À moins de travailler dans le domaine, il est difficile d’avoir une idée précise de ce qu’est la métrologie. Et pourtant, il s’agit d’une composante essentielle de l’industrie aéronautique au Québec.

La métrologie, c’est l’art de mesurer très précisément les dimensions d’un objet. Extrêmement précisément, même. « Nos machines sont capables d’atteindre une précision de 150 micromètres, soit un peu plus d’un dixième de millimètre », illustre Badr Boushel, directeur des ventes et du développement des affaires d’Amrikart Ultraprécision.

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Badr Boushel, directeur des ventes et du développement des affaires d’Amrikart Ultraprécision

Fondée à Brossard en 1998, Amrikart est l’une des pionnières de la métrologie au Québec, malgré sa taille modeste. « Notre spécialité, ce sont les grosses machines comme les avions, les trains ou les bateaux », précise Nathalie Tremblay, cofondatrice et vice-présidente de l’entreprise. « Ces objets sont souvent faits à partir de pièces fabriquées à différents endroits. En théorie, il faudrait que toutes les pièces aient les dimensions exactes demandées par le fabricant pour que l’assemblage se fasse bien. Mais souvent, quand elles arrivent sur le lieu d’assemblage, ça ne marche pas à cause de petites imperfections. »

Jumeaux numériques

Pour éviter aux fabricants ces casse-têtes au moment de l’assemblage, Amrikart les aide à détecter les moindres bosses et imperfections en amont de la chaîne de production.

Avec nos mesures, on est capables de créer des jumeaux numériques des objets, c’est-à-dire des copies virtuelles très réalistes.

Nathalie Tremblay, cofondatrice et vice-présidente d’Amrikart Ultraprécision

De cette manière, il est possible d’« assembler » virtuellement deux pièces, même si elles se trouvent en réalité à des centaines de kilomètres de distance, et de décider s’il faut faire des corrections sur place.

Lorsque l’entreprise partenaire n’a besoin que de services ponctuels, les employés d’Amrikart peuvent se rendre sur place pour effectuer eux-mêmes les mesures. Pour les entreprises qui ont besoin d’utiliser fréquemment la métrologie, Amrikart propose d’acheter les équipements les mieux adaptés à la situation et de les installer pour que leurs partenaires puissent les utiliser eux-mêmes.

Ces temps-ci, Amrikart assiste beaucoup de manufacturiers qui cherchent à automatiser leurs processus de production. « Même dans le milieu aéronautique, il y a beaucoup d’étapes qui se font encore de manière artisanale, mais c’est en train de changer », explique Nathalie Tremblay. Et comme cette automatisation nécessite énormément de précision, les services de mesure d’Amrikart sont plus prisés que jamais.

Expansion vers l’Europe

Grâce à la force de l’industrie aérospatiale au Québec, Amrikart a accès à un large bassin de clients potentiels. Cela n’a toutefois pas empêché l’entreprise de se tourner, au cours des dernières années, vers de nouveaux marchés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Tout récemment, elle a intégré dans son giron la société française Evolutia, ce qui devrait lui permettre d’accroître sa présence en Europe.

L’acquisition d’Evolutia viendra aussi complémenter l’expertise d’Amrikart. Si l’entreprise québécoise est habituée à travailler sur des machines de très grande dimension, sa nouvelle filiale se concentre surtout sur des objets de moyenne ou de petite taille, comme des appareils électroniques ou des verres de lunettes. Même si l’objectif reste le même, travailler à cette échelle nécessite des méthodes et des appareils complètement différents.

« Acquérir cette expertise va nous permettre d’élargir considérablement notre offre puisque, en général, ils s’arrêtent à peu près là où on commence », explique Jérémy Arpin-Pont, directeur général d’Amrikart.

En attendant que ces projets d’expansion se concrétisent, Amrikart vient d’être récompensée au gala des prix Performance Québec. Une reconnaissance qui n’étonne pas Nathalie Tremblay, qui vante la réputation de son entreprise. « Notre domaine, c’est la précision, alors on fait preuve de précision dans tout ce qu’on fait », illustre-t-elle. « Si ce n’était pas le cas, puisque nous aidons nos partenaires à perfectionner leurs processus, alors nous serions des cordonniers mal chaussés », ajoute le directeur des ventes, Badr Bushel.