(Val Saint-Côme) Il ne voulait pas en faire trop. Il voulait en donner juste assez pour à la fois l’emporter et offrir un bon spectacle. Mikaël Kingsbury a été fidèle à lui-même en offrant une performance sans faille, vendredi soir, pour triompher lors de la Coupe du monde de ski acrobatique de Val Saint-Côme.

Avec son neveu dans les bras, Kingsbury s’est retourné pour regarder la piste Alexandre-Bilodeau après être monté sur la plus haute marche du podium pour la 77fois de sa carrière. Avec les flocons de neige, la scène était à couper le souffle.

  • Mikaël Kingsbury a remporté l’épreuve de la Coupe du monde de ski acrobatique de Val Saint-Côme, vendredi soir.

    PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

    Mikaël Kingsbury a remporté l’épreuve de la Coupe du monde de ski acrobatique de Val Saint-Côme, vendredi soir.

  • Mikaël Kingsbury célèbre la 77e victoire de sa carrière devant parents, amis et des dizaines d’amateurs en liesse, à la station de ski de Val Saint-Côme.

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    Mikaël Kingsbury célèbre la 77e victoire de sa carrière devant parents, amis et des dizaines d’amateurs en liesse, à la station de ski de Val Saint-Côme.

  • Au bas de la piste Alexandre-Bilodeau, Mikaël Kingsbury est monté sur la plus haute marche du podium, devant le Suédois Walter Wallberg et le Japonais Ikuma Horishima.

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    Au bas de la piste Alexandre-Bilodeau, Mikaël Kingsbury est monté sur la plus haute marche du podium, devant le Suédois Walter Wallberg et le Japonais Ikuma Horishima.

  • Après avoir dominé les qualifications et la première finale, Mikaël Kingsbury était le dernier à s’élancer lors de la grande finale.

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    Après avoir dominé les qualifications et la première finale, Mikaël Kingsbury était le dernier à s’élancer lors de la grande finale.

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Derrière lui, des dizaines d’amateurs ont bondi pour tenter de croquer un cliché avec le champion. Comme lorsque les fidèles d’une équipe de football universitaire envahissent le terrain à la suite d’une victoire. Sous les nombreux réflecteurs de la piste, illuminée de tous ses feux, c’était Friday Night Lights.

Avec sa double vrille et son saut à 1080 degrés en super finale, Kingsbury a fait mordre la poussière à tous ses rivaux. Il était dans une classe à part, devançant son plus proche poursuivant, le champion olympique Walter Wallberg, par près de quatre points. Un écart plus que considérable en ski acrobatique.

En haut de la piste, Kingsbury était le dernier à s’élancer, puisqu’il avait aussi dominé les qualifications et la première finale. Le seul piège, selon lui, aurait été de vouloir trop en faire pour épater la galerie.

« On est à la maison, ce n’était pas le temps de jouer trop gros », a-t-il révélé après la course, lunettes autour du cou et sac au dos.

« Les scores étaient plus bas, donc ce n’était pas le temps de pousser la machine au maximum, mais il fallait être propre. J’étais un peu plus lent, mais je savais que ça allait être suffisant. »

Au bout du compte, il a été plus lent d’environ une demi-seconde comparativement à la première finale. « J’ai juste desserré entre les deux finales. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est juste assez. Je ne voulais pas faire d’erreur et placer mes sauts. Il fallait juste être précis. »

Cette victoire viendra apaiser très certainement l’athlète de Deux-Montagnes. Il avait obtenu une inhabituelle 29place en France lors de sa dernière course, il y a plus d’un mois. Il pourra enfin passer à autre chose. « Je voulais rebondir, surtout à la maison », a-t-il raconté.

Maia Schwinghammer s’illustre

Sa famille avait fait le voyage depuis Saskatoon et elle ne voulait décevoir personne. Maïa Schwinghammer s’est présentée avec un large sourire derrière lequel se cachaient satisfaction et étonnement après sa course. « C’était une soirée parfaite ! »

L’athlète de 21 ans a obtenu le meilleur résultat de sa carrière, une cinquième place, devant parents et amis. Elle a franchi la ligne d’arrivée le poing levé, pleinement consciente de l’importance du moment.

