Les fans du Canadien ont sans doute avalé leur petit déjeuner de travers, lundi matin, s’ils ont lu les propos de l’entraîneur en chef des Coyotes de l’Arizona, André Tourigny, publiés dans nos pages.

Une reconstruction ne mettrait pas cinq ou six ans à s’achever, mais entre huit et treize ans, selon les calculs de Tourigny et de son directeur général Bill Armstrong.

Lisez l’entrevue avec André Tourigny

Rassurez-vous, le Canadien n’en a pas jusqu’en 2034 à se faire dominer outrageusement comme il l’a été samedi devant les Hurricanes de la Caroline…

Le terme reconstruction est désormais utilisé à toutes les sauces dans le monde du hockey, mais il comporte de multiples variantes.

Une reconstruction sauvage, comme la plus récente des Blackhawks de Chicago, qui va même jusqu’à échanger ses meilleurs jeunes joueurs de 21 et 24 ans, prendra beaucoup plus de temps, et pourrait même ne pas aboutir si on ne prend pas les bonnes décisions.

Celle du Canadien pourrait être qualifiée de semi-agressive. Kent Hughes accumule les choix au repêchage en évitant de retenir des vétérans en fin de contrat, il a même osé échanger un bon attaquant au début de la trentaine, Tyler Toffoli, pour un choix supplémentaire et un espoir, mais il a aussi utilisé un choix de première ronde obtenu pour Alexander Romanov pour obtenir un centre de 21 ans, Kirby Dach, et ainsi accélérer cette reconstruction.

Et malgré le mal que certains peuvent dire de son prédécesseur Marc Bergevin, celui-ci a laissé une bonne relève entre les mains de la nouvelle administration. Gorton, Hughes et cie ne partaient pas à zéro en 2022. Il y avait Nick Suzuki, 22 ans, Cole Caufield, 21 ans, déjà forts d’une solide expérience en séries éliminatoires, Alexander Romanov, 22 ans, qui a permis d’obtenir Dach, Josh Anderson, 27 ans, finalement conservé par l’équipe, et les jeunes Kaiden Guhle, Jordan Harris, Arber Xhekaj, Sean Farrell, Jesse Ylönen, même Rafaël Harvey-Pinard, contre toute attente, dans l’antichambre.

Le calcul d’André Tourigny et de son patron est généreux. Dans le cas de l’Avalanche, le point de départ se situe en 2009, première année catastrophique depuis le déménagement des Nordiques, avec une 28e place au classement général, et la sélection de Matt Duchene au troisième rang quelques mois plus tard, à la conquête de la Coupe Stanley en 2022.

Pour le Lightning, la première année de la reconstruction a été établie à 2008, avec cette 30e position au classement général et la sélection de Steven Stamkos au premier rang, à la première de leurs deux Coupes Stanley en 2020.

Mais pour rassurer les partisans du Canadien, l’Avalanche et le Lightning n’ont pas passé une douzaine de saisons à se faire défoncer par l’adversaire.

Tampa a connu deux saisons difficiles après l’arrivée de Stamkos, le propriétaire a changé, la direction aussi, avec Steve Yzerman et Julien BriseBois, on a même atteint le carré d’as en 2011, avec l’entraîneur Guy Boucher, raté les séries lors des deux années suivantes, mais participé aux séries cinq fois en six printemps entre 2014 et 2019, et même atteint une finale de Coupe Stanley et deux autres carrés d’as au cours de cette période, comprise dans les douze ans de reconstruction évoquée par la direction des Coyotes !

Le parcours est semblable au Colorado. L’Avalanche a surpris en 2009-2010, donc l’an 2 de reconstruction, avec une fiche de 43-30-9 et une 12e place au classement général.

Quatre ans plus tard, galvanisé par l’arrivée de l’entraîneur Patrick Roy, le Colorado terminait au troisième rang du classement général avec une fiche de 52-22-8, avant de s’incliner en première ronde des séries.

