Les désastres naturels qui affectent nos populations entraînent toujours un lourd fardeau financier et aussi des pertes alimentaires. L’automne dernier, à la suite du passage de l’ouragan Fiona, la Nouvelle-Écosse durement frappée offrait une compensation financière pour les pertes alimentaires de chaque résidant. Pour le verglas, Québec pourrait emboîter le pas.

Avec la pluie verglaçante tombée sur le Québec la semaine dernière, de nombreux ménages et commerces ont dû se débarrasser de tonnes de produits alimentaires. Un gaspillage inévitable, ou presque. Pendant que divers commerces donnaient carrément leur stock à des passants à la dernière minute, certains feront une réclamation auprès de leurs assurances tandis que d’autres subiront des pertes.

Pour les résidants, la perte de nourriture constitue un problème très coûteux, surtout ces temps-ci avec le prix des aliments. Les polices d’assurances résidentielles couvrent les pertes alimentaires dues à un désastre naturel, mais il faut tout de même payer une franchise importante.

Après 24 heures dans le noir, il faut vider le frigo, et après 48 heures, il faut aussi jeter le contenu du congélateur. Le temps ne pardonne pas, et les ménages affectés par une panne la semaine dernière n’ont pu faire autrement que de jeter pour 200 à 500 $ de nourriture en moyenne afin d’éviter les contaminations alimentaires.

À quelques jours de Pâques, le montant était probablement plus élevé qu’à l’habitude, mais pour les gens avec des problèmes de santé, il ne fallait surtout pas courir de risque.

Pendant ce temps, certains se demandent si la province devrait dédommager les résidants qui ont perdu de la nourriture en raison d’une panne d’électricité majeure à la suite d’un désastre naturel comme le verglas. La réponse est fort simple : Québec ne devrait même pas hésiter.

L’automne dernier, à la suite du passage de l’ouragan Fiona, la province de la Nouvelle-Écosse avait dédommagé les résidants. Plus de 500 000 abonnés de la province avaient manqué d’électricité pendant plusieurs jours. Le programme des aliments avariés à la suite de l’ouragan Fiona avait été mis sur pied afin de compenser les pertes des résidants. Le programme fournissait 100 $ à chaque ménage qui avait perdu l’électricité pendant au moins 48 heures à la suite de l’ouragan Fiona pour aider à couvrir le coût des aliments avariés.

Au total, 117 000 ménages ont reçu leurs 100 $ durant le programme. Environ 23 % des personnes admissibles ont réclamé leur part. L’inscription sur l’application en ligne ne prenait que 30 secondes, tout au plus, et un chèque leur était envoyé par la poste deux ou trois semaines plus tard. Un faible pourcentage de la population en a profité, mais le programme existait pour elle.

Un geste inattendu, mais fortement apprécié. Une somme modeste, car on achète peu de choses avec 100 $ à l’épicerie, mais ce montant devenait symbolique. Un message bien reçu de tous.

Depuis quelques années, la nourriture revêt un aspect précieux de notre vie. Le gouvernement québécois le reconnaît déjà avec sa stratégie d’autonomie alimentaire. Ces gestes concrets que la province fait depuis quelques années viennent appuyer les destinées agroalimentaires de la province. L’État existe pour cela.

Il arrive parfois, surtout ces temps-ci, que les gouvernements politisent l’alimentation pour lancer des programmes déjà ficelés. Pensons au « rabais épicerie » proposé par le gouvernement Trudeau il y a quelques semaines, il s’agit ni plus ni moins d’un programme de TPS bonifié. Il aidera sûrement un certain nombre de citoyens, mais l’intention qui s’y cache est de gagner un appui politique précieux.

Le même phénomène s’observait au Québec l’automne dernier, lorsque le premier ministre Legault offrait de l’argent pour aider les Québécois à contrer les effets de l’inflation. À la veille d’élections, ce geste trouvait sa motivation dans l’obtention potentielle de votes supplémentaires.

Toutefois, une compensation alimentaire pour les gens touchés par le verglas ne porterait pas le chapeau de la politicaillerie, mais serait plutôt porteuse d’humanisme et de compassion.

Dédommager les citoyens, ne serait-ce qu’avec 100 $, deviendrait un geste purement symbolique, mais ô combien important pour l’appui, la sympathie et la reconnaissance de l’importance de l’alimentation dans notre vie.

Les gouvernements vont devoir s’y habituer. Nous pouvons tenter de nous convaincre que ces phénomènes se produisent rarement et qu’enfouir tous les fils nous protégerait des désastres naturels, mais les changements climatiques se manifestent de plus en plus et il existera toujours des risques.

Pour les pertes alimentaires des ménages, les instances gouvernementales doivent se montrer plus présentes pour aider les communautés.

La version originale de ce texte indiquait que « la majorité des polices d'assurance résidentielles ne couvrent pas les pertes alimentaires dues à un désastre naturel ».