La saison de glace semble de plus en plus courte ? Ce n’est pas une illusion. Toutefois, ceux qui dépendent des belles cascades glacées, comme les guides et les instructeurs d’escalade, ont quelques idées pour contourner l’impact des changements climatiques.

Il y a quelques semaines, un chercheur de l’Université de Calgary, Graham McDowell, a profité du congrès annuel de l’Union internationale des associations d’alpinisme (UIAA), à Banff, pour présenter les conclusions d’une étude sur l’évolution de la glace dans la région du mont Washington, au New Hampshire. Plus spécifiquement, il a fait équipe avec le Club alpin américain pour analyser une série de 328 photos de la même paroi de glace, Frankenstein Cliff, prises hebdomadairement sur une période de 20 ans, soit de 2001 à 2021.

En se basant sur la tendance, il a conclu que la durée de la saison d’escalade de glace diminuera du tiers d’ici la fin du siècle, mais seulement si les pays prennent des mesures sérieuses pour limiter les changements climatiques. S’ils continuent à tergiverser, il faut s’attendre à une diminution des deux tiers de la durée de la saison dans la région du mont Washington, affirme M. McDowell.

PHOTO SIRA CHAYER, ARCHIVES LA PRESSE

Dominic Asselin, guide d’escalade et propriétaire d’Attitude Montagne, fait l’ascension d’une paroi du parc des Falaises, à Prévost, dans les Laurentides.

Répercussions au Québec

Au Québec, les changements climatiques ont aussi un impact sur la saison d’escalade de glace, mais les effets varient d’une région à l’autre. « Oui, la saison raccourcit, mais ce sont les endroits près des zones urbaines, en basse altitude, qui sont les moins propices, indique Jean-Philippe Gouin, fondateur de l’école d’escalade Chamox, en Estrie. Ça touche davantage les débutants, parce que ça leur prend beaucoup de glace. »

Dominic Asselin, propriétaire de l’école d’alpinisme et d’escalade Attitude Montagne, située à Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, constate aussi que, de façon générale, la saison commence un peu plus tard qu’auparavant. « En plus, on a des périodes de redoux qui viennent endommager la qualité de la glace », affirme-t-il.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

À Rivière-du-Loup, on arrose artificiellement les parois pour assurer une glace abondante.

C’est notamment pour avoir un meilleur contrôle sur la situation qu’Attitude Montagne a investi dans un système d’arrosage pour englacer artificiellement ses parois. « C’est un peu comme les stations de ski qui font de la neige, observe Dominic Asselin. Pour certains produits, on n’aura pas le choix d’aller vers ça. »

Les guides et instructeurs de glace ont d’autres cartes dans leur manche. Ils connaissent tous des parois qui résistent bien aux chaleurs plus élevées et aux épisodes de pluie.

On a trouvé une paroi dans le parc du Mont-Orford pour y amener les gens : comme elle fait face au nord, est dans le bois, cachée, on peut en faire jusque dans la troisième semaine de mars.

Jean-Philippe Gouin, fondateur de l’école d’escalade Chamox

L’école d’escalade La Liberté Nord-Sud, à La Conception, peut compter sur les parois englacées artificiellement de la montagne d’Argent.

« Quand ce n’est pas correct, on a un back-up, indique Antoine Bonicalzi, de La Liberté Nord-Sud. On va à la paroi du Lac, tant en début qu’en fin de saison : il y a moins d’ensoleillement, c’est boisé. C’est notre carte cachée. »

Parfois, il faut aller loin.

« Quand j’ai des clients qui m’appellent et qui veulent faire de l’escalade de glace, on va en Gaspésie ou sur la Côte-Nord », déclare Jean-Philippe Gouin.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La chute Montmorency, à Québec, est un bel endroit pour suivre des formations en escalade de glace.

Variations

Dans son étude, Graham McDowell a constaté que certains guides se tournaient vers des disciplines un peu différentes pour allonger la saison d’escalade hivernale : l’escalade mixte, qui implique de grimper sur de la glace et sur de la roche en même temps, et le dry-tooling, qui revient à escalader de la roche avec de l’équipement d’escalade de glace, soit crampons et piolets. Ces disciplines visent cependant des grimpeurs un peu plus expérimentés.

La Liberté Nord-Sud étudie la possibilité d’offrir des formations en escalade mixte. « On ne sait pas s’il y aura assez de demande, mais si on ne l’essaie pas, on ne le saura pas », affirme Antoine Bonicalzi.

Au bout du compte, c’est la saison de roche qui risque de s’allonger. En fait, on assiste de plus en plus à un chevauchement des types d’escalade. « Au début d’avril, sur les faces nord, on peut encore grimper en glace alors que, sur les faces sud, les gens crinqués qui n’ont pas peur d’avoir froid aux doigts vont grimper en rocher », dit M. Bonicalzi.

Suggestion de vidéo

De retour au ski

Un joli accord entre le ski et la musique dans cette vidéo avec Parker White

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Chiffre de la semaine

84 cm

C’est la quantité de neige qui tombe en moyenne à Montréal en décembre.