel Jébrak, professeur émérite au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM

Ils ont trouvé la zone avec un traitement de base de données sophistiqué. Ça prend habituellement une concentration de 4,5 grammes d’or par tonne pour en faire une zone économique viable. Les échantillons d’Azimut donnent 10 grammes par tonne. L’entreprise va avoir besoin d’argent pour continuer son exploration.

Michel Jébrak, professeur émérite au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM

Renaissances

Autre projet digne d’intérêt dans le Nord-du-Québec : l’ancienne mine d’or et de cuivre qui appartient désormais à Troilus Gold Corp., une société minière canadienne établie à Toronto. Ce gisement est situé dans la ceinture de roches vertes de Frôtet-Evans, au nord de Chibougamau.

De 1996 à 2010, le site a produit plus de 2 millions d’onces d’or et près de 70 000 tonnes de cuivre. Troilus en est propriétaire depuis 2017. « Avec les prix de l’or et du cuivre qui sont élevés, ça redonne beaucoup de valeur au gisement », soutient Michel Jébrak.

PHOTO FOURNIE PAR TROILUS GOLD CORP.

L’ancienne mine d’or et de cuivre de Troilus Gold Corp., au nord de Chibougamau

L’achat de quelques autres sites dans les alentours (dont celui d’Urban Gold Minerals en mai 2021) a permis à Troilus Gold Corp. de faire passer son territoire d’exploration de 47 à 1420 km2, selon Caroline Arsenault, vice-présidente, communication d’entreprise.

« On a 150 000 mètres forés à ce jour et ça continue à raison de 7000 mètres par mois. On va être l’un des plus gros sites au Québec et le sixième ou le septième au Canada », dit-elle.

Toujours dans la région de Chibougamau, deux anciens camps miniers d’or et de cuivre reprennent vie : ceux de lac Doré (Doré Copper) et de Chapais (QC Copper and Gold), qui étaient en exploitation durant les années 1960.

Comme c’est le cas avec Troilus, ces deux sites sont économiquement viables et ils sont relancés avec des technologies modernes. Là encore, il reste beaucoup de forages et de travaux à effectuer. Il y en a encore pour des dizaines de millions à investir.

Michel Jébrak, professeur émérite au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM

D’autres investissements en exploration

Enfin, les projets d’exploration aurifère Windfall (de Minière Osisko), Wasamac (Yamana Gold) et Perron (Amex) sont à différents stades d’avancement et seraient très prometteurs, croit Michel Jébrak, de l’UQAM.

Selon l’Association minière du Québec, « les compagnies actives qui exploitent des mines actuellement investissent en exploration pour prolonger la durée de vie de leurs sites. C’est une bonne nouvelle en soi. Comme il faut compter normalement de 10 à 15 ans pour développer une mine après la découverte d’un nouveau gisement, l’exploration sur des sites existants permet aussi de bénéficier beaucoup plus rapidement des retombées économiques. »

Par ailleurs, toujours selon l’AMQ, « le développement de la filière des minéraux critiques et stratégiques (MCS), sur laquelle mise beaucoup le gouvernement du Québec pour notamment assurer la transition énergétique et l’électrification des transports, sera aussi intéressant à observer au cours des prochaines années ».