Discrètement, la SEPAQ et Parcs Canada examinent à quel point la fumée de feux de camp peut être problématique dans les terrains de camping. Mais il n’est absolument pas question d’interdire ce qui est une véritable institution.

Il s’agit plutôt d’informer les personnes atteintes de maladies pulmonaires au sujet des sites ou des moments à éviter.

« Sachant que les feux de camp font partie des expériences incontournables du camping, nous nous penchons actuellement sur les impacts potentiels que pourraient avoir les fines particules contenues dans la fumée de ces feux de camp, indique une relationniste de Parcs Canada, Claudia Crépeault, dans un courriel à La Presse. Selon les résultats obtenus, nous réfléchirons à la meilleure façon de communiquer l’information aux visiteurs. »

Pour sa part, la SEPAQ est en « mode prévention et sensibilisation », affirme son porte-parole, Simon Boivin.

« Il n’est pas question d’interdire ou de restreindre les feux de camp dans ses campings ni de documenter les effets de la fumée sur la santé, précise-t-il. La SEPAQ cherche simplement à voir si elle peut mieux informer les visiteurs atteints de maladies pulmonaires ou cardiaques des moments ou des endroits où il pourrait y avoir plus de fumée dans l’air en raison des feux de camp, afin qu’ils puissent prendre une décision éclairée quant à leur visite et au choix de leur emplacement. »

En septembre 2022, Daniel Vézina est allé camper au parc du Mont-Tremblant avec ses trois enfants asthmatiques. La fumée des feux de camp dans le terrain de camping était tellement dense que les trois enfants ont été gravement incommodés et ont dû être médicamentés. M. Vézina a lui-même éprouvé des ennuis de santé à la suite du séjour. Depuis, il milite pour un meilleur contrôle des feux de camp.

Simon Boivin a indiqué que cet évènement avait amené la SEPAQ à analyser la situation en fonction des caractéristiques spécifiques des parcs, des conditions météorologiques et de l’achalandage. La société a mandaté une firme pour recueillir des données sur la qualité de l’air dans le parc du Mont-Tremblant au cours de l’été 2023.

« Les données n’ont pas été analysées et les protocoles de recherche doivent encore être raffinés, a expliqué M. Boivin. Le projet pilote devrait se poursuivre l’an prochain. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La SEPAQ recommande de limiter la taille et la durée des feux de camp.

En attendant, la SEPAQ incite les campeurs à faire des feux de camp « de façon responsable et respectueuse, de faible intensité et de courte durée, afin de minimiser leur empreinte ».

De son côté, Claudia Crépeault a assuré que Parcs Canada avait entendu les préoccupations soulevées par certains visiteurs au sujet de la fumée des feux de camp. « C’est pourquoi nous travaillons avec nos collègues des parcs provinciaux et territoriaux afin d’être informés des dernières avancées et des stratégies utilisées dans le milieu », a-t-elle indiqué dans son courriel.

Parcs Canada a demandé au Conseil canadien des parcs de sonder les provinces et les territoires à cet effet. Ce dernier leur a notamment demandé s’ils mesuraient le niveau de particules fines dans les terrains de camping et s’ils prenaient des mesures spéciales en cas de niveaux trop élevés.

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Pour plusieurs, le feu de camp est indissociable du camping. La SEPAQ et Parcs Canada l’ont compris. Ils ne préconisent donc pas une interdiction pure et simple.

Selon un document déniché par Daniel Vézina sur le site du Conseil canadien des parcs, seulement deux provinces et les Territoires du Nord-Ouest avaient répondu aux questions en juillet 2023.

Le Nouveau-Brunswick a fait savoir qu’il avait installé des unités de surveillance de la qualité de l’air dans quelques parcs, ce qui devrait lui permettre de voir s’il faut mettre en place des mesures d’atténuation. « L’utilisation de véhicules pourrait être une question plus pressante que la fumée des feux de camp », a indiqué la province.

De son côté, Alberta Parks a soutenu qu’à l’heure actuelle, elle ne notait pas de problème localisé de qualité de l’air dû à la fumée de feux de camp dans ses parcs.

« Dans le passé, le niveau de fumée dans les terrains de camping a été problématique dans certaines conditions (par exemple, lors d’une inversion de température ou de conditions de vents calmes), a écrit la société d’État. La situation s’est beaucoup améliorée lorsque Alberta Parks a mis en place des frais pour le bois de chauffage, ce qui a amené les campeurs à être plus judicieux dans leur utilisation. »

La réponse des autorités, et notamment de la SEPAQ, ne satisfait pas Daniel Vézina, qui a fondé une organisation, Familles Air Pur, pour faire avancer sa cause. La critique de Québec solidaire en matière d’environnement, Alejandra Zaga Mendez, a accepté de parrainer une pétition à l’Assemblée nationale.

« Nous demandons que les autorités nationales de santé publique analysent le risque de façon détaillée et émettent des recommandations appropriées pour atténuer le risque sur la santé des populations vulnérables, et plus particulièrement sur la santé des enfants », a déclaré M. Vézina à La Presse.

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Oups, mauvaise saison

Il y a quelqu’un qui ne peut pas attendre l’hiver.

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Le chiffre de la semaine

41,5 %

C’est la proportion des collisions auto-chevreuil de 2022 qui ont eu lieu pendant la saison des amours, soit les mois d’octobre, novembre et décembre.

Source : New York State Department of Motor Vehicles