Les affaires de l’entreprise GHGSat semblent sur le point de décoller. La PME montréalaise spécialisée en télédétection des gaz à effet de serre se prépare à lancer en 2020 deux nouveaux microsatellites, respectivement baptisés Iris et Hugo.

Comme Claire, le prototype mis en orbite par la jeune pousse en 2016, ils pèseront chacun une quinzaine de kilogrammes et auront à peine la taille d’un four à micro-ondes. Équipés d’une caméra infrarouge, ils évalueront à leur tour l’absorption de la lumière à des endroits précis pour détecter la présence de méthane ou de CO2 et quantifier leur concentration.

Avec Claire, qui a déjà permis d’examiner plus de 1 million de kilomètres carrés, « on a appris de nos erreurs », assure Émilie Hamel, gestionnaire de programmes chez GHGSat, responsable de l’ensemble des étapes de la conception des satellites. Iris, dont les tests au sol se sont terminés en juillet dernier, devrait se révéler sept fois plus puissant. Des correctifs ont été apportés à l’instrument afin d’éliminer une grande partie des reflets de lumière, qui risquait de générer du « bruit » dans les données enregistrées.

PHOTO FOURNIE PAR GHGSAT

Équipés d’une caméra infrarouge, les microsatellites de GHGSat évalueront l’absorption de la lumière à des endroits précis pour détecter la présence de méthane ou de CO2 et quantifier leur concentration.

Quant à Hugo, qui devrait décoller quelques mois plus tard, l’entreprise affirme qu’il sera deux fois plus puissant qu’Iris. Son capteur optique, développé en collaboration avec l’entreprise ABB, promet d’offrir des images avec une résolution quatre fois plus détaillée.

La PME espère aussi mettre en service un nouvel instrument aéroporté en novembre prochain, afin d’enrichir les analyses de mesures plus près du sol. « On voit cela comme une technologie complémentaire à nos satellites, qui permettra à nos clients de vraiment trouver toutes leurs émissions possibles », indique Émilie Hamel.

De nouvelles étapes

Technologies du développement durable Canada (TDDC), qui avait financé à hauteur de 2 millions de dollars la création de Claire en 2014, a accordé à la PME une nouvelle somme de 3,3 millions en août dernier. Cette fois, c’est pour un projet visant à détecter des fuites plus rapidement et à un moindre coût qu’au moyen de caméras d’imagerie optique du gaz dans la région pétrolière de Montney, en Colombie-Britannique. « Cela va nous permettre de faire une démonstration de toutes nos technologies en même temps », se réjouit Stéphane Germain, président de GHGSat.

L’entrepreneur a fondé l’entreprise en 2011, après l’annonce d’un système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (GES). Puisque les entreprises seraient amenées à réduire leur empreinte carbone, il voyait dès lors le potentiel de développer une technologie capable d’observer depuis l’espace ces émissions à une échelle locale. Le 23 septembre dernier, la multinationale Shell a signé une entente-cadre avec la PME. « Elle nous permet de commencer avec elle à petite échelle, sur quelques sites, puis ultimement de pouvoir mesurer des milliers de ses sites à travers le monde », explique Stéphane Germain.

Outre les pétrolières, GHGSat cible aussi les producteurs d’électricité, les sites d’enfouissement, les mines de charbon et les agriculteurs. Elle envisage de faire affaire avec les gouvernements qui souhaiteraient vérifier les répercussions réelles sur leur territoire de leurs politiques en matière de GES.

Quant aux scientifiques, Stéphane Germain espère qu’ils se familiariseront avec les données produites par ses satellites. D’ailleurs, 5 % des capacités d’Iris seront accordés gratuitement aux usagers de l’Agence spatiale canadienne et de l’Agence spatiale européenne à des fins de recherche.

Une fois ses trois satellites en orbite autour de la Terre, GHGSat continuera de perfectionner à Montréal ses algorithmes d’intelligence artificielle pour mieux analyser les données transmises. « La promesse la plus importante pour nous de l’IA, c’est de réaliser des prédictions des endroits les plus à risque de générer des émissions de GES », souligne Stéphane Germain.

Fiche d’entreprise

Nom : GHGSat
Spécialité : télédétection des gaz à effet de serre
Fondateur : Stéphane Germain
Nombre d’employés : 35
Siège social : Montréal