Le commun des mortels retiendra sans doute du premier week-end de David Reinbacher chez le Rocket de Laval son but spectaculaire en troisième période pour égaliser la marque vendredi.

Rien de surprenant. Cette séquence, où Reinbacher déjoue le défenseur Donovan Sebrango d’une belle feinte à la ligne bleue adverse, avant de battre le gardien d’un tir sec et précis, a été diffusée à répétition sur les réseaux sociaux.

Qui ne veut pas voir un jeune homme de 19 ans, fraîchement débarqué de l’avion en provenance de Suisse, à chercher ses repères après cinq jours en Amérique du Nord et à son premier match dans la Ligue américaine, réussir un tel jeu dans un moment de haute tension ? C’est le type d’action qui distingue le hockeyeur ordinaire du joueur d’impact.

Mais il y a tellement plus à apprécier du premier week-end de ce premier choix du CH, cinquième au total, en 2023.

David Reinbacher a fait du Rocket de Laval une équipe supérieure. Le Rocket a remporté trois matchs en autant de jours contre des rivaux directs, accordé seulement cinq buts et s’est immiscé parmi les clubs qualifiés en séries, deux points devant Belleville, avec un match de moins à disputer.

De voir l’entraîneur Jean-François Houle l’employer systématiquement sur la première unité en infériorité numérique, devant Justin Barron et Logan Mailloux, en dit long sur ses qualités en défense et la maturité de son jeu dans l’ensemble.

Reinbacher, doté d’un bon gabarit à 6 pieds 3 pouces et 209 livres, sait se situer dans l’espace sur une patinoire, possède un bon sens de l’anticipation qui lui permet de s’ajuster au jeu de l’adversaire, mais aussi de ses propres coéquipiers, et il est presque toujours bien positionné. Sa grande mobilité, en ligne droite comme latérale, lui permet de fondre rapidement sur son rival et réduire son temps et son espace. Il ne manque pas de chien non plus.

Sa plus grande qualité demeure sans doute sa prise d’information avant de recevoir la rondelle. Sa décision est prise avant que le disque n’aboutisse sur la palette de son bâton. Il gagne ainsi en temps de réaction et augmente le taux de réussite de ses passes. Il effectue rarement le mauvais jeu.

Tout n’a pas été parfait, évidemment. Il y a eu quelques bourdes, çà et là, corrigées par les gardiens Dobes et Koskisuo, mais surtout des erreurs de concentration et non de jugement. Après un match plus difficile samedi, Reinbacher a rebondi avec une performance plus achevée dimanche même s’il en était à un troisième match en autant de jours, en plus du voyagement et du décalage, depuis son arrivée d’Europe six jours plus tôt. L’adaptation à une patinoire de plus petite dimension n’a pas semblé poser problème non plus.

Ses qualités principales lui permettront sans doute d’accélérer son arrivée dans la LNH puisque les entraîneurs ont toujours tendance à favoriser les joueurs fiables. Prenez seulement l’exemple de Kaiden Guhle, admis chez le Canadien à seulement 20 ans, sans disputer un seul match dans la Ligue américaine.

Reinbacher, Logan Mailloux et Justin Barron sont trois défenseurs droitiers de 6 pieds 2 pouces et plus repêchés au premier tour.

Mailloux domine par sa force brute, un tir frappé d’une puissance retentissante et sa robustesse. Il a grandement amélioré son jeu défensif cet hiver. Mais il lui arrive encore de revenir à ses vieilles habitudes. Dans les dernières minutes de la rencontre dimanche et une avance à protéger, il se retrouve hors de position à sa ligne bleue en voulant distribuer la grosse mise en échec. Il compense ailleurs.

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Ses 42 points, dont 14 buts, en 63 matchs constituent une production impressionnante pour une recrue de 20 ans. Ses talents offensifs constitueront un atout éventuellement pour le CH, mais il ne deviendra sans doute pas le défenseur qu’on enverra sur la patinoire dans les situations défensives. Même s’il a 18 mois de moins, Reinbacher possède déjà un jeu plus complet et n’est pas dénué de flair offensif.

Barron, 22 ans, obtenu de l’Avalanche avec un choix de deuxième tour en 2024 dans l’échange pour Artturi Lehkonen, a connu un excellent week-end après quelques semaines plus difficiles. Il devra être soumis au ballottage à compter de l’an prochain s’il est rétrogradé dans la Ligue américaine. Il faudra lui faire une place à Montréal en 2024-2025, loin d’une certitude avec la présence de Mailloux et Reinbacher, ou l’échanger cet été si on obtient une offre intéressante.

Lane Hutson solide dans la défaite

L’espoir du Canadien Lane Hutson et Boston University entament le tournoi national de la NCAA jeudi contre Rochester Institute of Technology (RIT) à titre de deuxième favori même s’ils ont perdu en finale de la section Hockey East contre Boston College samedi. Boston University ne devrait pas avoir de difficulté à vaincre RIT au premier tour, mais pourrait retrouver Minnesota, une formation nettement plus coriace, au second tour, samedi.

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Lane Hutson

Si BU perd l’un de ses deux prochains matchs, la saison de Hutson est terminée et il pourra rejoindre le Canadien avec neuf matchs à disputer. S’il remporte ses deux matchs, il passe au Frozen Four, dont la première rencontre sera disputée le 11 avril et la finale deux jours plus tard. Montréal dispute ses deux derniers matchs les 15 et 16 avril.

Malgré une défaite sans appel de 6-2 contre Boston University samedi, Hutson a disputé un fort match. Ce choix de fin de deuxième tour en 2022 a joué plus de 30 minutes. Il a généré de nombreuses occasions de marquer, souvent en supériorité numérique, avec des passes précises au tireur sur réception à sa droite, la marque de commerce d’Andrei Markov à l’époque.

Hutson a perdu très peu de rondelles et a su annihiler de nombreux jeux en zone défensive malgré la puissance offensive de l’adversaire avec les Will Smith, Cutter Gauthier, Gabriel Perreault et Ryan Leonard. Malgré son utilisation à outrance et les six buts des Eagles, Hutson était sur la patinoire sur un seul but de l’adversaire, marqué dans un filet désert en fin de rencontre. Il a aussi obtenu une aide.