(Seattle) Il y a peut-être une justice en ce bas monde, finalement.

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Meneur de la LNH pour les défaites par un but cette saison, souvent après avoir tenu son bout pendant une bonne partie du match, le Canadien s’est plutôt sauvé de Seattle avec une victoire écrasante en n’ayant franchement pas livré une grande performance.

La vie est toutefois plus douce lorsqu’un gardien adverse ouvre les vannes comme l’a fait Philipp Grubauer en première période. Il faut quand même le faire : les visiteurs n’avaient pas encore obtenu une excellente chance de marquer, mais c’était pourtant 2-0, résultat de deux déviations – l’une de Jamie Oleksiak contre son camp et l’autre d’Alex Newhook, plutôt habilement il est vrai. Après 20 minutes, c’était 4-0. Et à la sirène finale, mêlée aux huées de la foule, c’était 5-1.

« On a déjà beaucoup mieux joué dans des matchs qu’on a perdus, a admis Kaiden Guhle après coup. Peut-être que ce sont les dieux du hockey qui nous redonnent deux points. On va les prendre et se préparer pour le Colorado. »

On peut en effet avancer que l’Avalanche, prochain adversaire du Canadien, ne sera pas aussi clémente devant une attaque aussi timide. En dépit de ses cinq buts, dont un bijou de Mike Matheson en deuxième période, le CH n’a pas généré grand-chose sur le plan offensif. Une chance que c’était le Kraken, finalement, un club qui vient de subir une huitième défaite de suite.

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Philipp Grubauer (31) a dû céder sa place à Joey Daccord (35) en première période.

« Même si ce n’était pas toujours beau, on a trouvé une manière de gagner », a salué Newhook, auteur de deux buts, presque trois puisqu’il a frappé le poteau de plein fouet au dernier vingt. « Le moral est bas quand les défaites s’accumulent », a-t-il rappelé. Cette victoire a donc le mérite de « donner de l’énergie » aux troupes.

« Tout n’a pas été mauvais, a nuancé Trevor Letowski, entraîneur-chef par intérim. En troisième période, on ne cherchait plus vraiment à marquer ou à obtenir des tirs. On a plutôt voulu jouer de manière mature. » De manière à simplement protéger cette avance, comprend-on.

« Et ça, ça ne paraît pas sur la feuille de match », a ajouté Letowski. En effet.

Merci Primeau

Ce qui apparaît sur ladite feuille, toutefois, c’est le bilan des tirs au but (37-17 pour le Kraken), celui des buts attendus (4,27 contre 1,16, toujours pour les locaux, selon le site Natural Stat Trick) et celui des chances de marquer de qualité (15-6), toutes phases de jeu confondues.

Dans les circonstances, le pointage final confirme ce qu’ont vu nos yeux. Dans les mots de Trevor Letowski : Cayden Primeau a été le meilleur joueur de son club.

L’Américain s’est signalé dès les premiers instants de la rencontre, alors que le Kraken a pris la zone du CH d’assaut. Devant une enfilade de tirs francs, il n’a jamais paru ébranlé.

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Nick Suzuki

Ça s’est poursuivi tout au long de la soirée, jusqu’à tard en troisième, lorsqu’il a frustré Andre Burakovsky du bout du patin.

« C’est difficile de jouer dans cet aréna, a souligné Primeau. On savait qu’ils avaient perdu beaucoup de matchs et qu’ils allaient sortir fort. C’est toujours mieux quand on mène que quand on tire de l’arrière. »

Fait rare, il a indiqué avoir été déçu par sa période d’échauffement. Il peinait à bien suivre la rondelle des yeux, précisera-t-il. Conséquemment, il désirait « être à point dès le début du match ». C’est arrivé.

L’histoire aurait pu changer en deuxième période lorsque le Kraken s’est vu refuser un but. La reprise, en effet, a confirmé qu’il y avait eu un hors-jeu sur la séquence. Or, si le but avait été bon, il aurait porté le pointage à 4-2, à un moment où on sentait le vent tourner.

Cet évènement a réveillé les troupes, a confirmé Mike Matheson.

