Se balader dans les forêts et les bois, c’est bien. Revenir avec une petite récolte de plantes sauvages qu’on pourra faire mijoter tendrement, c’est encore mieux. Encore faut-il savoir quoi récolter, à quel moment, dans quelles conditions. Et avoir quelques recettes en réserve. Un gâteau à la farine de pin rouge, par exemple. Une croustade aux noisettes sauvages. Ou encore un pesto de liane terrestre.

C’est ce que propose Isabelle Simard dans un livre publié ces jours-ci chez Flammarion Québec, Les quatre saisons de la cueilleuse indigène. Le titre est révélateur : l’auteure présente ses trouvailles selon les périodes de récolte.

« C’est mon idée, raconte Isabelle Simard. Je trouvais que ça manquait dans les autres livres d’identification de plantes parce que celles-ci sont souvent présentées en ordre alphabétique ou pêle-mêle. Dans mon livre, elles sont présentées par saison, mais aussi selon l’ordre où elles poussent. Après cette plante-ci, celle-là vient, puis celle-là, jusqu’à la fin de la saison. »

Il s’agit donc d’un calendrier de cueillette, mais sans dates, puisque celles-ci varient selon la région.

Isabelle Simard est comptable de formation, mais elle a grandi dans une famille qui aimait la nature. Dès son plus jeune âge, elle a appris à faire de la cueillette avec ses grands-parents, ses parents, ses oncles et ses tantes. Elle a poursuivi son apprentissage en autodidacte, puis a suivi un cours d’herboristerie au Maryland.

« Je voulais en apprendre un peu plus au sujet des propriétés des plantes médicinales », explique-t-elle.

Au cours de ses sorties en forêt, elle a observé qu’en général, les gens connaissaient peu les plantes, mais qu’ils se montraient très intéressés à en savoir un peu plus.

J’ai décidé de faire une petite chronique sur Facebook une fois par semaine pour identifier les plantes qui nous entourent et expliquer comment je les utilise. Ça a créé un engouement extraordinaire, je suis rendue à 23 000 abonnés. J’ai eu beaucoup de demandes pour faire un livre, mais je ne suis pas une écrivaine, ce n’était pas dans mes objectifs de vie.

Isabelle Simard

Mais lorsque Flammarion l’a contactée et lui a offert de l’aider, elle a accepté.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans le processus de rédaction ? « C’était de me retenir parce qu’il y a tellement de belles choses à dire que j’aurais pu écrire un livre sur chaque plante ! »

Elle consacre quand même à chacune de longs textes dans lesquels elle décrit ses caractéristiques, les façons de la récolter, les utilisations possibles, tout en racontant quelques anecdotes ou souvenirs d’enfance. Elle a également pris les photos qui agrémentent l’ouvrage.

« J’ai pu mettre ma saveur dans les photos, avec mon œil à moi, comment je vois les plantes. »

La forêt dans l’assiette

PHOTO FOURNIE PAR ISABELLE SIMARD

Les forêts regorgent de plantes sauvages qui peuvent se retrouver dans nos assiettes.

Isabelle Simard a particulièrement aimé élaborer les recettes. « Ce sont des recettes que je faisais souvent à la volée, à l’œil. Je ne mesurais pas mes quantités, j’y allais avec mes trouvailles de cueillette. Là, j’ai aimé le fait de mettre en place des recettes qui vont rester, que je vais pouvoir transmettre à mes enfants plus tard, plutôt que de les avoir uniquement dans ma tête. »

Elle ne manque pas de faire des mises en garde ici et là. Certaines plantes, comme les têtes-de-violon, peuvent être toxiques si on ne les apprête pas correctement. Elle se préoccupe également au sujet d’une cueillette excessive. Certaines plantes doivent être récoltées avec « parcimonie et délicatesse ».

La chimaphile à ombelles est un bon exemple. Cette plante de sous-bois peut ajouter un parfum particulier à une tisane printanière.

« Comment la cueillir sans trop l’affecter ni l’appauvrir ? D’abord, on fait attention de ne surtout pas tirer sur la tige, car on arracherait ses racines, écrit l’auteure. Il vaut mieux avoir une paire de ciseaux avec soi, afin de prélever juste la partie supérieure du feuillage, et ce, d’un plant sur quatre seulement. En septembre, il serait sage et gentil de retourner au lieu de notre cueillette pour disséminer quelques graines autour de la talle afin de l’agrandir. »

Par contre, on peut y aller gaiement avec des plantes envahissantes, comme l’alliaire. « Il faut la cueillir et ne pas se gêner, car ce geste aidera à ralentir la propagation de cette plante exotique introduite au Canada au XIXe siècle. »

Elle propose notamment une recette de moutarde à l’ancienne aux graines d’alliaire pour encourager cette récolte.

Pour Isabelle Simard, la cueillette est une belle activité à faire entre amis, en couple ou avec les enfants. « C’est inné chez nous d’être chasseur ou cueilleur, mais on a oublié ça. Aller chercher quelque chose de sauvage qu’on cueille nous-mêmes, qu’on met dans notre assiette, c’est très gratifiant. »

Les quatre saisons de la cueilleuse indigène – Découvrir et goûter les plantes sauvages du Québec

Les quatre saisons de la cueilleuse indigène – Découvrir et goûter les plantes sauvages du Québec

Flammarion Québec

256 pages

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