Chaque lundi, nous vous présentons une entreprise qui innove.

L’innovation

Un traitement antireflet appliqué directement au verre, qui le rend presque 100 % transparent et hydrophobe. Il permet notamment une augmentation de 12 % de la production électrique des panneaux solaires et une élimination des éblouissements en photographie.

Qui ?

La recherche pour cette technologie a été effectuée il y a une dizaine d’années par des équipes appartenant aux United States National Laboratories. C’est en 2018 que l’incubateur montréalais TandemLaunch en a acquis les droits et a lancé les démarches pour bâtir une entreprise autour de son exploitation. Cette année-là, on a fondé Edgehog (inspiré du nom anglais du hérisson, hedgehog) avec Calvin Cheng, Nasim Sahraei et Siamak Kashi. Le premier détient un doctorat en chimie de l’Université de Toronto, la deuxième détient un doctorat en génie électrique et informatique de la National University de Singapour et le troisième, une maîtrise de Polytechnique Montréal en génie physique.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Calvin Cheng, Nasim Sahraei et François Jeanneau, l’équipe dirigeante d’Edgehog, qui commercialise un procédé rendant le verre presque 100 % transparent.

« L’équipe de cofondateurs ne se connaissait pas, nous nous sommes rencontrés à travers des offres d’emploi et l’incubateur TandemLaunch », explique Calvin Cheng, aujourd’hui directeur des opérations d’Edgehog. Mme Sahraei est la cheffe de produit et M. Kashi en était le directeur, procédés et fabrication, jusqu’à son départ, en mai dernier. Un quatrième partenaire, François Jeanneau, est devenu PDG.

Edgehog compte une dizaine de personnes à ses bureaux de la rue Peel, à Montréal.

Le produit

Les revêtements antireflets classiques ajoutent une couche d’un matériau particulier à la surface du verre. La technologie retenue et commercialisée par Edgehog va transformer la surface du verre pour créer une couche qui va atténuer la transition de la lumière qui passe de l’air au verre. C’est ce « choc » du passage entre deux matières qui crée les réflexions et un renvoi partiel de la lumière.

« Nous nous inspirons de l’œil du papillon nocturne (moth en anglais), nous appelons notre technologie « Moth-Eye 2,0 », explique M. Cheng. Ce concept était connu depuis des décennies, ce n’est que maintenant que nous avons exploité cette capacité. »

Après son traitement par Edgehog, le verre acquiert une transparence quasi complète qui augmente le flux de lumière le traversant. Pour un panneau solaire, cela signifie une augmentation de production d’énergie de l’ordre de 12 % sur une base annuelle, ou de plus de 25 % au lever et au coucher du soleil, quand la lumière frappe en angle.

Intégré à un appareil photo ou à une caméra, ce verre réduit la réflexion et annule les effets de halo. Le traitement rend de plus le verre « superhydrophobe », ce qui permet de le nettoyer à l’eau sans que des gouttes s’y accrochent.

« Ça marche pour tous les types de lumière et pour tous les angles », précise M. Cheng.

Edgehog compte des clients industriels pour lesquels elle traite les verres entrant dans la composition de leurs produits, notamment en aérospatiale et en photographie. Aucun nom d’entreprise associée n’a été rendu public.

Les défis

La pandémie a été difficile pour nombre d’entreprises, et particulièrement pour Edgehog, qui ne pouvait se rabattre sur le télétravail. « Nous sommes une entreprise de matériaux, notre travail est physique, dit le directeur des opérations. Nous avons dû arrêter quelques mois. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Calvin Cheng, directeur des opérations d’Edgehog

Comme on a affaire à des entreprises et non à des consommateurs, Edgehog doit travailler selon les contraintes temporelles qu’on lui impose. « Nous opérons dans leur planification », explique M. Cheng.

L’avenir

Edgehog ne fabrique pas elle-même les pièces de verre, elle les transforme. « Notre défi est la croissance de notre capacité manufacturière, précise le directeur. Nous utilisons les installations existantes, notre défi est d’accéder à des équipements plus grands. »

Les panneaux solaires et les équipements photographiques sont les deux domaines où les besoins en technologies antiréflexions sont les plus évidents. « Pour une petite compagnie, nous devons nous concentrer sur ces applications, note M. Cheng. Quand ce sera mature, nous allons pouvoir entrer dans de nouveaux marchés. »