Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : un couple qui a traversé la France… à pied.

« Un kilomètre à pied, ça use les souliers », dit la comptine. Imaginez 1616 kilomètres ! C’est la distance qu’ont parcourue Sylvie Grégoire et son conjoint François Rolland à l’été 2018 afin de réaliser un rêve étonnant : traverser la France du nord au sud « sans jamais prendre de véhicule ».

D’où est née l’idée d’ainsi faire voyager leurs souliers ? Non, elle n’est pas inspirée de Félix Leclerc. C’est plutôt la lecture, il y a plus de 25 ans, du livre A Walk Across France, du Britannique Miles Morland, qui a donné envie à Sylvie Grégoire de découvrir elle aussi l’Hexagone à pied.

« Ça m’avait marquée ! À ce moment-là, je m’étais dit : ‟Ah ! J’aimerais tellement faire ça un jour dans ma vie.” Il y a des rêves qui restent avec nous, d’autres qu’on oublie. […] Ce rêve-là m’est toujours resté », se souvient-elle, en entrevue téléphonique.

PHOTO FOURNIE PAR SYLVIE GRÉGOIRE

Sylvie Grégoire

En 2018, après avoir dit adieu à des proches emportés par le cancer, dont sa mère, Sylvie Grégoire a décidé que l’heure était venue de réaliser son « fameux voyage ».

« Ça m’a aidée à vivre mon deuil et à renouer avec le bonheur. Laisser la tristesse et renouer avec le sentiment de liberté », confie la voyageuse.

Son mari François Rolland a « embarqué à pieds joints » dans ce périple au cours duquel plus d’un Français leur a dit : « Mais ils sont fous, ces Québécois ! »

Un vent de liberté

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François Rolland, le premier jour du voyage

Point de départ de cette longue randonnée : Boulogne-sur-Mer, au bord de la Manche. Point d’arrivée : la mer Méditerranée. Itinéraire : aucun.

« On voulait se donner le plus de liberté possible », explique Sylvie Grégoire lorsqu’on s’étonne de ce choix.

On voulait vraiment partir sous le signe de la liberté. Des fois, quand on planifie trop, on s’astreint à suivre le plan, on ne se permet pas de bifurquer ou de ralentir.

Sylvie Grégoire

Le couple n’avait pas d’itinéraire, mais il avait une direction : cap vers le sud ! Chaque jour, les deux marcheurs parcouraient en moyenne 25 kilomètres pour se rendre à l’hébergement suivant, souvent choisi la veille. « Il y a plein de petites auberges historiques, romantiques, des maisons d’hôte le long de la route », indique Sylvie Grégoire.

Marcher pendant de longues heures pendant 70 jours est certes exigeant, admet la femme qui considère être « assez en forme », mais qui n’a pas suivi d’entraînement spécifique pour se préparer à ce voyage. « Quand on se couchait le soir, on était fatigués ! », dit-elle en riant. Mais, le lendemain, « comme par miracle », la jauge d’énergie était complètement remplie.

« La beauté de ce type de voyage, c’est que chaque jour est une nouvelle aventure. Chaque jour, c’est l’inconnu, on a de nouveaux paysages et villages à découvrir. Ça nous donne vraiment l’énergie pour repartir », confie Sylvie Grégoire.

La France autrement

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Le parc des Grands Causses

À travers ce voyage, le couple souhaitait explorer « une France qu’[il] ne connaissait pas ». « Les touristes ont tendance à aller sur les côtes, en Provence, en Normandie. Les régions intérieures, les montagnes, les petits villages, l’arrière-pays, on a moins tendance à aller là, mais c’est tellement extraordinaire. C’est vraiment des régions à découvrir », affirme-t-elle.

Quels ont été leurs coups de cœur ? La liste est longue. Sylvie Grégoire nomme d’abord le parc des Grands Causses, en Occitanie, dans le sud du pays. « Les Causses, ce sont de grandes falaises sauvages qui sont très abruptes. C’est comme si le sol était tombé », décrit-elle.

Elle parle aussi des premiers jours de leur expédition, alors qu’ils ont marché sur les grandes plages de sable dur le long de la Manche. « Il y a des sentiers qui longent les falaises et la mer, c’est de toute beauté. »

Le charmant village de Seine-Port, près de Paris, la Bourgogne, avec ses vignobles et ses champs de tournesols, de même que le Larzac et ses paysages presque lunaires comptent également parmi les lieux marquants de leur aventure.

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Un champ de tournesols en Bourgogne

« Quand on marche, la beauté, c’est qu’on peut s’arrêter quand on veut. On peut regarder chaque fleur, chaque façade, chaque vache, chaque écriteau […]. On avait le cadeau du temps, de pouvoir s’arrêter pour écouter, pour sentir, pour observer », confie la femme qui a lancé en 2021 le livre La France, pas à pas, côte à côte, dans lequel elle raconte son voyage.

En juin, elle fera paraître un deuxième titre, La France hors des sentiers battus – un guide essentiel pour réaliser votre propre aventure, qui regroupe des conseils pour explorer le pays loin des circuits touristiques.

Consultez le site de Sylvie Grégoire

Trois conseils pour de longues randonnées

Vous aimeriez à votre tour faire une longue randonnée en France ou ailleurs ? La Presse a demandé à Sylvie Grégoire quelques conseils.

  • Suivre un atelier de préparation. « Le truc qui nous a vraiment sauvé la vie et qui nous a tellement appris, c’est qu’on a suivi un atelier de préparation donné par la boutique La Tienda, d’ici à Compostelle, à Verdun. […] Ça nous a donné plein de trucs sur comment se préparer, comment plier nos choses dans nos sacs, la liste d’équipement… »
  • Voyager léger. « C’est vraiment important. Dans le fond, on n’a pas besoin de grand-chose. Côté vêtements, on avait deux ensembles de marche et un ensemble de soir. »
  • Avoir des bâtons de marche. « C’est très utile. Si on n’en a pas, on regarde plus à terre. Avec les bâtons de marche, on se sent plus solide et on peut admirer les paysages. »

Appel à tous !

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