Avec Margot Robbie et Brad Pitt, Diego Calva partage l’affiche de Babylon, une fresque délirante de Damien Chazelle (La La Land) campée dans le vieil Hollywood, au moment où l’arrivée du son dans les films s’apprête à tout bousculer sur son passage. En lice pour le Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie, il y incarne Manny Torres, un jeune homme d’origine cubaine tentant de faire sa place dans l’industrie du cinéma. Entrevue.

Les téléspectateurs de la série Narcos : Mexico vous connaissent déjà grâce au personnage du trafiquant de drogue Arturo Beltrán Leyva, que vous avez incarné dans six épisodes. Babylon vous donne l’occasion de tenir votre premier grand rôle au cinéma dans un film américain. Comment avez-vous été choisi ?

J’ai fait parvenir à la production un essai sur vidéo que j’ai réalisé moi-même et, l’ayant vu, Damien m’a ensuite fait parvenir le scénario. Je devais d’ailleurs m’envoler pour Los Angeles pour faire des essais en présentiel quand la pandémie est survenue. Comme je n’ai alors plus eu de nouvelles, j’ai pensé qu’un autre acteur avait été choisi. Pendant que j’étais confiné chez moi, j’ai relu le scénario uniquement pour le plaisir tellement je le trouvais bon, même si, à ce moment-là, je pensais que je n’aurais peut-être pas le rôle.

Les choses ont visiblement tourné en votre faveur, puisque vous avez finalement été convoqué pour faire des essais avec Margot Robbie et Damien Chazelle. On raconte qu’à votre arrivée, Damien a fait jouer la musique du Parrain parce qu’il vous avait suggéré de revoir la performance d’Al Pacino…

C’est vrai. J’étais déjà un grand fan d’Al Pacino auparavant, mais Damien voulait que je le revoie dans Le parrain pour évoquer la courbe dramatique du personnage, d’autant qu’il y a des similitudes avec l’époque. On a beaucoup travaillé là-dessus. Le regard, surtout…

Était-il possible d’imaginer à quoi ressemblerait Babylon à la simple lecture du scénario ? Pouvait-on déjà avoir une idée de son ampleur et de son caractère délirant ?

Absolument pas. L’ampleur de la production s’est davantage révélée au moment du tournage. La scène de la fête décadente au début a requis deux semaines de tournage à elle seule. Il nous a d’ailleurs fallu un moment pour nous adapter et faire comme si de rien n’était par rapport à tous ces gens nus qui nous entouraient !

Vous avez d’abord étudié en cinéma pour devenir réalisateur. Comment en êtes-vous venu au jeu ?

PHOTO SCOTT GARFIELD, FOURNIE PAR PARAMOUNT PICTURES

Margot Robbie et Diego Calva dans Babylon (Babylone), un film de Damien Chazelle

Un concours de circonstances, comme il en arrive très souvent. Je travaillais sur le court métrage d’un collègue étudiant à titre de technicien, mais l’un des acteurs ne s’est jamais présenté. On m’a alors demandé de le remplacer. Il se trouve qu’ensuite, mes camarades de classe m’ont souvent offert des rôles, et j’y ai pris goût. À partir du moment où j’ai commencé à jouer, j’ai vu une sorte de symbiose entre l’écriture, la réalisation et le jeu. J’ai toujours su que ma vie serait liée au cinéma d’une façon ou d’une autre. J’ai d’ailleurs pas mal tout fait, de la cantine à la construction de décors en passant par la technique. C’était comme mettre un pied dans la porte. Maintenant, on m’invite à la fête et j’ai bien l’intention d’y rester !

Avez-vous mis votre envie de réalisation de côté pour laisser toute la place à l’acteur ?

Pour l’instant, je me concentre sur ma carrière d’acteur et je me sens choyé d’avoir pu observer comment travaille un grand cinéaste comme Damien. C’était comme une leçon de cinéma privée. Mais je veux retourner au Mexique, car il est important pour moi de faire aussi des films là-bas.

Comment avez-vous été accueilli à Hollywood ?

Damien a réellement pris soin de moi. Il m’a ouvert sa maison, sa famille, a agi comme un véritable ami. Travailler avec lui a probablement été la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie. Brad [Pitt] et Margot [Robbie] furent aussi d’une aide précieuse. J’étais comme un voleur qui dérobait continuellement des choses de leur talent pour apprendre.

Quelle a été votre réaction la première fois que vous avez vu Babylon ?

Tous les gens de la production m’ont appelé pour me demander ce que j’en ai pensé après l’avoir vu la première fois, mais je n’ai pas pu répondre. J’ai gardé le silence pendant deux semaines tellement j’étais en état de choc. Et heureux. Ça m’a même semblé trop beau pour être vrai. J’ai regardé ce film comme si j’étais un enfant, sans même juger ma performance. C’est certain que dans ma vie, il y a un avant et un après Babylon. J’en garderai toujours un souvenir inoubliable.

Babylon (Babylone en version française) prendra l’affiche le 23 décembre.