Estimant que les automobilistes ne respectent pas suffisamment les panneaux d’arrêt dans ses rues, Saint-Colomban a décidé de tout simplement en éliminer 17, dont 2 devant une école primaire. De nombreux résidants s’indignent de voir la municipalité des Laurentides aller à contre-courant des tendances en sécurité routière, au moment même où le nombre de piétons tués sur les routes du Québec est en forte hausse.

« Je vis là depuis 14 ans et le trafic ne fait qu’augmenter avec la population grandissante. Il est illogique de retirer des arrêts », dénonce Geneviève Roy, une mère de famille du secteur de la montée Filion qui, avec une autre mère, a lancé une pétition pour s’opposer au projet annoncé par le conseil municipal le 11 juillet. Elle fait notamment valoir le fait que les enfants sont nombreux dans les environs.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Marc Papillon, résidant de Saint-Colomban

« La limite de vitesse est de 30 km/h dans les rues résidentielles, mais les gens roulent beaucoup plus vite que ça », dénonce aussi Marc Papillon, un retraité qui habite dans un tout autre quartier de la municipalité située près de Mirabel et qui compte un peu plus de 18 000 personnes, selon le Registre des municipalités.

« En plus, certains de ces arrêts sont à des endroits où les enfants prennent l’autobus scolaire. »

Des panneaux d’arrêt seront retirés dans tous les secteurs de la municipalité, près du centre du village, dans le Domaine-Fortier et dans le Domaine des Sources, notamment.

Deux des panneaux se trouvent à l’emplacement d’un passage pour piétons, devant l’école de la Volière, sur le chemin de la Rivière-du-Nord.

Sur la montée Filion, quatre panneaux d’arrêt disparaîtront. Deux d’entre eux servaient notamment à protéger une traverse piétonne peinte au sol. Le panneau indiquant la présence de la traverse est situé sur le même poteau que l’arrêt qui sera retiré.

Rue du Coteau, le panneau d’arrêt qui sera retiré est quant à lui situé tout juste à côté d’une limite de vitesse à 30 km/h qui souligne en jaune criard : « Attention à nos enfants ».

« Trop de stops »

Le maire de Saint-Colomban, Xavier-Antoine Lalande, explique que l’une des raisons expliquant la décision du conseil municipal, c’est que les automobilistes ne respectent pas les arrêts obligatoires, alors aussi bien les enlever.

« Quand il y a trop de stops, les gens finissent par ne plus les respecter », dit-il.

Ainsi, selon lui, les panneaux d’arrêt ne doivent pas être utilisés comme des outils de ralentissement, mais plutôt pour gérer le débit des véhicules, afin d’assurer la fluidité de la circulation.

Quand il y a plusieurs arrêts à faire sur un tronçon de rue, les automobilistes font du “stop and go” et ils accélèrent entre les deux. Alors quand on enlève les stops, ça régularise la vitesse.

Xavier-Antoine Lalande, maire de Saint-Colomban

La municipalité s’est dotée de radars pour vérifier la vitesse des véhicules et les données fournies par ces appareils montrent que les citoyens qui se plaignent des excès de vitesse ont une mauvaise perception de la situation, indique M. Lalande.

Il affirme également que certains arrêts contreviennent au Code de la sécurité routière parce qu’ils ne se trouvent pas à des intersections, comme ceux devant l’école de la Volière. De plus, dans le secteur de la montée Filion, la municipalité ajoutera un trottoir et une piste multifonctionnelle pour les autres usagers de la route.

Les opposants s’organisent

« On sait que ce qu’on fait est à contre-courant », admet le maire de Saint-Colomban, ajoutant que le conseil municipal est très à l’écoute de la population et qu’il pourrait décider de revenir sur sa décision.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) indique effectivement, dans une page de son site web consacrée à la signalisation dans les municipalités, que le panneau de signalisation « Arrêt » « indique l’obligation d’arrêter à une intersection. Il ne doit pas être utilisé à la seule fin de faire ralentir la circulation. »

On mentionne aussi que, selon des études, le niveau de circulation à une intersection doit justifier la présence d’un arrêt, sans quoi les usagers ont tendance à le trouver inutile et à moins le respecter.

Les opposants, en tout cas, promettent de se faire entendre lors de la prochaine rencontre du conseil, en août. « Nous allons accumuler des signatures pour appuyer notre désaccord », promet Geneviève Roy.

Selon les dernières données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), diffusées il y a quelques semaines, 79 piétons sont morts happés par des véhicules au Québec en 2022, une augmentation de 24 décès par rapport à 2021 et de 22,7 % par rapport à la moyenne des décès dans cette catégorie de 2017 à 2021, qui est de 64.