Il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux, j’ai demandé aux lecteurs de me raconter comment ils avaient vécu l’année qui s’achève. Voici, comme des cartes postales, quelques tranches de vie reçues.

JEAN DUPONT m’a parlé de son 30 septembre, tout simplement : le jour, il a acheté un tableau qui le faisait triper ET il a appris qu’une de ses deux filles pouvait enfin venir habiter l’appartement en haut de chez lui. « Le soir, on avait réservé au resto. Les filles m’attendent. Nous sommes tous les trois sur un nuage. Mais elles ne savent pas pour la peinture. Je suis sur un high. J’ai juste hâte de leur annoncer. On fête la nouvelle de l’appartement. Je leur annonce que j’ai acheté la peinture. On est tous les trois heureux. Une journée parfaite. »

MARIE : « L’évènement de 2022 ? Mon chum qui a retrouvé la santé après son opération et son goût de vivre ! Mon moment d’émotion : on a accueilli des Ukrainiens à leur arrivée au pays. Et encore plus perso : j’ai eu 60 ans… »

AKIM GAGNON : « Pour moi, 2022, c’est l’année où on a cancellé l’intimidation à Occupation double… Mais où on a accepté celle présente tout au long de la campagne électorale. »

MÉLANIE CARON : « J’ai perdu ma maman en 15 jours du cancer, à l’hôpital, au CHUM, service VIP. En regardant la vue du 18e étage au CHUM, elle a dit : “Le bonheur, c’est pas grand-chose, mais c’est important.” C’est ça qui a marqué mon année. »

LAURENCE THÉBERGE :

« La dernière année comme un manège.
UNE GROSSE RIDE. Les hauts, les bas. Les cheveux dans le vent, le chandail qui te remonte dans la face. Rien voir et avoir le souffle coupé en même temps. Avoir la chienne. Le cœur qui skip 3-4 beats, puis une centaine. Au bord des lèvres, un mal de cœur, des fois. Quelques cris, 2-3 frousses de plus. Les pattes dans le vide, le vertige, souvent. Et l’envie de débarquer beeeeeennn avant la fin. Une grosse ride, pas un tour de carrousel relax. Pas une descente en pitoune qui te donne envie de recommencer. Non. Les derniers mois comme un manège, oui. Avec un smoothie dans les mains. Ben plein. Un savoureux smoothie d’émotions mélangées. Il te garde on the edge pis faudrait pas le renverser en plus. »

ANITA ROWAN : « On n’est pas à l’abri de rencontres significatives. Mon fils Ludovic, presque 3 ans, s’est lié d’amitié avec M. Pierre et Mme Suzanne, un couple sans enfants dans la soixante-dizaine avancée. Lui est policier à la retraite et a un beau pick-up qui a attiré l’œil de Ludo lors de notre marche quotidienne maison-CPE/CPE-maison. De fil en aiguille, on s’est mis à jaser sur le trottoir plusieurs fois par semaine. Chaque fois, Ludovic leur saute dans les bras et c’est le festival de câlins. Vendredi dernier, après la tempête, M. Pierre était couché dans la neige avec mon fils (!!!). Je leur apporte des biscuits et des muffins. Ils ont toujours plein de petites attentions pour les enfants. »

CATHERINE SAULNIER : « Ce qui m’a marquée positivement durant la dernière année, c’est le concept de la toute-puissance qui est mise à nue plus qu’avant. On la montre, la décortique, l’explique, la remet en question et c’est excellent pour l’empowerment des citoyens. Je pense à Poutine, Trump, la dynamique derrière la violence, les abus sexuels, la santé mentale… On s’outille mieux pour naviguer dans le monde social et émotionnel de cette façon. »

GUY DUROCHER : « Tout le monde semble avoir la mèche courte, zéro patience, insultes, zéro courtoisie et on dirait que les gens cherchent (et veulent) la confrontation. Dépanneurs, épiceries, stationnements, car wash, hôpitaux, tout, tout, tout. Ça en est décourageant. On n’ose même pas dire aux gens : Hey, come on, un peu de civisme, svp… »

MÉLISSA DUFRESNE : « Une année où les gens ne vont pas bien. Émotivement, psychologiquement, financièrement, amoureusement. Il y a une noirceur, une individualité, un affaissement de l’espoir, de la confiance et du respect. Ce n’est pas rassurant pour l’avenir. »

