La rubrique où les journalistes de l’équipe des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir.

Alexandre Pratt

Incontestablement la finale de l’Omnium Banque Nationale de Montréal, l’été dernier. La pluie avait perturbé l’horaire du tournoi, si bien que Liudmila Samsonova s’est retrouvée à disputer la finale seulement deux heures et demie après sa victoire en demi-finale. Elle était brûlée – et pas juste un peu. Jessica Pegula l’a démolie, 6-1, 6-0, dans un match à sens unique qui n’a duré que 49 minutes. « Je ne sais pas quoi dire, avait lancé Samsonova après sa défaite. Je suis sortie du terrain, puis tout à coup, j’y étais de nouveau. C’était étrange. »

Mathias Brunet

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphane Ouellet au tapis lors de son combat contre Joachim Alcine en 2004

Stéphane Ouellet était sans doute le boxeur québécois le plus doué de sa génération dans les années 1990. S’il n’avait pas été habité par ses démons, il aurait sans doute pu appartenir à l’élite mondiale. Son histoire est habilement racontée dans une biographie écrite par Jacques Pothier : Stéphane vs Ouellet. Après une défaite cinglante dans son combat le plus important en carrière, contre Omar Sheika au MGM Grand de Las Vegas, en avril 2001, on le savait au bout du rouleau. Ouellet a subi deux autres défaites, dont une cinglante contre Joachim Alcine qui aurait pu le décapiter, avant de se lancer dans les combats ultimes. Son combat à l’Auditorium de Verdun contre un dénommé Shawn « Pain » Peters était d’une tristesse infinie. Ouellet a vite été projeté au sol par son adversaire à la barbichette et au regard satanique, avant d’encaisser les coups de poing au visage sans être capable de riposter. Non seulement Ouellet n’était pas en forme et était même bedonnant, un contraste avec l’athlète de pointe qu’il avait déjà été, mais il ne maîtrisait pas non plus cette autre forme de combat. Il a été disqualifié après avoir mordu la joue de Pain, presque une bénédiction finalement parce qu’il aurait pu se blesser sérieusement. Ainsi prenait fin sa carrière, ou presque, puisqu’il a disputé un dernier combat contre un portier dans l’anonymat le plus complet, et perdu. Stéphane Ouellet a retrouvé la sérénité aujourd’hui, dit-on, et est heureux comme il ne l’avait jamais été dans sa peau de boxeur.

Richard Labbé

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Les joueurs du Canada célèbrent un but lors de la Coupe du monde de hockey en 2004.

J’ai toujours adoré les compétitions internationales au hockey. Des Jeux olympiques de 1980 à Lake Placid aux classiques de la Coupe Canada (surtout celle de 1987 !), jusqu’à l’euphorie de la Série du siècle de 1972, vécue par la mémoire de mon père qui me racontait ses coups de klaxon dans les rues de Montréal après le but de Paul Henderson, l’ambiance des gros matchs internationaux m’a toujours fasciné. C’est donc avec un enthousiasme débordant que je suis allé couvrir le volet scandinave de la Coupe du monde de hockey en 2004, et enfin, la grande finale à Toronto en septembre. Cette finale s’est conclue avec une victoire du Canada, et j’ai cru naïvement que le centre-ville de Toronto allait célébrer jusqu’à 5 h du matin, mais non. Au sortir de l’aréna, zéro, aucune fête, personne dans la rue, à part deux ou trois partisans éméchés. Une fois les entrevues d’après-match terminées, les joueurs canadiens sont tous sortis de là en vitesse, comme après n’importe quel match. Quand je suis retourné au vestiaire des gagnants pour tenter d’attraper un dernier joueur, il n’y avait plus rien, sauf des restants de ruban adhésif par terre, et le trophée de la Coupe du monde oublié là, seul, au centre de la pièce. Comme on dit par chez nous : pouet pouet pouet.

Jean-François Téotonio

Dans le monde du sport professionnel, il existe très peu de spectacles aussi peu édifiants que les premiers combats d’un gala de boxe. Les tables et les gradins se remplissent tranquillement, mais ils demeurent, à ce moment, à moitié vides. On entend plus les commandes faites aux serveurs que les acclamations des rares coups bien placés sur le ring. Et ça, c’est si le pauvre Mexicain venu gagner quelques milliers de dollars à Montréal n’est pas déjà au tapis avant que les premières bières ne soient servies. Souvent, les pugilistes dans l’arène ne sont pas ceux qui figurent sur le programme de la soirée, remplacés à la dernière minute. De toute façon, personne ne va s’en émouvoir : l’exercice ne sert qu’à remplir le vide d’ici aux combats les plus importants de la soirée. On ne blâme personne, ici. Ni les promoteurs ni les boxeurs. Mais en matière de spectacle sportif, on repassera.

Simon-Olivier Lorange

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le gardien du Canadien Jeff Hackett en mars 1999

Je n’avais jamais vérifié la date, mais l’« évènement » fête ses 25 ans ces jours-ci. Nous sommes donc le 6 mars 1999. Du haut de mes treize ans et trois quarts, j’attends depuis des mois LE match dans l’année pour lequel mon père recevra des billets au bureau. En route vers le Centre Molson, j’explique au bon Yves que le Lightning de Tampa Bay est un club misérable, le pire de la ligue, et que comme le Canadien et mon nouveau gardien préféré Jeff Hackett viennent de tenir tête aux Sénateurs, aux Penguins et aux Flyers, il n’y a pas de raison que ça se passe mal. Quelques heures plus tard, après une défaite cuisante de 6 à 1, résultat notamment d’un tour du chapeau de Wendel Clark et du brio de Corey Schwab devant le filet, le retour à la maison a été autrement plus silencieux. Un spectacle pitoyable, du début – les joueurs locaux ont cadré cinq tirs en première période – jusqu’à la sirène finale, sous les huées. Le Lightning n’a remporté que sept matchs sur la route cette saison-là. L’une de ces victoires a certainement ruiné ma soirée.

Jean-François Tremblay

J’ai assisté à quelques évènements sportifs qui ressemblaient plus à un salon funéraire ; sans ambiance, sans résultat, sans plaisir, c’est cent piasses. Mais je ne crois pas avoir vécu une soirée plus oubliable que celle du 2 mars 2018, ironiquement une date que je n’ai jamais oubliée pour cette exacte raison. Le Canadien rendait visite aux Islanders de New York dans leur minable aréna de Brooklyn, le Barclays Center. Un aréna fait pour le basket, parfaitement carré, avec des vues obstruées partout, et un des quatre côtés qui est un grand mur noir au lieu d’être des gradins. Il y avait à peine plus de 10 000 spectateurs (officiellement…) pour assister à ce soporifique duel entre deux clubs soporifiques. Voici ce que j’en avais écrit : « Les Islanders sont bons derniers de la LNH pour les assistances. Mais tout ça demeure très abstrait… avant d’entrer dans le Barclays Center. À 10 minutes du début du match, nous pouvions pratiquement compter les spectateurs. Un peu plus tard, les sections du bas se sont considérablement remplies, mais il restait des tonnes de trous un peu partout, dans les simples gradins comme dans les loges. Il est rare que ce soit si vide derrière un gardien : des sections entières sans un seul partisan. » J’en retire l’intime conviction que ce sont trois heures de ma vie que je ne reverrai jamais.

Appel à tous

Et vous, quel est le pire spectacle sportif auquel vous avez assisté et pourquoi ?

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