(Québec) Air Canada a « démontré qu’il n’est pas intéressé au transport aérien régional », affirme Pierre Fitzgibbon. Le ministre de l’Économie et de l’Énergie plaide pour trouver une solution de réchange au service du transporteur, comme aider financièrement d’autres compagnies aériennes.

Le ministre Pierre Fitzgibbon réagissait à la sortie de l’Aluminerie Alouette, qui se dit « irritée » et « limitée » par le service d’Air Canada à Sept-Îles. La Presse a rapporté mardi que le peu de fiabilité du service du transporteur aérien fait maintenant obstacle au « bon déroulement des opérations » de la plus importante aluminerie des Amériques et à la « mise en œuvre » de ses projets de développement.

« Air Canada n’a pas bien desservi ce coin-là, je pense que c’est clair », a souligné le ministre à son arrivée à la période des questions, mardi.

La haute direction d’Aluminerie Alouette, qui emploie quelque 900 personnes à Sept-Îles, a écrit une lettre à Air Canada pour lui faire part de son insatisfaction. On cite la « limitation de l’offre », comme la fin de la liaison Sept-Îles–Québec, les horaires « inflexibles et peu adaptés à la réalité des entreprises » et la « récurrence des retards, reports et annulations de vols sans préavis ».

À ce jour, la missive de l’aluminerie est toujours demeurée sans réponse.

« Air Canada, c’est clair, a démontré qu’il n’était pas intéressé au transport aérien régional. Il faut trouver une alternative », a lancé le ministre Fitzgibbon.

« Peut-être qu’il y a des transporteurs qui veulent offrir des services additionnels qu’on pourrait aider financièrement. Il faut se servir des compagnies existantes », a évoqué le ministre, sans aller plus loin.

Dans le dernier budget Girard, Québec a réservé 10 millions pour prolonger l’aide d’urgence aux transporteurs aériens régionaux.

Selon le ministre Fitzgibbon, les obstacles rencontrés par Alouette mettent « en lumière le fait qu’on doive s’occuper du transport aérien régional ». Il rappelle en ce sens les travaux menés par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et l’adjoint gouvernemental responsable du transport aérien et député de René-Lévesque, sur la Côte-Nord, Yves Montigny.

Créé en février, le nouveau Comité permanent sur le transport aérien régional, dont Air Canada est membre, doit diffuser ses premières recommandations le 1er avril 2024. Cette table est d’ailleurs « le meilleur endroit » pour questionner Air Canada sur la fiabilité de sa desserte, a souligné de son côté la ministre responsable de la Côte-Nord, Kateri Champagne Jourdain.

« Il faut qu’il y ait des améliorations au niveau de la desserte, c’est certain », a assuré la ministre, qui habite à Sept-Îles.

Je voyage toutes les semaines, il y a certainement des solutions à trouver pour améliorer la desserte.

Kateri Champagne Jourdain, ministre responsable de la Côte-Nord

La Presse a rapporté à la fin du mois de mars que malgré le lancement en grande pompe des billets subventionnés à 500 $ par le gouvernement Legault l’an dernier, le service aérien est pire que jamais en région. Québec n’a d’ailleurs aucun « portrait juste » de la fiabilité de la desserte régionale.

Des données compilées par la firme de données aériennes Cirium à la demande de La Presse ont révélé, au 30 mars, qu’Air Canada avait annulé près de 19 % de ses vols depuis le début de l’année à l’aéroport de Sept-Îles. Et environ 4 vols sur 10 n’ont pas décollé à l’heure prévue à Sept-Îles.

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