Il y a fébrilité dans l’air chez le Canadien malgré l’élimination de l’équipe. Lane Hutson entamera vraisemblablement sa carrière avec le CH lundi soir à Detroit.

Hutson n’est pas le premier à susciter l’emballement en se pointant à Montréal en fin de saison à la conclusion de la NCAA. En voici cinq. Parmi eux, seul Cole Caufield connait une carrière correspondant aux attentes placées en lui.

D’ailleurs, les trajectoires aux antipodes des attaquants Caufield et de Sean Farrell, deux joueurs dominants dans la NCAA malgré leur petite taille, brouillent les pistes dans notre tentative de prédire l’avenir de Lane Hutson.

Celui-ci évolue évidemment à une position différente, la défense, mais le parallèle est néanmoins intéressant puisqu’il s’agit de trois joueurs de petite taille dominants dans la NCAA.

Farrell, il faut le préciser, évoluait dans une division nettement plus faible, l’ECAC, anciennement Ivy League, avec Harvard, contrairement à Hutson (Hockey East) et Caufield (Big Ten).

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Sean Farrell

Farrell a aussi accédé à la NCAA à l’aube de ses 20 ans, et connu sa première grande saison de domination à 21 ans, non sans avoir obtenu 28 points, dont 10 buts, en 24 matchs à sa première année. Caufield et Hutson ont pris d’assaut les rangs collégiaux à 18 ans et y ont eu un impact immédiat.

Même s’il joue en défense, qu’il a joué dans la NCAA à 18 et 19 ans — contrairement à 20 et 21 ans pour Farrell — et qu’il évoluait dans une division plus forte, Hutson a maintenu une moyenne de points par match supérieure à Farrell : 1,44 (97 points en 67 matchs) contre 1,39 (81 points en 58 matchs) et marqué autant de buts que lui.

Mais Hutson devra prouver qu’il peut défendre son territoire, ce que Farrell n’avait pas à faire, du moins pas de façon aussi importante.

Charlie Lindgren (2016)

Il n’y avait pas d’attentes envers Charlie Lindgren puisqu’il n’a jamais été repêché et que sa mise sous contrat avec l’équipe a pris un peu tout le monde par surprise. Mais l’arrivée de ce gardien de 22 ans a intrigué. Il a présenté une fiche de 30-9-1, une moyenne de 2,13 et un taux d’arrêts de .925 à sa dernière saison à St. Cloud State.

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Charlie Lindgren, en 2018

Le CH tenait tellement à lui qu’il lui a offert de terminer la saison à Montréal, au grand dam de Ben Scrivens, soumis au ballottage pour faire une place au jeune homme. Il a été brillant à son seul match, contre les Hurricanes en Caroline, dans une victoire de 4-2.

Mais il y a eu des hauts et des bas au cours des saisons suivantes et Lindgren n’est jamais devenu le dauphin de Carey Price comme on l’espérait. Après une carrière professionnelle passée essentiellement dans la Ligue américaine, il a finalement obtenu un poste de gardien numéro un cette année avec les Capitals de Washington, à 30 ans.

Ryan Poehling (2019)

Ce premier choix du Canadien, 25e au total, en 2017, ne constituait pas le plus grand compteur à St. Cloud State, il semblait même avoir stagné offensivement à sa troisième saison (31 points dont huit buts, en 36 matchs), mais Montréal s’est néanmoins emballé lors du Championnat mondial junior, où il a brillé avec huit points, dont cinq buts, en sept matchs et le titre de joueur par excellence du tournoi !

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Ryan Poehling, en 2019

On a préféré retenir le positif, le Championnat mondial, et Poehling constituait l’avenir du Canadien au centre en compagnie de Jesperi Kotkaniemi, déjà dans la LNH en 2018-2019. Poehling, la plupart s’en souviennent, a marqué trois buts contre les Maple Leafs de Toronto à son seul match en fin de saison, en plus du but gagnant en tirs de barrage. Son exploit lui a valu une invitation au tournoi de golf en septembre, malgré son inexpérience, honneur auquel Nick Suzuki, repêché la même année, mais fraîchement sorti des rangs juniors, n’a évidemment pas eu droit.

Poehling a marqué une seule fois en 27 matchs la saison suivante, après avoir subi une commotion cérébrale au camp d’entraînement. Après une deuxième saison en demi-teinte, il a été largué par la nouvelle administration. Après une année à Pittsburgh, il a trouvé une niche au centre du troisième trio à Philadelphie, là où on attend généralement les 25e choix au total.

Cole Caufield (2021)

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Cole Caufield

Contrairement à Poehling, Caufield a été fumant dans la NCAA à Wisconsin, mais moins éclatant au Championnat mondial junior. Malgré une production hallucinante de 30 buts en 31 matchs à sa deuxième saison collégiale, et 52 points, des doutes subsistaient à son endroit aux yeux de certains en raison de sa petite taille de 5 pieds 8 pouces et un manque d’explosivité sur patins, un peu comme c’est le cas avec Lane Hutson, 49 points en 38 matchs à sa seconde saison à Boston University, un rendement étonnant pour un défenseur. Caufield est d’abord passé par Laval. Après seulement deux matchs, on le savait trop fort pour la Ligue américaine, avec trois buts et une aide. Trois ans plus tard, il a sa place sur le premier trio et produit à un rythme de 32 buts par saison sur un calendrier de 82 matchs. Lane Hutson pourra-t-il faire taire ses détracteurs du haut de ses 5 pieds 10 pouces comme Caufield l’a fait avant lui ? On parle ici de deux talents exceptionnels, même si Hutson a été repêché en fin de deuxième tour seulement en 2022.

