Maxime Deschamps est un patineur artistique québécois qui a grandi en admirant l’explosif Elvis Stojko et les champions olympiques en couple Jamie Salé et David Pelletier.

« Je me souviens encore de leur performance aux Olympiques en 2002, a-t-il raconté lors d’une récente entrevue. J’étais resté debout pour les regarder. »

Il avait alors 10 ans et patinait depuis la moitié de sa vie au club de Vaudreuil. Comme Pelletier, son souhait original était de devenir hockeyeur.

« L’été, ma mère me déposait à l’aréna tôt le matin et elle revenait me chercher en fin de journée à son retour du travail. Je passais des heures sur la glace, le seul endroit où les entraîneurs pouvaient m’avoir à l’œil ! J’adorais patiner. »

Vers l’âge de 15 ans, Deschamps s’est spécialisé dans le patinage en couple. Il a attendu longtemps, très longtemps, avant de trouver une partenaire durable. À partir de ses débuts, il en a connu pas moins de huit.

Il a fait un bout de chemin, plus ou moins long, avec chacune d’elles, remportant l’or à sa deuxième saison avec Vanessa Grenier aux Championnats canadiens juniors de 2014.

À sa première année senior, le duo entraîné par Bruno Marcotte et Richard Gauthier a terminé sixième à Skate America, sa première compétition sur le circuit Grand Prix, et accédé au cinquième rang national. Incapable de surpasser ces résultats l’année suivante, ils ont annoncé leur séparation au printemps 2016. « J’ai atteint la plupart de mes rêves et j’en suis extrêmement fière », avait écrit Vanessa Grenier à sa retraite, quelques semaines plus tard.

À 24 ans, Maxime Deschamps en voulait encore. À partir de la saison 2016-2017, il s’est uni à Sydney Kolodziej, originaire de l’Illinois. Après une sixième position prometteuse à leurs premiers championnats canadiens, ils ont plafonné, sinon régressé, l’année suivante, qui s’est conclue avec leur rupture.

Deschamps est reparti en quête d’une partenaire, tentant même le coup avec la Sud-Coréenne Kim Kyu-eun, qui s’entraînait avec lui à Sainte-Julie et qui venait de participer aux Jeux de PyeongChang. Après quelques mois d’entraînement, leur ambition de représenter la Corée du Sud sur la scène internationale n’a jamais abouti.

« J’ai toujours donné la chance au coureur, a exposé Deschamps. Je me suis toujours lancé dans un partenariat avec l’esprit ouvert, prêt à voir où il me mènerait. Avec le temps, il y avait des choses qui ne fonctionnaient pas ou on n’avait tout simplement pas les mêmes buts. Le mien était d’atteindre mon summum. »

Âgé de 27 ans, bientôt 28, il se doutait néanmoins qu’il commençait à se faire tard. L’idée de la retraite lui a effleuré l’esprit. « Mais j’ai toujours gardé espoir. Inconsciemment, je savais que quelque chose pouvait arriver. »

Puissance vs force

Meagan Duhamel, la femme de son entraîneur Bruno Marcotte, a donné un coup de pouce au destin. La double championne mondiale et multiple médaillée olympique avec Eric Radford a vu passer un message de Deanna Stellato-Dudek, désespérément à la recherche d’un nouveau partenaire. « J’ai ton homme ! », lui a-t-elle écrit.

En juin 2019, l’Américaine alors âgée de 36 ans est débarquée à l’aréna de Sainte-Julie, sur la Rive-Sud : elle s’était engagée pour un essai de deux jours avec Deschamps, sous la supervision de Bruno Marcotte, qui y possédait une école avec sa sœur Julie, chorégraphe renommée.

Dès qu’on a commencé à patiner ensemble, c’était magique. C’était facile. On était comme libres sur la glace.

Maxime Deschamps

À leurs premières spirales sur la patinoire Letang, ils se sont sentis aussi fluides sur leurs lames que le défenseur des Penguins de Pittsburgh. Tout de même, la femme de 5 pi 1 po a été surprise par la puissance du patineur, de huit ans son cadet, qui l’a soulevée au-dessus de la glace au premier essai.

« Je n’étais pas prête ! s’est-elle souvenue en riant. Ce n’était pas de la force. Parce que bien sûr, il est fort – il me soulève au-dessus de sa tête. Mais il avait de la puissance, ce qui est une chose très différente. Tu dois avoir un certain niveau de puissance pour mobiliser toute ton énergie. Maxime en avait tellement, c’est ce qui m’a attirée chez lui. Je l’ai immédiatement sentie. »

Stellato-Dudek a annulé ses autres essais prévus au Canada pour passer les deux semaines suivantes à Sainte-Julie. Les deux faisaient la paire. Comme tous les habitants de la planète à la fin de 2019, ils ne se doutaient pas de ce qui leur pendait au bout du nez.