Consacrer 1 % du temps de ses employés, 1 % de ses produits ou services, 1 % de ses profits et 1 % de ses actions à des organismes communautaires ou humanitaires, voilà le pari que prennent les entreprises qui décident de s’engager dans le programme Pledge 1 % (engagement 1 %), qui est né en Australie, mais qui a rapidement gagné le monde depuis son lancement à grande échelle en 2014.

C’est une jeune entreprise australienne de conception et d’édition de logiciels de collaboration, Atlassian, qui a mis au point en 2006 ce nouveau concept de modèle de philanthropie d’entreprise qui cherche à engager complètement les firmes qui décident de l’implanter.

À l’époque, Atlassian était une entreprise émergente qui avait été créée quatre ans plus tôt par de jeunes idéalistes qui s’étaient promis de ne jamais travailler pour une entreprise qui imposait des horaires stricts ou un code vestimentaire.

Aujourd’hui, Atlassian est une firme qui compte plus de 260 000 clients dans le monde, dont la capitalisation boursière est supérieure à 50 milliards US et qui a dégagé un bénéfice net de 500 millions US pour son exercice 2023.

Son engagement à débourser 1 % de ses profits et d’engager 1 % de sa valorisation boursière dans des œuvres humanitaires commence à devenir significativement important pour les organismes qui en bénéficient chaque année.

Depuis son lancement officiel en 2014, le programme Pledge 1 % a rallié des milliers d’entreprises dans plus de 100 pays à son modèle de philanthropie d’entreprise. Chez nous, Coveo, l’entreprise de Québec qui développe et distribue des logiciels propulsés par l’intelligence artificielle, s’est jointe au mouvement.

« C’est lorsque j’ai recruté Shanti Ariker, l’ex-présidente du conseil de Salesforce.org, pour faire partie de notre conseil d’administration en 2020 que j’ai découvert Pledge 1 %. Salesforce avait participé au lancement du programme », m’explique Louis Têtu, le PDG de Coveo, qui a adhéré en 2021 au programme philanthropique.

Cette année, Coveo vient de franchir le cap du million de dollars en dons en argent aux organismes qu’elle appuie depuis trois ans par l’entremise du programme Pledge 1 %.

Cette contribution ne tient pas compte du temps donné par les employés aux organismes, du 1 % d’actions de Coveo qui ont été cédées à une fondation et du 1 % en services que l’entreprise offre gracieusement à la collectivité ni le 1 % du partage de profits, parce que Coveo ne réalise pas encore de profits.

« On va bientôt être profitables. Nos solutions d’affaires à partir de plateformes d’IA qui servent au commerce électronique, au service à la clientèle ou à la gestion des milieux de travail sont utilisées par plus de 700 grandes entreprises dans le monde, et on va céder 1 % de nos profits et éventuellement de nos dividendes pour le financement des causes qu’on a choisies », anticipe l’entrepreneur techno.

Une entreprise plus incarnée

« Lorsqu’on a fait notre émission d’actions de 250 millions en 2021, j’avais averti nos gros actionnaires, six, sept fonds d’investissement de capital de risque, plus nos employés et le management, qu’on allait adhérer à Pledge 1 %, et ils ont tous accepté.

« On avait une valorisation de 1,7 milliard lors de l’émission et on a versé 1 % dans une fondation qui gère nos dons en argent », poursuit Louis Têtu.

Pour l’équipe de Coveo, la participation active et l’engagement de tous dans le programme Pledge 1 % a un effet rassembleur, les gens travaillent pour une entreprise engagée.

« C’est plus engageant de donner de son temps et de choisir les causes qui nous tiennent à cœur que d’envoyer un chèque de 50 000 $ à une cause », souligne l’entrepreneur.

Le comité du programme philanthropique a décidé d’appuyer principalement le financement d’organismes et d’initiatives qui gravitent autour du secteur de l’éducation, et d’appuyer des initiatives qui visent à réduire les inégalités dans la société, autant chez nous, au Québec, que partout dans le monde.

On pense ici à l’organisme Pour 3 Points, qui offre la possibilité aux jeunes de développer leur plein potentiel en milieux défavorisés, ou à l’organisme international Room to Read, qui finance l’accès à l’éducation aux filles partout dans le monde. Au total, une douzaine d’organisations ont profité d’un financement de Coveo.

L’entreprise, qui compte plus de 700 employés dans ses bureaux de Québec et de Montréal, laisse aux gens le choix des organismes auxquels ils souhaitent consacrer leur temps, que ce soit la Mission Bon Accueil, les banques alimentaires ou le soutien communautaire.

Coveo met ses logiciels au service de plusieurs organismes tels qu’Alloprof, qui donne des ressources aux enfants de 6 à 17 ans et à leurs parents, ainsi qu’Actua, un organisme qui favorise l’apprentissage des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.

Louis Têtu estime que le modèle de philanthropie d’entreprise de Pledge 1 % pourrait être reproduit dans plusieurs entreprises publiques québécoises pour ainsi contribuer à redorer leur image et à assurer une présence plus incarnée dans leur communauté.

« On réalise 97 % de nos revenus à l’extérieur du Canada, mais on s’implique dans nos milieux de vie comme on le fait en soutenant des organismes internationaux. Selon une étude de l’Université Queen’s, 84 % des Canadiens estiment que les entreprises devraient en faire plus pour résoudre les problèmes d’inégalités et répondre aux besoins des gens. Il faut davantage redonner », plaide Louis Têtu.