Ceux qui rêvaient secrètement d’un choix de premier tour pour le défenseur David Savard seront déçus ce matin.

L’arrière droitier défensif le plus convoité sur le marché des échanges, Chris Tanev, vient de rapporter aux Flames de Calgary des choix de deuxième tour en 2024 et troisième tour en 2026. Ce choix de troisième tour deviendra un choix de deuxième si les Stars de Dallas atteignent la finale cette année.

Tanev, 34  ans, 6  pieds 2  pouces et 193 livres, jouait 19 : 50 à Calgary. Sa fiche de +16 était la meilleure chez les défenseurs des Flames après Noah Hanifin à +17.

Savard, 33 ans, 6 pieds 1 pouce et 235 livres, joue 20 : 22 à Montréal, à défaut de compétition. Justin Barron et Johnathan Kovacevic ont bouché des trous à droite pendant une portion importante de la saison, jusqu’à la mutation de Kaiden Guhle.

À Calgary, malgré la présence de Rasmus Andersson et MacKenzie Weegar, Tanev se chargeait des missions délicates en défensive. Le coefficient d’efficacité à 5 contre 5 de Tanev est supérieur à celui de Savard, 49,5 % contre 42,4 % pour le défenseur du Canadien. En bref, Tanev est légèrement mieux coté, même si certains ont tendance à le surévaluer.

La situation contractuelle de ces deux défenseurs diffère et complexifie l’analyse. Tanev en est à la dernière année d’un contrat à un salaire annuel de 4,5 millions. Les Stars ont dû offrir aux Devils du New Jersey un choix de quatrième tour pour qu’ils absorbent 50 % de son salaire.

Savard est sous contrat pour encore un an, à un salaire annuel de 3,5 millions. Les clubs vont généralement donner un peu plus pour un joueur sous contrat pour une année supplémentaire, mais pas nécessairement dans le cas de David Savard.

Au sein d’un club aspirant à la Coupe Stanley, le Québécois se retrouverait probablement au sein d’une troisième paire, comme ce fut le cas en 2021 avec Tampa. Par contre, les équipes de tête sont presque toutes coincées par le plafond salarial et peuvent difficilement se permettre de payer un tel défenseur plus de 3 millions.

Le CH peut néanmoins toujours conserver la moitié du salaire de son défenseur, c’est presque un prérequis, ou encore accepter un vilain contrat en retour.

Le choix de deuxième tour des Stars se situe aux environs du 60e rang, peut-être plus loin si ce puissant club atteint le carré d’as en séries.

Kent Hughes doit mesurer si l’apport dans la prochaine année de Savard, non seulement un élément de stabilité au sein d’une défense encore fragile, mais un grand frère pour les jeunes joueurs de l’organisation, vaut davantage qu’un choix de fin de deuxième tour.

La présence de Savard pour encore une saison permettrait aussi d’éviter de lancer un David Reinbacher ou un Logan Mailloux, des défenseurs droitiers eux aussi, trop vite dans la gueule du loup, surtout dans une saison 2024-2025 où l’équipe voudra progresser.

Il y a toujours moyen de repêcher des Lane Hutson en fin de deuxième tour, mais Hutson, même s’il emballe plusieurs partisans du CH, n’a pas encore prouvé qu’il avait l’étoffe d’un défenseur de premier plan, et les pépites sont généralement rares à ce rang.

Entre le 55e et le 66e rang, entre 2005 et 2021, le Canadien a repêché Riley Kidney, Oliver Kapanen, Mattias Norlinder, Jacob Olofsson, Cam Hillis, Josh Brook, Joni Ikonen, Artturi Lehkonen, Tim Bozon, Joonas Nattinen, Danny Kristo, Olivier Fortier et Ryan White. Un taux de réussite de 8 %… à moins que vous ne considériez White comme une réussite avec ses 61 points en 313 matchs dans la LNH, ce qui ferait grimper le taux à 12 %.

Le départ de David Savard pour un choix de fin de deuxième ou troisième tour vaudrait davantage la peine l’an prochain, à quelques mois de l’expiration de son contrat.

Les femmes innovent !

La Ligue professionnelle de hockey féminin ne craint pas d’innover. Leurs deux nouvelles règles font beaucoup jaser depuis mercredi, et donnent des munitions à ceux qui rêvent de voir la LNH montrer plus d’audace.

La règle pour empêcher les pires équipes de couler volontairement au classement pour mettre la main sur le meilleur choix au repêchage est intéressante. Les clubs accumuleront des points dès leur élimination et celle avec le plus haut total obtiendra le premier choix. Ce règlement favorisera les pires clubs au classement, car ils disposeront de plus de matchs pour amasser des points, mais ils devront néanmoins gagner leurs matchs pour engranger le nombre de points nécessaires.

Le second règlement constitue un cadeau empoisonné et défavorise les clubs de tête. Les organisations prennent toujours le maximum de précautions à l’aube des séries éliminatoires pour ne pas motiver l’adversaire.

En donnant au club de tête le loisir de choisir son opposant parmi les clubs de troisième et quatrième place, on offre des munitions à l’équipe défavorisée. C’est génial au plan marketing et l’idée engendrera beaucoup de discussions, mais pas sûr que l’équipe championne sera heureuse d’annoncer son choix…