(Seattle) Il y a les marchés où l’aréna est établi au cœur du centre-ville. Montréal, Toronto, Boston, Winnipeg, Nashville…

Il y a les marchés où l’aréna est légèrement excentré. Philadelphie, San Jose…

Il y a les marchés où l’aréna est parachuté en banlieue, poétiquement sur le bord de l’autoroute. Raleigh, Ottawa, Anaheim…

Puis il y a Seattle.

À son premier et unique passage dans le chef-lieu de l’État de Washington, il y a deux ans et demi, le représentant de La Presse s’était ému de la somptuosité du Climate Pledge Arena, domicile flambant neuf du Kraken de Seattle, dont la conception est unique dans la LNH.

Lisez « Un aréna comme une œuvre d’art »

La description des lieux est toutefois incomplète si l’on ne parle pas des alentours de l’amphithéâtre et de son intégration au paysage urbain. L’édifice, en effet, est planté au centre de Seattle Center, immense parc situé à une vingtaine de minutes du centre financier et du marché de Pike Place, lieu prisé des touristes. On a déjà vu pire voisinage.

PHOTO SIMON-OLIVIER LORANGE, LA PRESSE

Constituée de 41 cylindres d’acier, L’Iliade olympique, sculpture géante de l’artiste américain Alexander Liberman, domine l’extrémité sud de Seattle Center.

Sur cet immense campus de 74 acres, soit l’équivalent d’une cinquantaine de terrains de football, cohabitent une trentaine d’établissements culturels et sportifs : la célèbre Space Needle, l’opéra, le Centre des sciences, des musées, des théâtres, mais aussi le Memorial Stadium, stade de 12 000 places où sont présentés des matchs de football et de soccer, et évidemment le Climate Pledge Arena.

Ce dernier ayant majoritairement été construit sous terre, il se marie harmonieusement au décor sans choquer l’œil. Ne cherchez pas d’éléphant blanc, il n’y en a pas.

Au centre du quadrilatère, un lieu de foires où sont tenus différents évènements gratuits. En ce dimanche, on y présente le French Fest, « célébration des cultures francophones » organisée notamment par le chapitre du nord-ouest de la Chambre de commerce franco-américaine. Connaissiez-vous son existence ? Nous non plus.

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Principalement creusé dans le sol, le Climate Pledge Arena est considérablement plus bas que les autres édifices de la LNH.

L’un de ses administrateurs, Louis Scott de Martinville, nous explique pourtant que quelque 10 000 natifs de France sont établis en Idaho, en Oregon et dans l’État de Washington, principalement en raison de la forte présence des industries informatique (pensons à Microsoft) et aéronautique (par exemple, Boeing). En riant, il souligne que les Français sont généralement charmés par les régions où il y a de la bonne nourriture et du bon vin. Nous gardons pour nous nos remarques désobligeantes sur le Plateau Mont-Royal. Très sympathique rencontre, néanmoins.

Mais revenons à nos moutons. Entre les différentes attractions de Seattle Center, des sentiers, espaces verts et œuvres d’art géantes complètent l’offre. À côté de l’aréna – si près que notre téléphone se connecte automatiquement à son réseau sans fil –, la « fontaine internationale », conçue par deux architectes japonais en vue de l’Exposition universelle de 1962, attire des centaines de curieux en ce dimanche après-midi ensoleillé, à quelques heures du match opposant le Canadien de Montréal au Kraken de Seattle. C’est d’ailleurs de là que nous écrivons l’essentiel du présent texte, peu pressé que nous sommes d’entrer à l’intérieur pour un duel de fond de classement.

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Cinq fleurs géantes du projet Sonic Bloom, de l’artiste Dan Corson, absorbent l’énergie solaire et s’allument le soir venu.

L’amphithéâtre, comme plusieurs des bâtisses de Seattle Center, est lui aussi un héritier de l’expo. Dans les années 1960, la Ville a converti le pavillon de l’État de Washington en plateau sportif destiné à accueillir du basketball, d’abord universitaire puis professionnel. Dans les années 1990, des rénovations majeures ont vu l’édifice descendre sous terre, conservant toutefois l’apparence de son toit d’origine. Une ultime vague de rénovations a été lancée au milieu des années 2010, accouchant de l’itération actuelle.

Bref, il y a toutes sortes de manières d’imaginer et de construire un amphithéâtre d’envergure, capable d’héberger des équipes professionnelles et de présenter des concerts. Il y a aussi toutes sortes de manières de le faire exister dans son environnement, dans sa communauté. Sans vouloir jouer à l’urbaniste à cinq sous, avançons que Seattle a réussi un sans-faute.