ANTOINE DESJARDINS : « Pour moi, 2022 a été l’année… du petit Jack. Mon fils ! Né en janvier 2022, en pleine vague Omicron qui déferlait dans nos hôpitaux. Onze mois, deux COVID-19, trois rhumes et quatre otites plus tard, les hôpitaux ne vont pas mieux, mais je ne regrette rien de ma première année comme père dans un monde en train de devenir aussi inconnu pour moi qu’il l’est pour lui. On va avancer là-dedans ensemble. »

LYSON CHAGNON : « Cette année, j’ai fait le deuil de moi-même. À travers toutes les catastrophes humanitaires et environnementales, ce qui m’a le plus touchée, c’est mon propre vieillissement. J’ai 77 ans, mais jusqu’à il n’y a pas si longtemps, je n’avais pas d’âge. Puis, mon corps s’est mis à vieillir plus rapidement que mon esprit… Et un bon jour, la catastrophe : je me suis sentie vieille, presque proche de la fin. Ouf, c’est tout un choc de me rendre compte que ça m’arrive à moi aussi. »

STÉPHANE LAJOIE : « Ce fut une année de transition incroyable. En mai, j’annonçais à ma femme que j’étais gay, et ce, après 30 ans de mariage. Elle fut extraordinaire avec moi ainsi que mes enfants. L’année 2022 aura marqué le début d’une nouvelle vie pour moi, sans pour autant renier la belle vie que j’ai eue avec cette femme de cœur, avec qui nous aurons eu trois merveilleux enfants et deux petits-fils. »

VARDA ETIENNE : « Mon plus beau moment de l’année est d’avoir eu 50 ans. Je vis la plus belle période de ma vie : heureuse, accomplie, bien dans ma peau, assumée. Je me cal*** de l’opinion des autres, pas grand-chose qui me dérange, je ne me casse plus la tête avec des futilités. OK… Ma peau est moins ferme, je porte une gaine sous ma robe moulante, je sue ma vie à cause de la ménopause, j’ai du botox pis “toute”, mais je l’assume complètement ! Mes enfants vont bien et réussissent sur le plan académique, sont polis, respectueux et reconnaissants. Je travaille et ne dépends pas d’un homme. J’ai des amis formidables, mes parents sont en santé. Que pourrais-je demander de plus ? »

JOSIANE CABANA : « En 2022, j’ai pris conscience de l’ampleur des effets de nos deux années de COVID. À quel point je suis marquée d’être coupée de collègues et de vie de bureau, à quel point j’ai eu un FOMO – la peur de manquer quelque chose – estival comme jamais je n’en avais eu dans ma vie et combien j’avais besoin de ne pas être chez moi, comme si d’avoir tout mis sur le hold avait décuplé mon envie de vivre pleinement. Il a fallu réapprendre à vivre en société dans le métro, à l’épicerie, en marchant sur le trottoir, dans nos fêtes d’amies. J’ai eu le sentiment qu’à chaque journée de 2022, je vivais avec une nouvelle peur que je n’avais pas, celle de tomber malade, très malade. Et cette peur finit par nous user prématurément, je trouve. »

DUC C. NGUYÊN : « Apprivoiser la foule de nouveau, tranquillement. »

MARIE-JULIE GAGNON : « Des retrouvailles. Pouvoir revoir les miens, disséminés un peu partout sur la planète. »

JACQUES DAVIDTS : « – Finalement, le vert sauge n’était pas si tendance que ça, en 2022.

— Le vert sauge, Jacques ?

— Noovo annonçait le 6 janvier 2022 que le vert sauge serait à la mode cette année1. »

(Jacques est un facétieux monsieur, qu’importe l’année.)