Jordan Harris (2022)

Choix de troisième tour en 2018, Harris n’a jamais été dominant offensivement à Northeastern University comme Hutson l’a été à Boston University, mais il jouait une trentaine de minutes par match à ses dernières saisons et contrôlait le match par son intelligence, son calme avec la rondelle et sa mobilité. Il constituait le cœur et l’âme de son équipe.

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Jordan Harris

On a commencé à s’emballer davantage à sa troisième saison chez les Huskies, en 2020-2021, avec sa production de 19 points en autant de rencontres et une participation au Championnat mondial junior. Mais il a surpris la direction du Canadien en prenant la décision de disputer une ultime saison à Northeastern. Certains y ont vu un pied de nez de façon à rejoindre éventuellement l’équipe de son enfance, les Bruins de Boston, à titre de joueur autonome après sa carrière collégiale.

L’arrivée de Kent Hughes au poste de directeur général, très familier avec Harris, a sans doute convaincu le jeune homme de rejoindre l’organisation. Il a disputé dix matchs à son arrivée, en fin de saison, en 2022. Il a obtenu un seul point et a eu de la peine à s’adapter au rythme soutenu de la LNH.

Deux ans plus tard, Harris appartient à la Ligue nationale, après deux saisons complètes avec le CH. Il excelle dans plusieurs phases du jeu, mais semble se chercher une identité. Défenseur offensif ? Pas vraiment. Défensif ? Quand même. Robuste ? Non. À 5 pieds 11 pouces et 185 livres, il faudra probablement choisir entre Hutson et lui si jamais la nouvelle sensation du CH joue à la hauteur des attentes.

Sean Farrell (2023)

Farrell constituait un modeste choix de quatrième tour en 2020, entre autres à cause de sa taille, mais il n’a jamais cessé d’épater après le repêchage. D’abord une saison record de 101 points en 53 matchs dans l’USHL, le circuit junior américain, puis une production de 53 points, dont 20 buts, en seulement 34 matchs à sa deuxième et dernière saison à Harvard. Farrell a aussi participé aux Jeux olympiques et au Championnat mondial avec des joueurs de la LNH, ce qui ajoutait à l’attrait à son endroit.

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Sean Farrell

Farrell a obtenu le privilège de terminer la saison avec le Canadien, tandis que le choix de deuxième tour de l’équipe en 2019, Jayden Struble, dont la carrière collégiale a pris fin en même temps, a été envoyé chez le Rocket de Laval avec un contrat d’essai dans la Ligue américaine. Avant de disputer un premier match à Montréal, on voyait Farrell dans les plans en raison de sa feuille de route des dernières années.

Même s’il a marqué son premier but en carrière, Farrell a connu six matchs pénibles avec le CH, incapable de gagner ses batailles pour la rondelle et un pas derrière dans le temps de réaction.

À 22 ans, il vient de connaitre une saison intéressante au sein du premier trio du Rocket de Laval, avec 28 points en 45 matchs, sans jamais mériter de rappel néanmoins. Il a été devancé dans la hiérarchie par Joshua Roy et on se demande s’il atteindra éventuellement la LNH sur une base régulière. Il demeure un attaquant de périphérie qui doit gagner en force physique.

Huston brillera-t-il comme Caufield, ou aura-t-il de la difficulté à s’ajuster comme Farrell ? C’est la grande question…

La course aux séries dans l’Est

Les Islanders de New York et les Capitals de Washington sont maîtres de leurs destins respectifs. En remportant leurs deux derniers matchs, ils se qualifieraient en séries. Les Red Wings de Detroit et les Penguins de Pittsburgh ont encore de l’espoir, mais leur sort ne dépend pas seulement d’eux. Les Flyers sont dans une position plus précaire avec un seul match à disputer.

Classement

  • Islanders 37-27-16 : 90 points
  • Capitals 38-31-11 : 87 points
  • Red Wings 39-32-9 : 87 points
  • Flyers 38-32-11 : 87 points *un seul match à disputer
  • Penguins 37-31-12 : 86 points

À noter que les Capitals devancent les Red Wings au classement malgré un nombre identique de points et une victoire supplémentaire. Mais la LNH tient d’abord compte des victoires en temps réglementaire pour trancher. En cas d’égalité, les Penguins auraient l’avantage, comme vous pouvez le voir ci-bas.

Victoires à la régulière

  • Penguins 31
  • Capitals 30
  • Flyers 30
  • Red Wings 27
  • Islanders 27

Horaire

Islanders

  • @ New Jersey lundi
  • @ Pittsburgh mercredi

Capitals

  • vs Boston lundi
  • @ Philadelphie mardi

Red Wings

  • vs Montréal lundi
  • @ Montréal mardi

Flyers

  • vs Capitals mardi

Penguins

  • vs Nashville lundi
  • @ NY Islanders mercredi

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