L’accès à l’eau est plus difficile, mais il y a une bien bonne raison à cela : protéger les plans d’eau fragiles contre les espèces envahissantes, comme le myriophylle à épis et la moule zébrée.

C’est ce que de nombreux propriétaires riverains ont fait valoir dans des courriels très polis envoyés à La Presse à la suite de la publication d’une rubrique sur le difficile accès à l’eau.

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La bonne nouvelle, c’est que Canot Kayak Québec est bien au courant de cet aspect de la problématique et a des suggestions pour contrer la propagation de ces espèces exotiques sans bloquer l’accès aux plans d’eau.

« Ce n’est pas en mettant des barrières qu’on va régler le problème, affirme Pierre Marquis, directeur général de Canot Kayak Québec. Ce n’est pas viable à moyen et à long terme parce que les Québécois vont continuer à vouloir aller sur l’eau. Ça passe plus par la discussion, par la recherche de solutions ensemble. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Du myriophylle à épis dans un lac des Laurentides

La menace du myriophylle à épis et de la moule zébrée est bien réelle. Le myriophylle à épis, une plante aquatique exotique, se reproduit de façon tellement efficace qu’il peut diminuer la biodiversité des plans d’eau et nuire à la navigation de plaisance, à la pêche et à la baignade.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Des moules zébrées pêchées dans le lac Massawippi

La minuscule moule zébrée déplace les moules indigènes et peut obstruer les prises d’eau potable en plus de faire vieillir prématurément un plan d’eau. Une femelle peut pondre plus de 100 000 œufs par année, affirme Sophie Payeur, directrice de l’organisation Bleu Massawippi.

Des ravages en Estrie

Les deux espèces font notamment des ravages en Estrie.

Le lac Memphrémagog est aux prises avec la moule zébrée et le lac Massawippi a vu ses premières moules l’automne dernier. Depuis, c’est le branle-bas de combat. « Elles n’ont pas de prédateurs, rappelle Mme Payeur. La façon de s’en sortir, c’est de les enlever manuellement lors de plongées. »

Pour contrôler l’introduction d’espèces envahissantes, les accès au lac Massawippi sont équipés de stations de lavage de bateaux. Il y a évidemment des frais.

Je comprends ceux qui sont fâchés, mais on est pris avec un problème qui concerne tout le monde.

Sophie Payeur, directrice de l’organisation Bleu Massawippi

Les riverains du lac Selby, dans Brome-Missisquoi, vivent dans la crainte d’une introduction de ces espèces envahissantes.

« C’est un petit lac de 0,8 km de largeur sur 2 km de longueur, il a peut-être 1 m de profondeur en moyenne, indique François Charbonneau, président de l’Association de la protection de l’environnement du lac Selby. En partant, c’est un lac très fragile. »

La municipalité de Dunham y a aménagé un petit accès public.

« Une petite famille qui viendrait faire un pique-nique, qui voudrait aller patauger ou montrer aux enfants comment pêcher, on ne peut pas être contre ça, déclare M. Charbonneau. Mais il ne faut pas accéder à l’eau de façon irresponsable. »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les canots, kayaks et planches à pagaie ont un faible tirant d’eau. Ces embarcations peuvent donc explorer les moindres baies.

Canots, kayaks et planches à pagaie aussi

La municipalité a donc instauré un permis d’accès pour s’assurer que les embarcations provenant d’ailleurs soient bien lavées. On parle d’embarcations motorisées et non motorisées. Parce que même les canots, kayaks et planches à pagaie peuvent contribuer au problème de propagation des espèces envahissantes.

« Il n’y a pas de pollution, c’est silencieux, c’est vert comme mode de transport, mais le comportement du pagayeur peut avoir un impact encore plus important que celui d’une personne à bord d’une embarcation motorisée », affirme Pierre Marquis, de Canot Kayak Québec.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Planche à pagaie, canot kayak, chaloupe : quel que soit son embarcation, il faut la laver avant de voguer sur un nouveau plan d’eau.

Il explique que, grâce au faible tirant d’eau de leurs embarcations, les pagayeurs peuvent aller explorer les moindres baies. « Lorsqu’on fait ça, on risque de couper des segments de plantes envahissantes avec la pagaie », indique M. Marquis.

Le problème avec ces plantes, c’est que les boutures ont la capacité de se déplacer, de s’ancrer ailleurs et de générer une nouvelle plante.

Pierre Marquis, directeur général de Canot Kayak Québec

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES A PRESSE

Une bonne paire de jumelles pemet d’observer la faune sans avoir à s’enfoncer dans les herbiers.

Il y a également une question de biodiversité : des espèces nicheuses peuvent également être dérangées par la présence de pagayeurs. « On se laisse facilement emporter par l’intérêt, on vient d’observer quelque chose, un type d’oiseau, mais ça crée facilement du dommage si on ne fait pas attention. »

Les pagayeurs peuvent donc faire deux choses bien concrètes pour combattre la propagation des espèces envahissantes : éviter de se promener dans le fond des baies et de pagayer dans les herbiers et, bien sûr, laver leur embarcation avant de la glisser dans un nouveau plan d’eau.

« Il faut sensibiliser la population, continuer à faire de l’éducation, affirme M. Marquis. Ce n’est pas en coupant les accès qu’on va nécessairement contrôler ça. »

Suggestion de vidéo

L’Everest autrement

Une rareté : des images spectaculaires de l’Everest prises par un drone.

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Chiffre de la semaine

28 kilos

C’est le poids maximum du raton laveur à l’automne. Il peut perdre 50 % de son poids en hiver.