Les chiffres sont frappants : seulement 7 % des exportations au Canada sont le fruit de femmes entrepreneures. Quatre d’entre elles racontent leur parcours et donnent au passage des conseils à leurs consœurs.

Se faire connaître d’abord

PHOTO FOURNIE PAR FUMOIR GRIZZLY

Laura Boivin ne croit pas que les entrepreneures devraient attendre d’être certaines à 100 % avant de se lancer dans l’aventure de l’exportation. « Il faut prendre des risques. »

En affaires depuis 28 ans, Laura Boivin, propriétaire de Fumoir Grizzly, a choisi les États de New York et de la Floride pour ses nouveaux marchés. Elle ne compte plus le nombre de foires commerciales auxquelles elle a participé avant de se lancer dans l’aventure de l’exportation, il y a deux ans. « Oui, exporter, c’est vendre. Toutefois, il n’est pas uniquement question de produits. Les relations humaines y sont pour beaucoup. »

Nouer des relations, se faire voir, montrer son sérieux, établir la confiance, démontrer que son entreprise est là pour de bon sont les conseils qu’elle donne à celles qui voudraient se lancer sur cette voie.

Immigrer comme exporter

PHOTO FOURNIE PAR WATERSHED MONITORING

Le conseil de Sonja Behmel : ne pas tenter d’exporter seule. « Il faut aller chercher les ressources, elles existent, et même que l’on retrouve une synergie entre les agences locales, régionales et nationales de part et d’autre de l’océan pour vous accompagner dans vos démarches. »

Sonja Behmel est propriétaire de WaterShed Monitoring, une entreprise dont la technologie est utilisée pour le stockage et l’analyse de données sur la qualité de l’eau, de la goutte d’eau au robinet. Après deux ans de démarches, elle vient tout juste d’ouvrir son premier bureau outremer à Strasbourg, en France. Originaire d’Allemagne, elle considère que l’on peut comparer le processus d’exportation à celui de l’immigration. « On recommence à zéro. Il faut apprendre l’administration et la culture d’affaires. C’est un défi d’intégration. »

Minoritaire dans son domaine, elle avoue que pour asseoir sa crédibilité, elle est allée chercher un doctorat de même que des partenaires établis.

S’entourer pour gagner du temps

PHOTO FOURNIE PAR VERTIMA

Pour Josée Lupien, les entrepreneures ne devraient pas hésiter à aller chercher les aides financières disponibles à l’exportation. « Exporter exige des investissements et le financement ne devrait pas être un frein à la croissance. »

Œuvrant dans le domaine de la certification LEED et des matériaux durables, Josée Lupien, propriétaire de Vertima, a signé récemment deux contrats aux États-Unis. Un premier pas après deux ans d’efforts. « On a commencé tranquillement. Je me suis bien préparée. J’ai même participé à une mission commerciale pour sonder le terrain. »

La femme d’affaires croit que le secret pour réussir en exportation est de bien s’entourer, car ne s’aventure pas à l’étranger le premier venu. « Les règles sont tellement différentes, sans parler de toute la paperasse. J’ai même failli perdre une vente en raison du fameux numéro d’identification d’employeur (EIN). Un fiscaliste et un avocat sont de bonnes ressources pour économiser du temps. »

Un programme pour aider les femmes à exporter

PHOTO FOURNIE PAR QUÉBEC INTERNATIONAL

« Nous allons faire le tour des questions, autant par où commencer, la commercialisation, le financement et la réglementation », explique Margarita Motta, directrice au développement des marchés extérieurs et commissaire à l’exportation chez Québec International.

Pour aider les femmes d’affaires à accélérer leur croissance sur les marchés internationaux, Québec International, en collaboration avec Femmessor, a récemment mis sur pied le programme FemmesExport.

Se voulant un complément aux programmes déjà existants, flexible et personnalisé, FemmesExport s’attaque aux enjeux propres aux femmes entrepreneures. « Pendant trois ans, nous avons fait des consultations. L’accès au financement, les responsabilités familiales, le temps consacré à la gestion et au développement de l’entreprise, la confiance, la persévérance, le réseautage et le partage des bonnes pratiques d’affaires sont parmi les éléments qui sont ressortis comme freins aux exportations féminines », soutient Margarita Motta, directrice au développement des marchés extérieurs et commissaire à l’exportation chez Québec International.

Le projet-pilote qui est actuellement en période de recrutement pour les entreprises de la région de la Capitale-Nationale se déroulera sur une période de 12 mois. « Oui, il y a une cohorte, mais il n’y a pas un parcours rigide. Nous allons suivre le rythme des entrepreneures, qu’elles soient débutantes ou avancées. »