Ce n’est certainement pas la faute de David Reinbacher si le Rocket de Laval s’est fait rosser par la marque de 7-1 dimanche dernier à Toronto. Le défenseur n’est, après tout, arrivé au Québec que lundi.

Néanmoins, puisqu’il est désormais un membre à part entière du Rocket, il n’allait pas échapper à l’entraînement de mardi matin, qui fut tout sauf doux. Des batailles à un contre un à n’en plus finir, une intensité élevée au possible, et même une séance d’allers-retours entre les deux lignes bleues.

On ne fera pas de cachette : le jeune homme commençait à traîner la patte pendant cette portion punitive de cette première journée avec sa nouvelle équipe. Et on ne lui en fera pas le reproche, puisqu’il combattait le décalage horaire et qu’il n’avait pas disputé de match depuis deux semaines.

Le baptême de la Ligue américaine de Reinbacher est donc une chose réglée. Enfin, l’un de ses baptêmes, puisqu’il disputera vraisemblablement son premier match vendredi soir à Belleville, bourg ontarien qui porte très mal son nom.

« Il a vraiment bien paru, même s’il est arrivé dans un entraînement particulièrement difficile, a souligné son coéquipier Justin Barron. On voit tout de suite que c’est un joueur intelligent, qu’il voit bien le jeu. Il patine tellement bien… Je suis emballé qu’il soit arrivé, et j’ai hâte de le voir jouer. »

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David Reinbacher (à gauche) a participé à son premier entraînement avec le Rocket de Laval, mardi matin.

L’enthousiasme est probablement le sentiment qui résume le mieux l’arrivée de l’Autrichien de notre côté de l’Atlantique. Lors d’une courte mêlée de presse, il n’a pas caché son soulagement d’avoir enfin terminé une longue et pénible campagne à Kloten (17-29-6), où il a notamment joué sous les ordres de trois entraîneurs-chefs différents. Le directeur général du club a d’ailleurs été limogé, mardi.

Le « positif » qu’il tire de cette saison ? « J’ai passé beaucoup de temps en zone défensive, où j’ai pu me développer, a-t-il dit. J’ai fait beaucoup de vidéo, ce qui m’a permis de travailler de petits détails. »

Il estime aussi avoir « gagné en maturité » et avoir « commis des erreurs dont [il] peut apprendre ».

Reinbacher est bon joueur. Il n’a pas lancé de pierre à l’organisation qui lui a donné sa première expérience professionnelle. On l’a toutefois senti autrement plus enthousiaste lorsqu’il a parlé de la « belle expérience » qu’il s’apprête à vivre à Laval. Ayant participé au camp d’entraînement du Canadien en septembre dernier, il a reconnu plusieurs visages à son arrivée. Et après avoir passé des mois à perdre, il rejoint un groupe qui se bat pour accéder aux séries éliminatoires de la Ligue américaine.

« Je veux juste jouer, gagner en expérience et m’amuser », a-t-il résumé.

« Confortable »

Heureux hasard (ou pas), c’est exactement les attentes que formule l’entraîneur-chef Jean-François Houle à son endroit.

L’arrière de 19 ans, choix de premier tour du Tricolore au dernier repêchage (cinquième au total), devra bien sûr apprivoiser la petite patinoire nord-américaine et le changement de rythme subséquent dans le déroulement du jeu.

Du reste, « ce qu’on veut, c’est qu’il soit confortable », a indiqué le pilote, devant un groupe de journalistes certainement nombreux pour un petit mardi à Laval.

« On ne veut pas qu’il pense trop, a ajouté Houle. On veut juste qu’il joue, qu’il garde les choses simples. On veut qu’il ait du plaisir et qu’il démontre ce qu’il peut faire. »

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L’entraîneur-chef du Rocket de Laval, Jean-François Houle, et David Reinbacher

À l’entraînement, Reinbacher a été jumelé à Tobie Paquette-Bisson, devenu l’indiscutable mentor en défense cette saison. On peut donc présumer qu’il rejoindra rapidement le top 4, encore que, selon Houle, le temps de glace est réparti assez équitablement à cette position.

Logan Mailloux, pour sa part, patinait à la droite de William Trudeau, et Justin Barron, en compagnie d’Olivier Galipeau. Mattias Norlinder ressemblait drôlement à l’homme en trop, lui qui connaît une saison difficile.

Mailloux et Barron, par ailleurs, garderont leur place en avantage numérique… pour l’instant. Dans un premier temps, on concentrera la tâche de Reinbacher à cinq contre cinq. Mais on se doute que ce défenseur à caractère offensif obtiendra son tour avant longtemps.

Son arrivée, par ailleurs, injecte illico une dose de compétition interne sur le flanc droit de la défense du Rocket, désormais constitué de trois espoirs de haut rang du Canadien.

C’est tout un joueur et je sais qu’il va nous aider. Je ne suis pas inquiet pour la compétition, je veux juste gagner des matchs.

Logan Mailloux

Houle, de toute façon, ne veut pas se perdre en conjectures quant à l’utilisation de Reinbacher. Le Tricolore doit disputer deux matchs avant la prochaine rencontre du Rocket, si bien que sa formation peut encore changer d’ici à vendredi. Et il insiste : le jeune homme devra prendre son temps pour s’adapter à son nouvel environnement.

Quoique ça s’amorcera quand même vite, avec trois matchs en trois soirs, un classique de la Ligue américaine, et six en neuf soirs au total. « Il va quasiment coucher à l’aréna ! », a dit le pilote en riant.

À ses yeux, néanmoins, Reinbacher ne pourrait arriver à un meilleur moment, alors qu’à l’approche des séries, « le niveau de jeu est très élevé » dans la ligue.

« C’est super qu’il soit ici, croit Houle. C’est une belle occasion de se faire valoir. »

Ça tombe bien, son jeune protégé semble trouver la même chose.