TES Canada devra construire l’équivalent de 35 kilomètres de ligne de transport pour que le parc de 140 éoliennes qu’elle envisage en Mauricie puisse alimenter son complexe d’hydrogène vert et de gaz synthétique à Shawinigan.

Étant donné que le Projet Mauricie, estimé à 4 milliards, est assujetti à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), le promoteur a récemment déposé son avis de projet auprès du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Préparé par la firme d’ingénierie AtkinsRéalis – anciennement SNC-Lavalin –, le document de 44 pages brosse le portrait des éléments techniques présentés en novembre dernier par TES Canada. Ce rapport précise également certaines des intentions de l’entreprise.

« Deux lignes de tension de 230 kilovolts ou 315 kilovolts d’une longueur cumulée d’environ 25 à 35 km seront construites pour raccorder le parc éolien au site de l’usine, peut-on lire. Deux postes de transformation […] sont également prévus pour répondre aux besoins du projet. »

Cet élément s’ajoutera donc à la facture visuelle du parc éolien de 800 mégawatts (MW) qui doit être combiné à un parc solaire de 200 MW. Les éoliennes doivent cependant être raccordées entre elles par un réseau collecteur souterrain. TES Canada a aussi obtenu, auprès d’Hydro-Québec, un bloc de 150 MW, soit environ 30 fois la puissance du Centre Bell.

« On ne dit pas combien [d’ententes ont été signées], mais on en a plus que ce dont on a besoin pour les éoliennes, a expliqué le président et chef de la direction de TES Canada, Éric Gauthier, dans une entrevue récente à La Presse. L’emplacement de chaque éolienne n’a pas encore été déterminé. »

Le promoteur souhaite produire à Shawinigan 70 000 tonnes d’hydrogène vert, dont les deux tiers seraient injectés sous forme de gaz synthétique dans le réseau d’Énergir pour alimenter l’industrie lourde, comme des alumineries et des aciéries. Le reste (30 000 tonnes) serait destiné à faire rouler 2000 camions lourds sur les routes du Québec.

TES Canada souhaite aussi réinjecter ses surplus énergétiques dans le réseau d’Hydro-Québec – ce qui constitue une brèche dans le monopole de la société d’État, d’après des groupes environnementaux.

Terrain plus grand

On apprend, dans le document, que TES Canada a finalement ciblé 13 municipalités qui pourraient accueillir ses éoliennes. C’est une de plus par rapport à ce qui avait été indiqué précédemment. Grandes-Piles s’ajoute à la liste. Dans une déclaration, la société précise qu’il s’agit d’un « effort pour minimiser l’impact sur les terres agricoles puisque le secteur visé » de Grandes-Piles « est zoné agroforestier et industriel ».

Le document aborde les aspects économiques, environnementaux et sociaux du Projet Mauricie. Le promoteur met surtout l’accent sur les avantages et les retombées pour la région.

« En plus des retombées associées aux redevances versées aux propriétaires recevant une éolienne, aux municipalités et à certains [résidants] considérés comme voisins, le Projet Mauricie permettra la création de plus de 200 emplois permanents pour assurer l’opération et la maintenance des installations », est-il écrit.

Dans l’ensemble, la zone d’étude du projet s’étend sur plus de 1300 kilomètres carrés. Les milieux humides occupent environ 10 % de la superficie, d’après l’avis de projet.

Shawinigan doit accueillir la portion industrielle du chantier, soit l’électrolyseur. Deux sites ont été identifiés par TES Canada. Le premier, de 83 hectares, est situé en bordure de la route 155, à l’angle de l’avenue Saint-Georges. Le deuxième s’étend sur 170 hectares et longe une partie de l’autoroute 50 et de la route 153.

Le projet de TES Canada soulève plusieurs questions. Plus tôt ce mois-ci, une étude considérait que le dossier était une aberration sur le plan énergétique et un non-sens économique. Rédigé par les chercheurs Johanne Whitmore et Paul Martin, ingénieur chimiste et cofondateur de Hydrogen Science Coalition, le document brosse un portrait du dossier à partir des informations rendues disponibles par ses promoteurs. TES Canada rétorque que les auteurs tirent des conclusions en se basant sur un portrait incomplet.

Lisez « Le projet de TES Canada durement critiqué »

L’hydrogène vert, c’est quoi ?

À l’heure actuelle, 95 % de l’hydrogène dans le monde est produit à partir d’énergie fossile. L’hydrogène peut être produit par l’électrolyse de l’eau. Ce procédé consiste à faire passer un courant électrique dans l’eau.

En savoir plus
  • 2026
    Année où TES Canada croit pouvoir commencer la construction du projet
    source : TES CANADA