De la chaleur et du bon monde autour de soi : voilà ce dont on ne peut pas se passer dans la vie, finalement.

Les clients d’Hydro-Québec et leurs familles qui étaient encore privés d’électricité lundi – ils étaient encore près de 15 000 dans cette situation en fin de soirée – se seraient bien passés de ce rappel de leurs besoins fondamentaux. Certains d’entre eux se montraient néanmoins pleins de reconnaissance.

Lundi après-midi, à la résidence privée Les Jardins Beaurepaire, à Beaconsfield – une banlieue cossue située dans l’ouest de l’île de Montréal –, les locataires âgés de l’endroit avaient bien sûr très hâte que l’électricité revienne, mais ils se félicitaient d’être si bien entourés.

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Fiona Griffiths, infirmière à la retraite et campeuse d’expérience, avait chez elle tout le matériel nécessaire pour survivre à une longue panne d’électricité.

Tout le monde n’avait que de bons mots pour Fiona Griffiths. Infirmière à la retraite et campeuse d’expérience, Mme Griffiths avait chez elle tout le matériel nécessaire pour survivre à une longue, longue panne d’électricité et pour en faire profiter tous ces voisins. Un petit cappuccino, quelqu’un ?

« Toujours être prête à toute éventualité, c’est la devise de la bonne campeuse ! », de lancer Mme Griffiths.

Il faut dire que Beaconsfield s’est certes encore réveillé avec un drôle d’air, lundi.

Plongée dans l’obscurité, la résidence des Jardins Beaurepaire a même eu un petit air de film d’horreur lorsque le propriétaire Omar Rifai – commodément émondeur de métier et scie à chaîne à la main – a fait une brève apparition dans le salon où se réunissent depuis mercredi les résidants pour profiter de la chaleur du foyer au gaz.

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Robert Couture n’avait toujours pas d’électricité lundi.

« On se réunit pour manger, les enfants des locataires nous amènent plein de plats, ça sent le bon café. Pour la vie sociale, cette panne, c’est formidable ! », lance Robert Couture, qui disait lundi avoir tout de même bien hâte de pouvoir prendre une douche chaude.

« Vive Fiona ! Et vive notre propriétaire, qui est lui aussi absolument formidable ! », a lancé Anne-Marie Kubanek, une nouvelle résidante.

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Omar Rifai, propriétaire de la résidence des Jardins Beaurepaire, nettoyait toujours lundi les dégâts laissés par les intempéries sur son toit.

Le propriétaire, M. Rifai, se trouvait sur tous les fronts – et sur le toit – pour nettoyer les dégâts encore visibles laissés par la pluie verglaçante de mercredi. Et cela, alors que chez lui, au bord du fleuve, les deux pompes devaient être surveillées à toute heure du jour et de la nuit pour éviter que l’eau monte dans le sous-sol.

Pendant que son père s’occupait de sa résidence pour personnes âgées, Kelley Rifai montait la garde à la résidence familiale.

Ce qui lui manquait le plus, comme à toutes les personnes rencontrées ? L’ordinateur ? La télévision ? « Non ! La chaleur ! », a répondu Kelley Rifai.

Des centaines d’employés toujours mobilisés

Car paradoxalement, s’il faisait grand beau à Montréal – jusqu’à 17 degrés – et que le soleil se faisait vraiment printanier, dans les maisons, c’était froid et humide.

C’est donc en manteau, dans son salon, que Susan Johnston nous a rappelé qu’elle n’avait plus d’électricité « depuis mercredi à 13 h 34 ».

« On est vraiment parmi les derniers à ne toujours pas avoir d’électricité », se désolait-elle en après-midi, tout en rêvant elle aussi à une bonne douche chaude.

Les employés d’Hydro-Québec se trouvaient à tout le moins dans sa rue. William de Carufel se tapait encore une journée de 16 heures de travail. Habituellement affecté au réseau électrique souterrain du centre-ville de Montréal, il se montrait ravi d’être sur le terrain. « Je suis content de bouger. Le télétravail, les tâches derrière l’ordinateur, ça m’avait un peu trop coupé les jambes. »

Encore lundi, 1600 employés d’Hydro-Québec étaient à pied d’œuvre sur le terrain.

Bon nombre des personnes interviewées avaient l’impression d’être les dernières à être toujours dans le noir, regardant parfois avec envie le voisin d’à côté qui, lui, n’avait plus froid.

En fin de soirée, Hydro-Québec calculait que 9773 foyers de Montréal, 2182 clients de l’Outaouais et 1528 autres de la Montérégie (les trois régions les plus touchées) étaient toujours privés de courant.

Au total, près de 1,1 million de clients d’Hydro-Québec ont été touchés par une panne depuis mercredi.

Consultez l’état du réseau d’Hydro-Québec en temps réel

Retour en classe

Après un congé pascal ensoleillé (et sans électricité pour certains), c’est le retour en classe pour la plupart des petits Québécois, mardi. À Montréal, la plupart des écoles seront ouvertes, mais certains établissements privés sont en congé jusqu’à mercredi. Si un établissement devait être privé de courant, les parents en seraient informés, a communiqué le centre de services scolaire de Montréal. De plus, les enfants devront apporter un lunch mardi, l’offre alimentaire dans les cafétérias étant réduite en début de semaine en raison des pertes de nourriture liées aux pannes de courant.

Léa Carrier, La Presse

En savoir plus
  • 100 millimètres
    Quantité de pluie verglaçante tombée lors de la crise de 1998
    Source : Statistique Canada
    20 à 30 millimètres
    Quantité de pluie verglaçante tombée mercredi
    Source : Environnement Canada