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Maïa Schwinghammer a terminé en cinquième place lors de l’épreuve féminine.

C’est fantastique. Je ne pourrais pas être plus heureuse. J’ai travaillé tellement fort pour être ici et je suis fière de montrer de quoi je suis capable.

Maïa Schwinghammer

Le plus bel espoir féminin du ski acrobatique canadien pense déjà à la suite des choses. Elle était évidemment enivrée par cette nouvelle marque personnelle, et surtout d’avoir atteint la super finale pour la première fois, mais elle insiste : « J’ai encore tant à offrir. »

Elle avoue toutefois avoir été nerveuse en haut de la pente. « C’est pas mal plus bruyant en super finale, a-t-elle constaté. C’était une belle expérience et j’espère que je m’y habituerai. »

Anri Kawamura, quant à elle, est une habituée des super finales. Le phénomène japonais de 18 ans a terminé la soirée tout en haut du podium. Il s’agit de sa deuxième victoire de la saison.

« C’est fantastique. C’est indescriptible », a-t-elle dit en essayant de trouver des mots pour exprimer son contentement, mais en vain. Prise par l’émotion de l’emporter dans une compétition extrêmement serrée, elle a tout de même avoué avoir été sûre de l’emporter lorsqu’elle a traversé la grosse ligne rouge. « J’étais très confiante, mais en même temps, on ne sait jamais. Et c’est ce qui est excitant. »

Cette saison, sur le circuit de la Coupe du monde, il y a le trio de tête, formé de Jakara Anthony, Perrine Laffont et elle-même, et il y a les autres. Même si Laffont a raté le podium, terminant quatrième derrière Anthony et l’Américaine Jaelin Kauf, ce trio dynamique rehausse la qualité du spectacle à chaque compétition.

« Elles sont exceptionnelles, précise Kawamura au sujet de ses deux rivales. On se pousse entre nous à chaque course et c’est très chouette. »

Une journée de premières

Outre Kingsbury et Schwinghammer, les autres Canadiens en piste ont animé le spectacle. Chez les femmes, Berkley Brown, Jessie Linton et Laurianne Desmarais-Gilbert ont toutes pris part à la première finale, terminant respectivement 13e, 14e et 16e.

Pour Desmarais-Gilbert, il s’agissait d’une première expérience en finale. Incertaine de pouvoir se qualifier après les qualifications, son pointage aura été suffisant.

Sa journée a été une réussite sur toute la ligne : « Une première finale, chez moi en plus, avec ma famille, mes amis, c’est vraiment génial », lance-t-elle, exténuée, mais ravie.

Sa descente en finale n’a pas été à la hauteur de ses attentes, elle s’est trouvée « un peu raide », « plus crispée qu’en qualifications », mais l’athlète de 25 ans reconnaît que « ce sont probablement les nerfs ».

Son coéquipier Elliot Vaillancourt participait lui aussi à une première finale. Toutefois, a priori, sa performance en qualifications avait été insuffisante pour prendre part à la finale. Cependant, sa note a été révisée puisque les juges avaient mal identifié l’un de ses sauts. Ils avaient donc attribué un quotient de difficulté plus faible au Québécois, réduisant considérablement sa note.

« C’est moi qui ai vu l’erreur. J’étais comme “ce n’est pas ça que j’ai fait en haut” », a-t-il précisé.

Visiblement frustré après sa première descente de la journée, il a finalement pris le 9rang. « Ça change la qualité de mon sommeil pour ce soir », a-t-il lancé en riant.

Les Québécois Louis-David Chalifoux et Julien Viel, auteur d’une magnifique descente en qualifications, bonne pour le quatrième rang provisoire, ont terminé en 10e et 12position. Ils en étaient eux aussi à une première finale en carrière.