À l’instar d’une année 2021 très chargée, l’année 2022 déborde d’histoires liées à l’alimentation. Le secteur alimentaire a fait la une à de nombreuses reprises au cours des 12 derniers mois. Cet automne, faire une rétrospective de l’année représentait un beau défi intéressant. Cette année encore, notre Laboratoire en sciences analytiques de l’Université Dalhousie vous présente une rétrospective des 10 principales nouvelles ayant influencé le secteur alimentaire pendant l’année.

10. Grippe aviaire

Au-delà de 260 fermes ont été touchées par la grippe aviaire et plus de 4 millions d’oiseaux ont dû être abattus en raison des éclosions survenues cette année. Alors que la dinde et le poulet s’en sortent, la reprise de l’industrie du canard demeure incertaine. La grippe aviaire, probablement l’une des histoires alimentaires qui aurait dû attirer plus d’attention, a vraisemblablement rendu la volaille, la viande et les œufs plus chers à l’épicerie.

9. Cyberattaques

L’année 2022 nous a rappelé que le cyberterrorisme constitue une menace réelle pour nos approvisionnements alimentaires. Sobeys et Maple Leaf Foods ont subi une cyberattaque cette année. JBS Canada a payé l’an dernier une rançon d’une valeur de 11 millions de dollars. Personne ne sait si Sobeys ou Maple Leaf Foods ont aussi payé une rançon, mais nous nous attendons à plus de piratage à l’avenir. Espérons que l’industrie alimentaire sera prête.

8. Pénurie de préparations pour nourrissons

Peu de gens savaient que le Canada ne produit pas son propre lait maternisé liquide ou en poudre. Toute la production de l’usine Canada Royal Milk située à Kingston, en Ontario, est envoyée en Chine. Difficile à croire. Partout au pays, les parents ont du mal à trouver des préparations pour nourrissons depuis le début du mois de mai 2022. Encore une fois, un autre évènement montrant à quel point nous pouvons rapidement devenir vulnérables en tant que pays lorsqu’une seule usine américaine cesse ses opérations.

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Du poulet produit en laboratoire par l’entreprise Eat Just

7. Approbation par la FDA du poulet cultivé en laboratoire

La viande cultivée, souvent appelée la viande de laboratoire, se retrouvera sur nos étals très bientôt. La FDA américaine vient d’approuver le poulet de culture aux États-Unis. Une fois que l’USDA l’aura approuvée à son tour, cette viande de culture sera commercialisée aux États-Unis. En ce qui concerne l’environnement, le bien-être animal, les épizooties et les pandémies, cette technologie peut changer la donne à l’avenir. Le Canada pourrait être le prochain pays à approuver ce produit. Mais si vous voulez que ces produits portent un étiquetage adéquat, ne retenez pas votre souffle.

6. Rappel de laitue

La Californie s’assèche, ce qui représente de plus en plus un problème pour le Canada. À l’automne, le prix de la laitue a bondi en un rien de temps, et encore fallait-il en trouver. La situation se rétablit tranquillement avec des laitues qui proviennent d’ailleurs. La pénurie de laitue au Canada cette année représente un autre exemple de la façon dont les changements climatiques forcent désormais le commerce alimentaire international à se redéfinir.

5. Chaos des engrais

Le gouvernement Trudeau veut une réduction de 30 % des émissions d’ici 2030, ce qui n’inclut pas nécessairement les engrais, mais les producteurs affirment que la réduction des émissions d’oxyde nitreux ne peut être obtenue sans réduire l’utilisation des engrais. Cette politique a attiré l’attention pendant plusieurs cette année. Ottawa veut une réduction absolue des émissions, peu importe la productivité ou l’efficacité de l’utilisation des engrais. Pour de nombreuses cultures, la capacité de nos agriculteurs à cultiver n’importe quoi sera gravement compromise, à moins qu’ils n’utilisent plus de terres. Voilà un autre exemple de la façon dont la politique urbano-centrique oriente les politiques agroalimentaires de nos jours.

