Gabriel Dufresne et Laurianne Desmarais-Gilbert veulent se faire valoir à la Coupe du monde de ski acrobatique qui s’ouvre vendredi à Val Saint-Côme.

Gabriel Dufresne a suivi les Jeux olympiques de Pékin dans le salon du chalet familial à Val Saint-Côme, l’hiver dernier.

Même s’il était 15e mondial à l’époque, il n’a pas réussi à se qualifier pour ses premiers JO. Pour des raisons de représentativité géographique et de contingence spatiale dans le Village des athlètes, les nations doivent se conformer à des quotas. Dans le cas du ski acrobatique, les billets sont partagés entre cinq disciplines.

Dufresne a obtenu les deux premiers top 10 de sa carrière en simple lors des deux dernières compétitions sélectives, mais ce ne fut pas suffisant pour soutirer l’ultime place disponible pour le Canada.

« J’ai eu une période où je voulais juste décrocher un peu, a raconté le skieur de 26 ans cette semaine. J’ai eu quelques semaines de repos sans être sur mes skis. »

L’athlète de Joliette n’a pu s’empêcher de regarder les épreuves olympiques diffusées au petit matin au Canada.

« Ce n’était pas super agréable parce que j’étais dans la meilleure forme à vie physiquement, mentalement et dans mon ski. Je progressais, j’étais sur une lancée, je venais de faire mes meilleures performances. […] Quand tu vois 30 gars aux Jeux olympiques, sans le 15e au monde, tu te dis que tu méritais peut-être ta place. »

Dufresne s’est servi de ce mauvais coup du destin pour conclure l’hiver en force, réalisant sa meilleure course à vie lors de l’épreuve finale de Megève, une sixième place en parallèle. Son coéquipier Mikaël Kingsbury, le vainqueur, l’avait publiquement remercié de l’avoir aidé à choisir le bon parcours avant le duel décisif.

« J’ai terminé la saison comme deuxième Canadien derrière Mikaël. Maintenant, ça va être de me rapprocher de lui le plus possible tout en continuant de m’améliorer sur tous les aspects techniques. Je sais que si je fais ça, les résultats devraient continuer de progresser. »

Actuellement 15e au classement cumulatif après cinq départs, Dufresne connaît son meilleur début de saison. Onzième à Ruka, une montagne qui ne lui avait jamais souri, il a pris le neuvième rang à l’Alpe d’Huez le mois dernier, un sommet personnel en simple.

Je suis content de mon ski, du progrès que je vois à l’entraînement et de mes résultats. En même temps, je sais que je suis capable d’atteindre un autre niveau.

Gabriel Dufresne

La Coupe du monde de Val Saint-Côme, disputée en soirée vendredi (simple) et samedi (parallèle) est l’occasion rêvée pour y arriver.

Dufresne connaît la pente du Centre d’excellence acrobatique « comme le fond de [sa] poche ».

« Je suis du club de Saint-Côme et je me souviens quand ils construisaient la piste en 2010, 2011. Je m’y entraînais avec le club à 14 ans. Je l’ai fait ensuite avec l’équipe du Québec et en compétition. Depuis 2016, je m’y entraîne régulièrement avec l’équipe canadienne. »

Contrairement à Ruka, les spécificités de la piste nouvellement baptisée Alexandre Bilodeau lui parlent particulièrement.

Je l’ai tellement skiée de fois, dans toutes les conditions, qu’elle n’a plus de secrets pour moi.

Gabriel Dufresne

Dufresne voit donc les deux prochaines courses dans Lanaudière comme « une occasion d’atteindre un autre niveau ». « Ça va peut-être me permettre d’aller chercher des top 6 plus régulièrement pour aussi finalement monter sur le podium pour la première fois, à court terme. »

Contrairement au reste de l’équipe, hébergée dans des condos à proximité de la montagne, le favori local passe la semaine dans le chalet familial. Cette fois, pas question de suivre les compétitions dans le salon…

« Mettre le pied sur le gaz »

Originaire de Sainte-Adèle, Laurianne Desmarais-Gilbert est une autre skieuse qui connaît parfaitement la pente de Val Saint-Côme, s’y étant frottée souvent quand elle évoluait dans l’équipe du Québec.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Laurianne Desmarais-Gilbert

Elle considère cette familiarité comme un avantage, mais elle prévient : « Il ne faut pas oublier que Val Saint-Côme est l’une des pistes les plus difficiles au monde. »

Oui, je suis habituée à m’entraîner sur cette piste, mais ça reste un défi de taille.

Laurianne Desmarais-Gilbert

Avec seulement 12 départs en Coupe du monde, l’athlète de 25 ans est à une étape de développement moins avancée que celle de son coéquipier Dufresne, qui en compte 59. Son ambition pour les épreuves de vendredi et samedi : atteindre la phase finale, réservée aux 16 premières. « J’ai cogné à la porte deux fois avec une 18e position au mois de décembre dernier », a-t-elle souligné.

Pour y parvenir, elle devra « sortir de sa zone de confort », observe l’entraîneur de l’équipe canadienne de Coupe du monde, Michel Hamelin. « Elle est capable de le faire à l’entraînement, il faut qu’elle puisse le faire en Coupe du monde. Vous lui poserez la question ; c’est sûr qu’elle aura un sourire au visage… »

De fait, Desmarais-Gilbert est consciente de cette trop grande retenue quand elle porte un dossard. Son explication est éclairante :

« Autant dans la vie que dans le ski, je suis quelqu’un qui aime bien faire les choses. Je m’applique beaucoup, sauf que ça peut être un défaut un peu en ski… J’aime m’appliquer sur chaque virage, mais ça veut dire que je prends trop de temps à les faire. Je me concentre un peu trop sur la technique alors que je devrais laisser aller un peu plus et prendre de la vitesse. C’est ce qui manque à mon arsenal dans le fond. Juste de mettre le pied sur le gaz un peu… »

L’adrénaline d’une compétition à la maison sera-t-elle l’ingrédient qui provoquera ce sursaut d’énergie ?

Équipe féminine en transition

La retraite des sœurs Chloé et Justine Dufour-Lapointe a créé un vide dans l’équipe féminine canadienne de bosses, d’autant plus que la prometteuse Sofiane Gagnon, 12e aux JO de Pékin, s’offre une saison sabbatique pour se ressourcer.

L’entraîneur Michel Hamelin souligne que quelques athlètes de la relève ont pris une autre direction au cours des dernières années compte tenu de l’horizon vers l’équipe nationale qui semblait bloquée. « L’écart est un peu plus grand chez les filles que chez les gars, a soutenu le technicien. La nouvelle relève fait partie du groupe NextGen et des équipes provinciales. Ça va plutôt commencer à monter en Coupe du monde, avec les nouveaux noms, dans trois ou quatre ans, je dirais. »

Valérie Gilbert, la sœur de Laurianne Desmarais-Gilbert, en est une autre qui s’est retirée l’automne dernier, acceptant une offre de se joindre à la GRC. Auteure de 30 départs en Coupe du monde, elle s’était classée huitième à Tremblant en 2020.

« C’est ma petite sœur dans la vie, parce qu’elle a un an de moins que moi, mais c’est ma grande sœur dans le ski, parce qu’elle est montée dans l’équipe canadienne plusieurs années avant moi, a souligné Laurianne qui la consulte souvent. C’est vraiment vers elle que je me tourne chaque fois quand un entraînement ne va pas bien. »