Il y a quelques semaines, la SEPAQ a annoncé qu’elle reprenait la gestion des réservations de canot-camping à la réserve faunique La Vérendrye. Ce secteur est très prisé d’adeptes de cette activité et la nouvelle en a inquiété certains. Explications.

Est-ce que la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) va abandonner peu à peu les grands circuits destinés aux canoteurs expérimentés ? Va-t-elle multiplier les prêts-à-camper et les autres infrastructures de glamping ?

La SEPAQ a voulu se montrer rassurante. « On ne veut pas dénaturer cette activité, c’est une formule gagnante, affirme le porte-parole de la société, Simon Boivin. On veut juste rendre l’activité plus accessible, la mettre en valeur pour que ça profite aux amoureux de plein air. »

Auparavant, Canot Kayak Québec gérait les réservations de canot-camping à la réserve faunique La Vérendrye, ce qui comprenait la location d’embarcations.

Relâcher de la pression

Marc-André Pauzé, photographe et grand amateur de plein air, a discuté de la situation avec d’autres adeptes de canot-camping et a écrit une lettre à la SEPAQ et à Canot Kayak Québec pour exprimer l’ensemble de leurs inquiétudes. Plus de 540 personnes ont cosigné cette missive. Elles craignent notamment de voir la SEPAQ abandonner les grands circuits de sept à dix jours pour se concentrer sur les petits circuits de deux ou trois jours, très populaires auprès d’une clientèle moins expérimentée et ainsi plus rentable.

PHOTO FOURNIE PAR CANOT-CAMPING LA VÉRENDRYE (CANOT KAYAK QUÉBEC)

Des adeptes de canot-camping craignent l’abandon progressif des longs trajets de canot-camping. La SEPAQ soutient que ce ne sera pas le cas.

Simon Boivin a soutenu qu’il n’était pas question d’écarter les grands trajets. « Notre idée, c’est de faciliter l’accès au territoire pour justement enlever de la pression sur certains secteurs qui sont actuellement trop fréquentés, soit les lieux situés près de l’actuel centre de location », déclare-t-il. Il est notamment question d’ajouter au moins un autre site de location, et d’ainsi faciliter l’accès à un plus large territoire. La SEPAQ entend également offrir un service de navette pour certains trajets.

M. Pauzé aimait notamment la souplesse du système en place, qui facilitait l’organisation de parcours dans l’arrière-pays.

Ce que les gens qui pratiquent le canot-camping de manière plus intense apprécient de la réserve La Vérendrye, c’est qu’il y a très peu d’infrastructures.

Marc-André Pauzé, photographe et grand amateur de plein air

« On s’en va vraiment dans la nature sauvage, il faut savoir comment ça marche, une carte, une boussole, il faut savoir gérer son temps en expédition », déclare-t-il en entrevue.

PHOTO FOURNIE PAR CANOT-CAMPING LA VÉRENDRYE (CANOT KAYAK QUÉBEC)

La réserve faunique La Vérendrye offre 800 km de voies navigables pour les amateurs de canot-camping.

« Marchandisation » du plein air

Il estime que la situation est bien différente dans la plupart des parcs de la SEPAQ, qui succombent selon lui à une « marchandisation » du plein air. « C’est comme si on était en train de transformer la nature sauvage en parcs d’attractions. La forêt est un décor naturel : c’est bien beau, mais on voit de plus en plus d’infrastructures qui s’installent. Et ce, au détriment de la nature sauvage et de l’expérience qu’on peut y vivre. »

PHOTO FOURNIE PAR CANOT-CAMPING LA VÉRENDRYE (CANOT KAYAK QUÉBEC)

Les longs trajets demandent une plus grande expertise en canot-camping. Les portages peuvent être longs et ardus.

Les canots-campeurs expérimentés craignent également que la SEPAQ ne les oblige à déterminer à l’avance chacun des terrains de camping qu’ils entendent utiliser pendant leur expédition. « Ce n’est pas compatible avec une expédition de sept ou dix jours, soutient M. Pauzé. À la limite, c’est dangereux : on obligerait ainsi les gens à se déplacer dans l’arrière-pays alors que la situation ne serait peut-être pas propice à ça. Traverser un grand lac par grand vent… tu es mieux de rester où tu es et attendre que ça passe. »

Encore une fois, Simon Boivin a voulu rassurer les gens. « Le système reste le même. Tu choisis un circuit de x jours, mais à l’intérieur de ce circuit, tu as la liberté de dormir sur le site que tu veux. Il y a plein d’endroits où tu peux t’arrêter. »

Simon Boivin affirme que la SEPAQ et Canot Kayak Québec ont modifié leur partenariat d’un commun accord et que l’organisme va conserver un rôle de conseiller. « L’expertise de chacun est mieux utilisée, soutient-il. Nous, nous gérons les réservations, c’est ce qu’on fait. Eux, ils ont une sensibilité quant à ce que les canoteurs souhaitent faire, ou comment les choses peuvent être aménagées. »

« Un changement, ça induit souvent de l’inquiétude. On le comprend. Ça part d’un attachement au territoire qu’on partage. On est conscients et sensibles à l’inquiétude qu’ont ces gens », dit M. Boivin.

Suggestion de vidéo

Pouf ! Disparu !

Dans cette vidéo d’Atelier Laforge, le guide Jacob Richard montre à quel point il peut être dangereux de marcher trop près des têtes d’arbres dans des secteurs très enneigés, comme les Chic-Chocs.

Chiffre de la semaine

1800

C’est le nombre d’étoiles qu’on a recensées dans les Pléiades. Mais seules sept ou huit sont visibles à l’œil nu.

Dans une version précédente de ce texte, nous indiquions que les Pléiades sont une constellation. Or, il s'agit d'un amas d'étoiles.