Longueuil est fin prêt pour obtenir la désignation de zone d’innovation en aérospatiale que le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie tarde à confirmer. La mairesse Catherine Fournier a présenté vendredi les grandes lignes du plan directeur de cette zone qu’elle souhaite voir prendre forme dans l’arrondissement de Saint-Hubert et qui va devenir, selon elle, le plus important projet économique de l’histoire de la ville.

Annoncée en grande pompe par le gouvernement québécois, la création des zones d’innovation technologique a suscité un intérêt manifeste auprès des acteurs industriels, universitaires et municipaux de différentes régions du Québec qui souhaitent développer pleinement le potentiel de certains domaines d’activité de pointe, mais leur lancement se fait au compte-gouttes.

En février 2022, Québec a dévoilé l’identité des deux premières zones d’innovation, l’une spécialisée dans les sciences quantiques à Sherbrooke autour de l’expertise développée en physique quantique par l’Université de Sherbrooke, l’autre spécialisée dans les systèmes électroniques intelligents à Bromont, en fonction de la forte présence d’IBM et de sociétés de composants électroniques.

Depuis, il y a eu, en juin dernier, la création de la Vallée de la transition énergétique qui regroupe les municipalités de Bécancour, de Shawinigan et de Trois-Rivières, en raison de l’expertise qu’on y développe autour de la filière batterie et de l’électrification des transports.

« Nous, à Longueuil, on est prêt et on tient à la désignation de zone d’innovation parce qu’on a 78 entreprises du secteur qui sont actives sur notre territoire et elles représentent 40 % de l’industrie aéronautique québécoise », m’a expliqué la mairesse Catherine Fournier en marge de la présentation qu’elle a faite vendredi midi.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier

La désignation de zone d’innovation renforce notre attractivité à l’international.

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Plus de 400 personnes de l’aéronautique, du monde des affaires et de l’enseignement se sont déplacées dans un hangar de l’École nationale d’aérotechnique à Saint-Hubert, à l’invitation de la Chambre de commerce de la Rive-Sud qui a dû refuser 200 personnes faute de places disponibles…

« On voulait faire savoir à tout le monde et rappeler au gouvernement que de devenir l’un des trois pôles de la zone d’innovation de l’aéronautique avec ville Saint-Laurent et Mirabel est important pour Longueuil », a renchéri la mairesse.

L’industrie aéronautique emploie plus de 7500 personnes dans la municipalité alors que Pratt & Whitney y est le plus gros employeur privé avec plus de 4000 employés dans ses sites de Longueuil et de Saint-Hubert.

Développement industriel et innovation

La municipalité de Longueuil veut tirer profit de l’industrie aéronautique pour assurer son développement économique au cours des 20 prochaines années en devenant un pôle de la décarbonation de l’industrie.

Déjà, Pratt & Whitney investit massivement dans le développement de nouveaux moteurs d’avion hybrides et agit comme force d’attraction de nouveaux acteurs tels que la société H55, un fabricant de blocs-batteries pour l’aéronautique qui a annoncé son implantation à Saint-Hubert, juste à côté de l’aéroport. Boeing pourrait aussi y implanter le centre de recherche qu’il a annoncé récemment.

Le plan directeur de la zone d’innovation en aéronautique a permis de dégager plus de 10 millions de pieds carrés en disponibilité à proximité de l’aéroport de Saint-Hubert en vue de l’implantation de nouvelles entreprises.

La Ville est propriétaire de 5 millions de pieds carrés qu’elle pourra vendre à des entreprises du secteur et l’aéroport dispose de 5 millions de pieds carrés qu’elle pourra louer pour de nouvelles implantations industrielles.

À l’École nationale d’aérotechnique de Saint-Hubert (ENA), affiliée au cégep Édouard-Montpetit, la zone d’innovation s’enrichira d’une expertise additionnelle alors que l’École de technologie supérieure (ETS) ouvrira dès l’an prochain une première antenne à l’extérieur de Montréal.

Ce nouveau campus établi sur la Rive-Sud de Montréal offrira un baccalauréat en génie aéronautique et nécessitera la construction prochaine d’un campus à proximité de l’ENA. À terme, plus de 400 étudiants pourront y suivre leur formation universitaire. François Gagnon, directeur général de l’ETS, se dit très enthousiasmé par cette première implantation de l’institution à l’extérieur du territoire montréalais.

Le plan directeur du projet de zone d’innovation en aéronautique ne se limite pas au développement du seul caractère industriel de la zone ; la Ville prévoit également d’aménager une partie du territoire environnant pour y ériger quelque 2000 habitations.

Est-ce que Mme Fournier a senti le besoin de faire une sortie publique parce qu’elle sent que le statut de zone d’innovation en aéronautique pour sa ville est menacé ?

« Non, absolument pas. J’ai toujours eu de bonnes rencontres avec le ministre Fitzgibbon. Je pense que c’est juste une question de timing et d’actualité qui a reporté l’annonce du gouvernement. On est bien sûr que cela va se faire prochainement », assure Catherine Fournier.