Le comédien français Laurent Lafitte prête sa voix à Jean-Jacques Sempé dans le film d’animation Le Petit Nicolas : qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, un film qui rend hommage aux deux créateurs du Petit Nicolas, Sempé et René Goscinny. Nous l’avons rencontré lors de son passage à Montréal pendant le festival Cinémania, en novembre dernier.

Dans ce film d’animation Le Petit Nicolas : qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, on découvre comment Sempé et Goscinny ont créé le Petit Nicolas dans les années 1950, mais aussi la relation d’amitié qui lie ces deux créateurs.

Le Petit Nicolas a bercé l’enfance du comédien Laurent Lafitte, il s’est imaginé comme lui, avec sa bande de copains. « Il y a quelque chose d’universel et d’intemporel dans ce personnage et dans cette œuvre qui a marqué des générations. Les auteurs ont réussi à toucher à l’enfance, ce qui rend le Petit Nicolas accessible à des gens très différents et ça continue à plaire aux enfants malgré leurs écrans ! Le Petit Nicolas et sa bande de copains font encore des bêtises, ils s’amusent avec un rien, avec des cailloux. Ils se disputent, ça ne s’est pas ringardisé », constate le comédien.

Ce film d’animation, qui a été présenté au Festival de Cannes, se penche sur le parcours des deux créateurs.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Laurent Lafitte

C’est réjouissant de voir sortir de leur imagination ce petit bonhomme qui va toucher des millions de gens. Et c’est d’autant plus touchant de voir qu’ils ont choisi de créer une enfance idéale pour le Petit Nicolas, car on découvre que Sempé et Goscinny n’ont pas eu une vie facile.

Laurent Lafitte

Jean-Jacques Sempé avait un beau-père alcoolique et violent tandis que René Goscinny a été marqué par l’exil en Argentine et la Shoah. « Ils ont imaginé l’enfance qu’ils auraient aimé avoir en créant ce petit garçon espiègle. Il y a une grande insouciance et une légèreté dans leur œuvre. Est-ce qu’on construit notre imaginaire artistique sur des blessures et des frustrations ? s’interroge Laurent Lafitte. Certainement. »

Un hommage

Sempé et Goscinny, c’est aussi une histoire d’amitié très forte, mais interrompue au cours des années. Les deux hommes se sont retrouvés avant la mort de Goscinny, en 1977. « On sent, dans le film, une certaine nostalgie du temps révolu, c’est émouvant », dit-il.

On sent aussi la complicité de Laurent Lafitte avec Alain Chabat qui prête sa voix à René Goscinny. « On a enregistré les voix ensemble en studio. Nous étions dans le sud de la France, c’était comme un dessin de Sempé en Provence, on a adoré ! »

Le film prend la tournure d’un hommage, car Jean-Jacques Sempé s’est éteint il y a quelques mois, le 11 août 2022, à 89 ans. « Je n’ai pas pu le rencontrer, car il était déjà très fatigué lorsqu’on a fait le film, mais il a eu le temps de le voir, et sa femme nous a dit qu’il avait été très ému. Ça a dû être bouleversant de voir sa propre vie racontée avec son trait, même si ce n’est pas lui qui signe les dessins, mais on retrouve toute la finesse et la poésie de Sempé dans les dessins du film, grâce au travail d’Amandine Fredon et de Benjamin Massoubre. »

Succès

Récemment, on a pu voir Laurent Lafitte dans le film Loin du périph sur Netflix, où il forme un duo choc de policiers avec Omar Sy, un film qui a eu un énorme succès sur la plateforme. « Il y a eu 75 millions de vues, c’est phénoménal. » On retrouvera bientôt l’acteur dans Wonderman, une nouvelle série de Netflix sur la vie de Bernard Tapie, cet homme d’affaires français flamboyant qui a été propriétaire d’Adidas, ministre, comédien, et qui a même fait de la prison. « Il a un parcours très singulier. Il est parti de rien, a eu du succès, de l’argent, des échecs, une vie romanesque », dit-il.

Au générique des films et des séries dans lesquels le comédien joue, il est toujours présenté comme « Laurent Lafitte de la Comédie-Française ». Pourquoi ? « C’est contractuel. Je suis salarié de la Comédie-Française [le théâtre national], et je dois demander un congé lorsque je tourne des films. Ça amuse pas mal de gens, ce titre, même mes amis se moquent de moi ! Ça fait un peu pompeux, mais en même temps, quand on voit sur l’affiche “Laurent Lafitte de la Comédie-Française”, ça donne de la visibilité et ça montre qu’on n’est pas un musée de théâtre, que c’est un lieu de vie contemporain et qu’on veut faire des choses accessibles et populaires ! »

Le film Le Petit Nicolas : qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? prendra l’affiche le 23 décembre.