(Lyon) « Si ce n’était pas pour Taylor », ils ne seraient sans doute jamais venus à Lyon : les concerts de Taylor Swift attirent des touristes inattendus dans la ville, où hôtels et commerces se réjouissent de cette bonne aubaine.  

Plus de 100 000 personnes assisteront à la prestation de la mégastar américaine, qui se produira les 2 et 3 juin à Lyon dans le cadre de son Eras Tour. Comme ailleurs, les billets se sont arrachés en un rien de temps.  

À un mois de l’évènement, les réseaux sociaux fourmillent d’échanges entre ses fans, les « Swifties », qui préparent le voyage depuis les États-Unis, le Canada, le Costa Rica ou le Nicaragua, et admettent volontiers avoir saisi le premier billet disponible.

« On peut dire que je vis ses paroles : “j’ai compté les jours, j’ai compté les kilomètres pour te voir là-bas”. 10 747 kilomètres pour être exacte ! » s’amuse lors d’un échange avec l’AFP Naomi Imbang, 28 ans, qui viendra des Philippines faute d’avoir pu obtenir une place en Asie.

Rhonda Nye n’a même pas réussi à avoir « un code d’accès » pour réserver en ligne dans son pays, le Canada, mais a arraché des billets pour venir à Lyon avec son mari et ses deux enfants de 6 et 12 ans.  

« Si ce n’était pas pour Taylor, on n’aurait pas du tout fait ce voyage », qui les emmènera aussi à Paris, Londres et Juno Beach, s’amuse-t-elle. Si le coût total des vacances risque de « dépasser les 10 000 euros » tout compris, « ça vaut le coup pour cette expérience unique ».

« C’est beaucoup moins cher pour nous de venir en France pour voir Taylor » que d’assister à son concert au Canada, se rassure Lenka, 55 ans, qui se déplacera avec sa fille, sa nièce et sa belle-sœur.  

« Au lieu de dépenser 2000 dollars pour un billet et un hébergement à Toronto, on a décidé de prendre l’avion pour la France ». Le billet (275 euros), le vol et l’hôtel ont coûté environ 1330 euros par personne, estime-t-elle.

« Exceptionnel »

Lyon, qui a la deuxième capacité hôtelière en France avec 272 établissements et quelque 20 000 chambres, se réjouit de cette déferlante.

« Ce concert déplace véritablement les foules », note la directrice commerciale de l’hôtel Pullman, Alice Ferraris.  

« Dès que les dates de concert sont tombées, le lendemain ou le surlendemain, on était complet », confie, sous couvert d’anonymat, le réceptionniste d’un hôtel cinq étoiles lyonnais.  

À ce stade, 80 % des chambres sont réservées pour les 2-3 juin, selon l’office du tourisme, contre 30 % d’occupation un mois avant un week-end ordinaire. « Sur un mois de juin, c’est clairement exceptionnel », souligne une de ses représentantes.  

Et le prix moyen de la chambre d’hôtel a grimpé de 54 % par rapport aux semaines suivante et précédente, selon une publication en mars de la société d’études Lighthouse.  

Dans le centre-ville, l’hôtel Maison No affiche complet le 2 juin à un tarif moyen de 300 euros, contre 140 euros en temps normal. Pour le soir du concert de Coldplay, fin juin, la chambre coûte « seulement » 240 euros, note un de ses employés.

Rouge à lèvres

Sommelière installée à Lyon depuis 2017, Caroline Falezi organise début juin une série d’évènements, qui combinent découverte de la région et l’univers de la chanteuse : dîner entre « Swifties » dans un « bouchon », karaoké et « bar à rouge à lèvres » dans un château du Beaujolais ou brunch avec des drag queens.  

« Je n’étais pas une Swiftie à la base, mais quand les dates ont été annoncées, j’ai eu quelques courriels de réservation, et je me suis dit que c’était une super opportunité », raconte cette Américaine de 36 ans.  

« C’est vraiment énorme qu’elle vienne ici », s’enthousiasme celle qui s’est prise au jeu et a créé une page Facebook pour souder le public à Lyon. « Je veux qu’on partage quelque chose de spécial ».

The Eras Tour, débutée en mars 2023 aux États-Unis, est devenue fin 2023 la première tournée de l’histoire à écouler plus d’un milliard de dollars de billets, faisant de la chanteuse la première artiste à devenir milliardaire grâce aux seuls revenus de sa musique.