SYLVIE PICHÉ : « Pour moi, 2022 fut l’année où près de 28 années d’efforts ont été récompensées : ma belle grande fille Virginie, autiste (Asperger), vit maintenant en appartement et a un boulot. #lavieestbelle ! »

LOUIS-CHARLES LAJOIE : « Pour ma part, 2022 a été l'année d’un constat. Celui de devoir réapprendre. Réapprentissage de la socialisation, de la motivation, d’être présent aux activités de bureau. Bref, réapprendre à faire ce que nous avions appris pendant toutes ces années prépandémie. Mais encore faut-il en avoir envie. Il y avait un moi avant et, maintenant, le moi d’aujourd’hui. »

CATHERINE GRENIER : « Pour moi, 2022 a été l’année de la NOSTALGIE ! Je suis une fille qui a le bonheur facile. Par contre, l’année qui vient de passer a été différente des autres, car il est arrivé à plusieurs reprises que j’ai eu les larmes aux yeux juste à l’idée de penser au temps qui passe. À l’époque où j’étais toute petite et où le temps semblait plus doux et plus près de mes valeurs actuelles. L’avenir me fait peur et les années 1980-1990 me manquent… loin de la technologie ! Pour te dire : j’ai écouté le spécial 20 ans de Josée di Stasio et j’ai pleuré comme un bébé, car je trouvais que cette époque était vraiment plus au diapason avec qui je suis… »

MICHÈLE OUELLET : « Ç’a été l’année de l’Amour avec un grand A !! J’ai rencontré l’homme de ma vie. Je ne pensais pas que c’était possible d’aimer autant et de se sentir autant aimé. Ça existe pour vrai. »

G. : « Ce fut l’année du changement de carrière. L’année du deuil d’une vie professionnelle qui me passionnait. J’ai quitté la restauration, après 20 ans, pour me joindre à la fonction publique fédérale. Ça me manque : la grande danse du service du lunch, rapide, chaotique, mais vivifiante. Ça me manque aussi, la grande mise en scène du service du soir. Les accolades, le small talk avec les réguliers. Ça me manque tellement. Même astiquer les ustensiles chauds me manque. Je ne dis pas que ce n’est pas le fun être fonctionnaire, mais… »

ANNE B.-G. : « Séparation, élections décevantes… Fun, fun. »

TANYA JADE-BOSSY : « Ce qui m’a émue, c’est d’avoir vu mon papa si fragile et si vulnérable alors que je l’avais connu si grand et si fort. Ce qui m’a fâchée et à la fois fait pleurer, c’est de l’avoir perdu à 65 ans en 2022. Tous les jours, je pense à lui. »

MARC : « Avec la COVID-19 toujours présente, l’inflation, la récession possible qui s’annonce, la famine et les guerres dans le monde, 2022 aura été pour moi une année durant laquelle j’ai appris à être reconnaissant. Je crois qu’il faut aussi savoir reconnaître ce que nous avons de bien pour nous, et surtout, ne rien tenir pour acquis. »

JESSYKA DUMOULONG : « Les enfants nous ramènent à l’essentiel, mon Maxence a eu deux ans cette année. Le voir s’émerveiller devant tout et rien à la fois, le voir être aussi énervé d’apercevoir un avion dans le ciel, des autobus et même des camions de poubelles ! Être à ses côtés pour lui apprendre à parler, à s’amuser, à s’habiller, à aimer : c’est merveilleux. Ça nous fait oublier tout le reste. Un rire de leur part, un câlin, un bisou, et pouf, on n’a d’yeux que pour eux… »

JULIETTE PAYER : « L’année où j’ai rencontré quelqu’un dans l’autobus et que ça a été fructueux cette fois ! »

Note du chroniqueur : j’avais failli faire une chronique sur la première fois où Juliette a rencontré quelqu’un dans l’autobus…

NADINE : « Ce qui m’a frappée et touchée le plus cette année est la souffrance de la jeunesse. À chaque jour comme pédiatre, je la côtoie depuis un an, et en 20 ans je n’ai jamais vu ça. Aussi forte, si présente, si envahissante, comme un gouffre siphonneur de jeunesse et de lumière. »

ALEX ROUSSEAU « C’est l’année où les gens ne réalisent pas encore les dommages que la pandémie leur a infligés. Recentrage sur soi-même. Perte d’optimisme. Relégation des connexions sociales qui constituent, scientifiquement, le facteur bien-être le plus important de nos vies. »

Note du chroniqueur : Alex a raison2.

ETIENNE G. s’est beaucoup entraîné, en 2022 : « C’est l’année où mes pecs ont dépassé ceux de ma blonde. »

1. Lisez un article de Noovo sur les couleurs tendance 2. Lisez un article à propos d’une étude de Harvard sur le bonheur (en anglais)