« On en avait parlé avant la deuxième période : il fallait être prêt à affronter une équipe différente, a raconté le défenseur. Et comme de fait, ils ont bien commencé. Alors quand leur deuxième but a été refusé, ç’a été notre chance de faire un reset. »

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Mike Matheson a marqué un but dans la victoire.

« On a profité de nos chances et on a eu une bonne performance de notre gardien », a finalement résumé Letowski.

Tout est là. Ce n’est pas exactement une formule souhaitable, en tout cas pas trop souvent. Comme l’a si bien dit Guhle, l’effort offensif et défensif devra être meilleur à Denver, face à une Avalanche qui a gagné 10 de ses 11 derniers matchs.

Mais comme l’a aussi dit Newhook, une petite victoire de temps en temps, c’est bon pour le moral. Même si celle-là ne passera pas à l’histoire.

Dans le détail

Première victoire pour Letowski

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Trevor Letowski derrière le banc du Canadien

Ce ne sont certainement pas les circonstances dont il avait rêvé, mais Trevor Letowski a signé sa première victoire comme entraîneur-chef dans la LNH. Il occupe, rappelons-le, ce poste en remplacement de Martin St-Louis, qui a quitté l’entourage de l’équipe il y a un peu plus d’une semaine pour des raisons familiales. La rondelle qu’on lui a remise après la rencontre restera un « très beau souvenir pour lui », mais la situation demeure « inconfortable » à ses yeux, « vu les circonstances ». « Ç’a été une semaine mémorable pour moi, mais surtout en raison de la manière dont l’équipe s’est regroupée, a-t-il dit en fin de soirée. Le personnel et les joueurs ont travaillé ensemble pour conserver une sorte de normalité. »

Matheson s’éclate

Le Canadien ne marque pas souvent en désavantage numérique ; il l’avait fait seulement quatre fois en 69 matchs avant dimanche, gracieuseté de Joel Armia et de Sean Monahan (deux chacun). Mike Matheson a maintenant ajouté son nom à la liste, et de fort belle manière. En deuxième période, alors que le Kraken évoluait avec un homme en plus, Jared McCann a tenté une passe hasardeuse en zone adverse, directement sur le bâton de Matheson. Celui-ci s’est mis en marche, défiant le pauvre Tomas Tatar qui, fatigué et visiblement peu habitué à être le dernier joueur en repli, n’a jamais fait le poids. Après s’être débarrassé de Tatar, le défenseur du Canadien a servi une feinte magistrale au gardien Joey Daccord pour marquer. « Un but de classe mondiale », dixit Letowski. Des mots justes.

Grubauer aux douches

La dernière fois que le Tricolore a gagné, il avait envoyé Elvis Merzlikins aux douches après moins de six minutes de jeu. Dimanche, les Montréalais ont vissé un autre panache au-dessus de leur foyer. Philipp Grubauer a cédé sur les deux premiers lancers du match, et sur quatre des six qu’il a affrontés au total. Le dernier, un tir peu menaçant d’Alex Newhook qui a trouvé son chemin entre ses jambières, lui fut fatal. Même s’il ne restait que deux minutes à la première période, l’entraîneur-chef Dave Hakstol a décidé qu’il en avait assez vu, et il a envoyé Joey Daccord en relève. En 27 départs cette saison, c’était la quatrième fois que Grubauer était retiré d’un match. En trois ans depuis qu’il joue à Seattle, l’Allemand n’a encore jamais conclu une campagne avec un taux d’efficacité égal ou supérieur à ,900.

Simon-Olivier Lorange, La Presse

En hausse : Kaiden Guhle

Premier match de trois points pour lui dans la LNH. Le fait qu’il ait accumulé ces trois points en 18 minutes est d’autant plus remarquable.

En baisse : Arber Xhekaj

La cohésion avec David Savard n’était pas au rendez-vous. N’eût été le brio de Cayden Primeau, son différentiel aurait probablement souffert.

Le chiffre du match : 66

Après 70 matchs, Nick Suzuki a déjà égalé son sommet personnel de 66 points. Il pourrait manquer de temps pour atteindre la barre des 80, mais il réalisera vraisemblablement la récolte offensive la plus prolifique de sa carrière cette saison.