Quand la mer est houleuse, on peut se réfugier dans sa cabine et se cacher sous les couvertures. Ou on peut aller sur le pont, à l’extérieur, au grand vent, et se mettre à la recherche de baleines.

Brennig Hugues, de l’ONG britannique ORCA, est un expert. En une matinée, il dénombre 96 baleines, essentiellement des rorquals communs. Nous nous prenons au jeu. Les vagues nous empêchent de bien voir le dos de ces mammifères massifs et leur toute petite nageoire dorsale, mais nous sommes en mesure de détecter le panache éjecté par leur évent. C’est à qui repérera le prochain rorqual.

Le Maud s’engage dans les eaux protégées au large de Torshavn, la toute petite capitale des îles Féroé, qui compte 20 000 habitants. Le navire a fait un bond de 50 millions d’années depuis son départ d’Islande : les îles Féroé sont d’origine volcanique, comme elle, mais elles sont beaucoup plus anciennes.

  • En chemin vers les îles Féroé, on observe les baleines.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    En chemin vers les îles Féroé, on observe les baleines.

  • Le port coloré de Torshavn, la capitale des Féroé

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Le port coloré de Torshavn, la capitale des Féroé

  • Une randonnée entre Kirjubour et Torshavn permet de visiter l’arrière-pays.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Une randonnée entre Kirjubour et Torshavn permet de visiter l’arrière-pays.

  • Un village typique des îles Féroé

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    Un village typique des îles Féroé

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Après un long trajet en mer, une bonne randonnée pédestre dans les collines derrière Torshavn semble parfaitement indiquée. Et chose plutôt rare en ces îles isolées, la journée est magnifique : un beau soleil, quelques nuages, un air vivifiant.

La randonnée de sept kilomètres, qui relie la bourgade de Kirkjuboreyn à Torshavn, permet d’admirer un paysage sauvage, sans arbres. Il y a 80 000 moutons sur les îles Féroé, de quoi décourager la croissance de quelque arbuste que ce soit. Justement, nous croisons ces jolies bêtes. Certains moutons sont blancs avec des taches noires, ce qui leur donne un petit air de parenté avec nos vaches.

Après ce bon bol d’air frais, nous pouvons passer au volet culturel de l’escale, une visite guidée de la vieille ville de Torshavn, sur la péninsule de Tinganes. C’est ici que les Vikings ont établi leur Parlement, en 825. Torshavn, d’ailleurs, signifie « le port de Thor », le dieu le plus puissant de la mythologie viking.

On y trouve maintenant de toutes petites maisons, bâties au XVIe et au XVIIe siècle, pressées les unes contre les autres, reliées par d’étroites allées qui ne connaissent pas la ligne droite. Elles sont noires, mais elles ont quand même un petit air guilleret avec leurs portes de couleur vive et leurs toits couverts d’une épaisse végétation.

  • La péninsule de Tinganes est reconnue pour ses jolies demeures de bois noires, ornées de détails de couleur vive.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    La péninsule de Tinganes est reconnue pour ses jolies demeures de bois noires, ornées de détails de couleur vive.

  • Une coquette maison de la péninsule de Tinganes, le lieu le plus ancien de Torshavn, avec son toit végétal.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Une coquette maison de la péninsule de Tinganes, le lieu le plus ancien de Torshavn, avec son toit végétal.

  • Une boîte aux lettres qui fait sourire

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    Une boîte aux lettres qui fait sourire

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Quelques petits édifices gouvernementaux, peints en rouge, sont encore dans le quartier. Notre guide, Per Hansen, tente de nous expliquer la situation politique un peu complexe des îles Féroé : comme le Groenland, c’est une région autonome du royaume du Danemark. Elle a obtenu beaucoup de pouvoirs, mais elle a conservé la monarchie danoise et continue d’utiliser la couronne danoise comme monnaie, tout en laissant la politique étrangère et la défense au Danemark. Une sorte de souveraineté-association, quoi.

Les îles Féroé traînent une mauvaise réputation, notamment en Europe, en raison d’une chasse à la baleine particulièrement sanglante, le grindadrap. Interrogé à ce sujet, Per explique que la viande de baleine (essentiellement, du globicéphale noir) est un plat traditionnel aux îles Féroé. Il croit toutefois, comme plusieurs Féroïens, que le caractère excessif du grindadrap aurait tranquillement disparu du paysage si des activistes comme Paul Watson, de la Sea Sheperd Conservation Society, n’étaient pas venus sur place pour s’interposer. Bien des jeunes, qui ne s’intéressaient guère au grindadrap, ont réagi à ces interventions de l’extérieur en participant à nouveau à cet évènement.

Mais pour l’instant, les bateaux de pêche ballottent bien paisiblement au port et il y a encore des baleines qui naviguent au large.