C’était l’heure de la revanche pour Mikaël Kingsbury. En finale des duels de la Coupe du monde de Val Saint-Côme, samedi soir, il affrontait Walter Wallberg. Comme aux Jeux olympiques de Pékin, il y a un an, le Suédois a eu le dessus. Cette fois, cependant, il a privé le Québécois d’une victoire devant les siens.

L’ambiance était à son comble. En bordure de la piste Alexandre-Bilodeau, tout le monde retenait son souffle.

L’historique entre les deux prodiges annonçait une finale extrêmement relevée. En Chine, Wallberg avait empêché Kingsbury de savourer un deuxième triomphe olympique.

Toutefois, le grand blond revient d’une blessure et Kingsbury l’avait emporté sans trop de difficulté vendredi soir.

Les deux skieurs sont sortis comme des taureaux du portillon de départ. Ils étaient côte à côte jusqu’au deuxième saut. Plus ils s’approchaient du tapis au bas de la piste, plus les décibels augmentaient.

Sauf qu’à l’amorce du dernier saut, l’homme aux 77 victoires a été obligé de se projeter sur le sol. Le rythme était effréné et la vitesse des deux assaillants était telle que Kingsbury a perdu quelque peu son centre d’équilibre. C’était trop tard.

« J’étais sur les talons », a-t-il révélé, visiblement déçu après un énième bain de foule. Il a même dû être escorté jusqu’à la zone des médias.

De son point de vue, il n’avait d’autre choix que d’accepter de chuter. Sinon, en déséquilibre, prendre le saut aurait été trop risqué. « C’était ou ça ou j’atterrissais beaucoup trop loin. […] J’ai probablement sauvé le reste de ma saison. Si j’avais pris le saut, c’était une autre histoire », a-t-il raconté, nullement amer d’avoir pris cette décision.

Wallberg a profité de la situation pour filer à fond de train jusque sur la plus haute marche du podium.

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Mikaël Kingsbury

Walter était extrêmement rapide. Il fallait que je pousse la machine. Je savais qu’il était devant moi et qu’il fallait que je donne un dernier coup. Ça n’a pas passé cette fois-ci.

Mikaël Kingsbury

Kingsbury aurait préféré terminer ce week-end à la maison sur une meilleure note et avec une autre médaille au cou. Il est cependant impossible pour lui de ne pas dresser un bilan positif de son passage dans Lanaudière. « Ce n’est pas parce que je suis tombé que ça ne va pas bien. C’est ma décision de m’être lancé sur le côté. Je peux vivre avec ça et skier la fin de semaine prochaine à 100 %. »

Il rentre à la maison en disant : « mission accomplie ».

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Walter Wallberg

Une fin de semaine d’apprentissage

Elliot Vaillancourt, Louis-David Chalifoux et Julien Viel ne bénéficient pas encore de la notoriété de leur coéquipier. Ils ont tout de même offert des prestations pas piquées des vers lors de ces deux jours de compétition.

Ils ont animé le spectacle, mais surtout, ils ont fait l’acquisition d’une tonne d’expérience.

Ces jeunes loups ont certes obtenu des résultats au-delà de leurs attentes, mais c’est surtout la manière dont ils les ont décrochés qui relève de l’exploit.

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Les skieurs canadiens Daniel Tanner et Julien Viel en ronde préliminaire à Val Saint-Côme

Ils se sont mesurés à de grands ténors de leur sport.

En ronde des 16, Louis-David Chalifoux, 20 ans, a affronté Kingsbury. « C’est Mik… Il n’y a pas grand-chose à faire à part faire de son mieux. J’ai fait une belle descente quand même », a-t-il lancé en haussant les épaules vu le défi immense, voire insurmontable, que ça représentait.

Je suis super content de ma fin de semaine. J’ai super bien skié et je ne pouvais pas m’attendre à mieux.

Louis-David Chalifoux

Quant à lui, Viel affrontait d’entrée de jeu le futur champion, Wallberg. « Il est rapide ! C’est le champion olympique ! J’ai profité du moment », s’est-il exclamé.

Il était néanmoins satisfait de sa 11place. « C’est ma plus belle fin de semaine jusqu’à maintenant sur le circuit. Il faudra juste répéter ça et continuer à avoir du fun. »

Pour sa part, Elliot Vaillancourt s’est présenté avec un immense sourire devant les journalistes. « C’était la deuxième fois que je l’affrontais cette année », a-t-il précisé au sujet de son adversaire, le meneur au classement des duels Ikuma Horishima. « Je l’avais affronté en France. J’avais commis de grosses erreurs, je le lui avais donné facile. Là, je voulais skier pour qu’il se souvienne de moi et je pense qu’il va se le rappeler. Je suis extrêmement content de ma descente. »

L’homme au casque de feu a vécu « le plus beau week-end de Coupe du monde de [sa] vie. Je n’ai rien à dire ! ». Vaillancourt a terminé en dixième position.

Kawamura parfaite du début à la fin

Anri Kawamura s’impose progressivement sur le circuit de la Coupe du monde. Forte d’une victoire vendredi soir, le prodige japonais a triomphé à nouveau samedi. Elle l’a fait contre nulle autre que Perrine Laffont en finale.

« J’étais très excitée de skier avec elle. C’est toujours un défi, mais ça s’est bien terminé », a-t-elle souligné.

Visiblement, le Québec lui va très bien. Tout au long de la fin de semaine, aucune autre skieuse n’a été en mesure d’égaler son niveau d’excellence. Elle a gambadé légèrement sur chaque bosse proprement avec sa détente physique habituelle.

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Anri Kawamura sur le podium à Val Saint-Côme, samedi

Cette sixième victoire en carrière est spéciale, puisque jamais elle n’avait remporté deux courses consécutives. « Je suis tellement heureuse. Je n’ai pas de mots. Je me sens incroyablement bien. »

Cinquième la veille, la Canadienne Maia Schwinghammer a pris le 12rang aux duels. Elle est tombée dès le premier tour face à l’Américaine Olivia Giacco, dans un duel excessivement serré.

L’athlète de Saskatoon a avoué avoir été prise au piège par toute l’adrénaline provoquée vendredi. « Il y a eu des hauts et des bas. […] J’étais un peu nerveuse aujourd’hui. »

Toutefois, avoir atteint la ronde des 16 lui suffit. « J’ai skié aux côtés des meilleures skieuses du circuit », a-t-elle ajouté.

Cette Coupe du monde toute québécoise aura été un succès pour le ski acrobatique canadien. Des surprises, des moments de grâce et peut-être même le début d’un cycle prometteur. La relève canadienne commence à faire ses armes et le jour où les skieurs auront pleinement maîtrisé leur art, elle pourra faire des ravages. Inspirée par un week-end réussi quelque part dans Lanaudière.