Rebuts domestiques et industriels, matériaux de démolition, panneaux routiers, carcasses d’automobiles… Quotidiennement, de 500 à 600 tonnes d’aluminium sont triées et « empaquetées » dans les installations d’AIM Recyclage Montréal, à Montréal-Est, avant de prendre la direction de fonderies… à l’extérieur du Québec.

« Nous traitons et trions jusqu’à 20 000 tonnes d’aluminium tous les mois, ça fait beaucoup de tonnes à l’heure ! », calcule Anthony Laplante, directeur des ventes au sein de l’entreprise montréalaise, propriété des frères Herbert et Ronald Black.

Or, toutes ces tonnes d’aluminium postconsommation prennent la route de l’Ontario, des États-Unis et même de l’Europe, faute de fonderie « équipée de fournaises » pour recevoir et traiter tout ce métal.

« C’est malheureusement un problème, déplore le directeur. Au Québec, il y a bien sûr des fonderies d’aluminium primaire, mais aucune fonderie n’est équipée de fournaises pour répondre à la demande de l’industrie du recyclage. »

Résultat : AIM Recyclage Montréal, qui s’affiche comme un acteur clé dans cette industrie, est contrainte d’expédier l’aluminium – qu’elle a recueilli et classifié – à des fonderies nord-américaines et outre-Atlantique.

On envoie tout ça par camion-remorque, dans des conteneurs maritimes, ou encore dans des wagons, et ça implique des coûts supplémentaires. L’aluminium qu’on a récupéré ici, au Québec, trouve preneur ailleurs. C’est la réalité.

Anthony Laplante, directeur des ventes chez AIM Recyclage Montréal

Tout en reconnaissant qu’il s’agit là d’un enjeu important, il n’est pas en mesure de préciser si des actions seront prises à plus ou moins court terme pour y remédier. « On peut toutefois imaginer que ça se discute, mais il faudra voir comment les choses pourraient évoluer », précise-t-il.

Au rythme où vont les choses, il s’attend à ce que le volume d’aluminium récupéré atteigne 20 000 tonnes, en 2022. « C’est un marché en croissance, précise-t-il. Il y a cinq ans, on parlait de 10 000 tonnes. L’aluminium est un métal d’avenir. On sait tous qu’il y a de nombreux avantages à le recycler pour lui redonner une nouvelle vie dans l’optique de l’économie circulaire. »

PHOTO FOURNIE PAR AIM

Quotidiennement, de 500 à 600 tonnes d’aluminium sont triées et « empaquetées » dans les installations d’AIM Recyclage Montréal, à Montréal-Est.

De plus en plus technologique

Chose certaine, l’entreprise montréalaise fondée en 1936 continue d’investir dans la modernisation de ses installations. « On a dépensé 40 millions depuis 10 ans à cette fin, dit-il. On mise de plus en plus sur les nouvelles technologies pour améliorer nos méthodes de triage, pour détecter et identifier les alliages avec plus de précision. »

Anthony Laplante souligne au passage que l’entreprise, qui compte un peu plus de 500 travailleurs, a encore recours à l’expertise des trieurs, qui effectuent ces tâches manuellement.

Il ne manque d’ailleurs pas de rappeler que la main-d’œuvre demeure un défi de tous les instants. « On fait tout en notre possible pour retenir nos employés et en recruter de nouveaux », souligne-t-il.

Et l’avenir ?

On peut deviner qu’AIM – qui est également présente dans l’acier, le cuivre, le laiton, le zinc, l’acier inoxydable, le plomb et d’autres métaux – veut s’imposer davantage dans le lucratif marché de l’aluminium recyclé.

« On le voit, il y a de plus en plus de produits de consommation en aluminium, fait valoir le directeur. On parle de remplacer les bouteilles d’eau en plastique par des contenants en aluminium. Il y a de plus en plus de canettes de bière en aluminium en comparaison avec les bouteilles en verre. Dans l’industrie de l’automobile, il y a de plus en plus de contenu en aluminium. »

AIM possède des installations manufacturières à Laval, dans la région de Québec, ainsi qu’à Trois-Rivières et à Shawinigan.