Ont suivi trois années difficiles, dont une 30e place au classement général en 2017, l’année de la sélection de Cale Makar au quatrième rang, puis quatre participations consécutives aux séries, entre 2018 et 2021, dont trois victoires de suite en première ronde, avant la première Coupe l’an dernier.

Il faut donc calculer quatre ou cinq ans pour la constitution d’un solide noyau, une seconde phase de quatre ou cinq ans de participation aux séries, et quelques éliminations cruelles, avant d’aspirer à soulever la Coupe et aussi, surtout, espérer répéter l’exploit pendant les cinq ou six années suivantes.

Les Penguins de Pittsburgh et les Blackhawks de Chicago ont vécu une longue traversée du désert avant de remporter quelques Coupes Stanley. Mais contrairement au Lightning et à l’Avalanche, la seconde phase, celle des défaites pédagogiques en séries, n’a pas duré longtemps.

Pittsburgh a atteint la finale en 2008, un an seulement après leur première participation en séries éliminatoires depuis 2001, puis remporté la Coupe l’année suivante.

Chicago atteint le carré d’as en 2009, dès sa première participation en séries en six ans, la deuxième fois en dix ans, puis gagné la Coupe l’année suivante.

Kent Hughes doit avoir la même méthode de calcul. Le Canadien allait mettre deux ou trois ans avant de pouvoir atteindre les séries éliminatoires de façon régulière. La reconstruction s’est entamée il y a un an, mais le CH a gagné quelques saisons avec un jeune noyau déjà en place.

Il faudra ensuite quelques défaites cruelles en séries, entre 2025 et 2030, avant d’espérer constituer une puissance de la LNH comme l’Avalanche ou le Lightning.

Seulement cinq clubs, Chicago, Tampa, Pittsburgh, Los Angeles et Detroit ont remporté la Coupe Stanley plus d’une fois lors des vingt dernières années.

Les quatre premiers ont eu à se soumettre à de longues reconstructions. Detroit, dont la dernière conquête remonte à 2008, et l’avant-dernière à 2002, profitait d’un noyau constitué au début de l’ère du plafond salarial.

Et puis il y a les Bruins. Une seule fois champions, en 2011, mais finalistes en 2013 et 2019, exclus seulement deux fois des séries, en 2015 et 2016, après une réinitialisation, et encore une fois de sérieux prétendants cette saison avec leur vieux loup Patrice Bergeron en tête.

Mais qui a la prétention d’imiter avec succès ces fichus Bruins, un modèle atypique ?

Le centre d’avenir des Wings vient d’arriver

Avec l’absence de Juraj Slafkovsky, blessé depuis le 15 janvier, on retrouve un seul représentant de la cuvée 2022 du repêchage de la LNH, et il ne s’agit pas de Shane Wright ni de Logan Cooley.

Marco Kasper, un centre autrichien de 18 ans repêché au huitième rang, vient d’être rappelé par les Red Wings à la suite de l’élimination de son équipe, Rögle, en séries éliminatoires de la première division suédoise (SHL).

Kasper, 6 pieds 1 pouce et 192 livres, coéquipier de l’espoir en défense du Canadien Adam Engström, a amassé 23 points en 52 matchs à Rögle, une production fort intéressante pour un jeune de son âge.

Le jeune homme n’a pas obtenu de point à son premier match, dimanche dans une victoire de 5-2 contre Toronto, mais il a joué 14 : 59, au centre du deuxième trio entre Andrew Copp et Lucas Raymond, le plus haut total chez les attaquants après Dylan Larkin, Copp et David Perron. Il a laissé une très bonne première impression à l’entraîneur Derek Lalonde.

Detroit comptait un autre jeune de 20 ans ou moins dans sa formation, Simon Edvinsson, un défenseur de 6 pieds 6 pouces et 209 livres, sixième choix au total en 2021. Edvinsson a joué 22 : 25.

Les Wings seront à surveiller ces prochaines années…

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