Le navire commence à vibrer. Doucement, le Maud glisse le long du quai pour quitter Reykjavik, la capitale de l’Islande, et se diriger vers une première escale, Heimaey, dans le sud du pays.

Après une nuit de navigation un brin houleuse, c’est un plaisir de se faufiler entre des îlots volcaniques pour accoster bien tranquillement au cœur de la petite ville.

L’équipe d’Hurtigruten, une compagnie de croisière d’origine norvégienne, a préparé différents types d’activités pour visiter la communauté : une petite croisière autour des îlots pour observer les colonies d’oiseaux, une visite guidée classique de la ville, une promenade axée sur l’histoire ou encore l’ascension d’un cône volcanique.

Comment résister à cette dernière randonnée ? Surtout que ce fameux cône est étroitement lié à un évènement central de l’histoire d’Heimaey. Le 23 janvier 1973, une coulée de lave s’est soudainement échappée d’une fissure et a menacé la ville. Heureusement, il faisait tempête cette journée-là et tous les bateaux de pêche étaient au port. On a pu ainsi évacuer toute l’île en peu de temps. La lave a continué à couler pendant des semaines, des mois. Les autorités, bien décidées à sauver ce qui restait du port et de la ville, ont arrosé la lave avec de l’eau de mer pour la refroidir. La coulée a effectivement ralenti sa progression et l’éruption a pris fin le 3 juillet 1973. Mais toute cette lave a agrandi l’île d’Heimaey de deux kilomètres carrés, la faisant passer de 11,2 km2 à 13,4 km2.

  • On voit bien la coulée de lave qui a menacé Heimaey.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    On voit bien la coulée de lave qui a menacé Heimaey.

  • Un mur de lave durcie accueille les randonneurs.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Un mur de lave durcie accueille les randonneurs.

  • Ça fume et ça bouillonne à Seltun, sur la péninsule de Reykjanes.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Ça fume et ça bouillonne à Seltun, sur la péninsule de Reykjanes.

  • Ce qu’il reste d’une citerne, écrasée par la lave.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Ce qu’il reste d’une citerne, écrasée par la lave.

  • Qui dit Islande dit chevaux.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Qui dit Islande dit chevaux.

  • Le sentier traverse divers écosystèmes.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Le sentier traverse divers écosystèmes.

  • Muriel Bulhoff donne un petit cours de géologie en chemin.

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Muriel Bulhoff donne un petit cours de géologie en chemin.

  • Sur la crête du volcan

    PHOTO MARIE TISON, LA PRESSE

    Sur la crête du volcan

1/8
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Dès le début de notre randonnée, nous tombons nez à nez avec le mur de lave durcie qui menaçait le port. Une citerne a été avalée à moitié, montrant ainsi la force de la coulée.

Nous foulons un sol de fine grenaille volcanique, puis traversons une zone où de petites broussailles ont commencé à prendre racine. Nous commençons à prendre un peu d’altitude. La géologue du navire, Muriel Bulhoff, profite de l’occasion pour montrer différents types de roches volcaniques : l’une est pleine de trous, légère, une autre est lisse, plus compacte. Certaines sont rouges, d’autres noires.

Un dernier effort et nous arrivons au sommet du cône, sur la crête du cratère. Tout en bas, on distingue bien la coulée de lave qui a causé bien des dégâts en 1973. Il fait beau, l’île est paisible. Il est difficile de s’imaginer la panique qui a saisi la communauté il y a 50 ans.

Oui, il fait beau, c’est paisible… Il est aussi difficile de s’imaginer que les restes de l’ouragan Lee rendront la mer périlleuse demain, et qu’il faudra remettre à après-demain la grande traversée qui était prévue vers les îles Féroé !

L’équipe d’Hurtigruten fabrique à toute vitesse un itinéraire de rechange : un retour vers la péninsule de Reykjanes, dans l’île principale d’Islande, pour se mettre à l’abri. Cette péninsule se caractérise par des champs de lave à perte de vue. La dernière éruption a pris fin en août dernier.

Il y a quand même de l’action sous nos pieds. À Seltun, on entend des sifflements, des gargouillis : de la vapeur s’échappe de petits trous, des sources d’eau de diverses couleurs et des trous de boue bouillonnent. Une odeur de soufre se propage. La terre d’Islande est bien vivante.