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Santé Canada annonce la création d'une nouvelle étiquette nutritionnelle qui sera apposée sur les produits riches en sucre, en sodium et en gras saturés.

4. Nouvelle règle d’étiquetage d’Ottawa sur le devant de l’emballage

Santé Canada a annoncé en juin qu’elle irait de l’avant avec une politique qui exige des symboles nutritionnels sur le devant de l’emballage des aliments riches en gras saturés, en sucre et en sodium. Ce concept fournira des étiquettes claires et faciles à lire. Les fabricants ont jusqu’au 1er janvier 2026 pour modifier leur étiquetage et se conformer à la nouvelle exigence. Cette nouvelle réglementation a fait naître l’expression désormais bien connue « N’étiquetez pas mon bœuf » depuis qu’Ottawa avait l’intention d’étiqueter les produits à ingrédient unique comme la viande hachée, devenant potentiellement le premier pays au monde à le faire. Ottawa a changé d’avis à la dernière minute. Cette nouvelle norme incitera les fabricants à produire des aliments plus sains car elle crée des conditions de concurrence équitables pour toutes les entreprises. Bonne décision d’Ottawa.

3. Blocus

Chrystia Freeland avait raison. Les blocus ont eu des répercussions sur la réputation du Canada aux États-Unis et ont peut-être donné aux Américains une autre excuse pour soutenir leurs politiques America First. Plusieurs blocus à travers le pays ont interrompu le commerce entre le Canada et les États-Unis. Le pont Ambassador, le passage terrestre international le plus achalandé entre les États-Unis et le Canada, a été fermé du 7 au 13 février. Entre 8 et 12 milliards de dollars de produits agroalimentaires traversent le pont Ambassador dans les deux sens chaque année. Le Canada n’a vraiment pas bien paru.

2. L’inflation alimentaire et la quête de coupables

L’inflation devient une préoccupation majeure pour tout le monde cette année. Le fait que le Canada a le deuxième taux d’inflation alimentaire le plus bas au sein du G7 n’a aucune importance. D’une enquête parlementaire à l’étude de notre Bureau de la concurrence sur les profits des épiciers, de nombreux Canadiens accusent l’industrie de l’épicerie, essayant de trouver un bouc émissaire pour les problèmes d’abordabilité des aliments. L’industrie a ressenti la pression des campagnes de « cupidité » cette année. Cela a même incité Loblaw à mettre en œuvre la plus grande politique de gel des prix au monde pour un épicier jusqu’à la fin de janvier 2023. Même s’il est important que les décideurs et les régulateurs comprennent ce qui se passe, il n’y a aucune preuve d’abus dans le commerce de détail alimentaire. Mais les doutes persistent.

1. Ukraine

Comment l’Ukraine ne peut-elle pas occuper la première place et constituer la plus grande nouvelle de l’année ? Lorsque le pays a été cruellement envahi par la Russie le 24 février, de nombreux Canadiens ne réalisaient pas à quel point cette région du monde jouait un rôle si essentiel au sein du secteur agroalimentaire mondial. Avec sa production agricole, l’Ukraine peut nourrir 400 millions de personnes chaque année. C’est plus que la population américaine. Les exportations russes, frappées par les sanctions, sont également critiques. Quelques mois après l’invasion, de nombreuses denrées atteignaient des prix record. En juin, les transformateurs ont dû payer davantage pour les intrants, ce qui a finalement affecté l’inflation alimentaire à travers le globe. L’accès aux engrais a également été compromis. Espérons que 2023 apportera une fin pacifique aux horreurs subies par le peuple ukrainien.

Bref, l’année 2022 a été pour le moins captivante. Mais elle a aussi apporté son lot d’inquiétude. Nous devrions espérer que l’année 2023 apportera plus de paix et de santé au monde, y compris aux Ukrainiens.