La défaite cinglante du Canadien, jeudi soir en Floride, a sans doute agacé Kent Hughes, mais ne l’a sûrement pas empêché de dormir.

Barry Trotz, fraîchement nommé à titre de directeur général à Nashville, n’a pas la pression de certains autres collègues. Il entame à peine la phase de réinitialisation des Predators dans son rôle officieux pour l’instant.

Tampa, Boston et le Colorado ont de grandes aspirations ce printemps, mais une défaite au premier tour ne coûterait pas le poste de leurs gestionnaires en raison de leurs succès des dernières années.

Tous n’ont pas cette chance. Certains directeurs généraux en sont à la dernière année de leur entente, d’autres voient arriver un nouveau propriétaire dans le décor. Il y a aussi ceux dont les succès tardent depuis trop longtemps. Voici cinq DG sous pression.

Ron Hextall, Penguins

L’insatisfaction s’est installée cet hiver à Pittsburgh même si les Penguins semblent en position de participer aux séries éliminatoires. Ils détiennent pour l’instant trois points d’avance sur les Panthers de la Floride, dernier club exclu. Mais mardi encore, lors de la visite du Canadien, on observait de nombreux sièges vides dans l’amphithéâtre et Hextall n’est pas un homme très populaire en ville même s’il a gardé le noyau des Penguins intact.

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Ron Hextall

Hextall est encore sous contrat jusqu’en 2025, mais il a été embauché par les anciens propriétaires des Penguins. Les nouveaux patrons depuis novembre 2021, Fenway Sports Group, aussi détenteurs des Red Sox de Boston et de Liverpool, en Premier League anglaise, ne sont pas redevables à Hextall et à son président Brian Burke, même s’ils ont fort probablement donné leur aval aux contrats à long terme accordés l’été dernier à Kris Letang et Evgeni Malkin.

Les échanges de Mike Matheson pour Jeff Petry et John Marino pour Ty Smith ne le font pas bien paraître. Ni les contrats accordés l’été dernier à Jeff Carter et Kasperi Kapanen. Heureusement, les Blues lui ont rendu service en réclamant Kapanen au ballottage.

Une sixième élimination au premier tour (ou avant) pourrait inciter les propriétaires à sacrifier Hextall pour calmer la grogne.

Pierre Dorion, Sénateurs

Les Sénateurs rateront vraisemblablement les séries éliminatoires pour une sixième saison consécutive tout en ayant cédé leurs choix de premier tour en 2022 et 2023, mais ils ne sont pas en vilaine position pour autant puisque ces choix ont servi à acquérir des joueurs dans la force de l’âge, Alex DeBrincat et Jakob Chychrun, et le noyau demeure jeune.

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Pierre Dorion et Derick Brassard (61) lors du 1000e match de ce dernier, plus tôt ce mois-ci.

Mais les Sénateurs seront vendus ces prochaines semaines par la succession du défunt propriétaire Eugene Melnyk et un changement de garde au sommet de la pyramide peut entraîner des bouleversements au sein de l’administration, surtout après sept exclusions des éliminatoires en huit ans, reconstruction ou pas.

L’un des favoris dans la course, l’acteur Ryan Reynolds, vient de vendre avec ses associés leurs parts dans la compagnie Mint Mobile pour la bagatelle de 1,35 milliard. Il ne manquera pas de fonds pour acheter l’équipe et sa personnalité n’annonce pas un éventuel propriétaire dans l’ombre de ses hommes de hockey.

Dorion est néanmoins sous contrat jusqu’en 2025 et il n’a pas fait un vilain travail de construction jusqu’ici.

Brad Treliving, Flames

Brad Treliving a sans doute poussé un immense soupir de soulagement, jeudi soir.

La victoire des Flames, 7-2 contre Vegas, combinée à la défaite des Jets, 3-0 face à Boston, a permis à Calgary de s’approcher à trois points de Winnipeg et de la dernière place donnant accès aux séries.

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Brad Treliving

Contrairement à Dorion et Hextall, le contrat de Treliving vient à échéance à la fin de la saison. Le DG des Flames a réagi promptement au départ de Johnny Gaudreau et à la demande d’échange de Matthew Tkachuk.

Il a échangé Tkachuk aux Panthers pour un choix de premier tour en 2025, Jonathan Huberdeau et MacKenzie Weegar, avant de leur accorder chacun une prolongation de contrat de huit ans, pour 84 millions et 50 millions respectivement, sans oublier les 49 millions pour sept ans cédés à Nazem Kadri.

Tkachuk, 25 ans seulement, pointe au quatrième rang des compteurs de la LNH avec 91 points en seulement 65 matchs. Huberdeau se dirige vers une saison de 57 points après en avoir amassé 115 l’année précédente. Kadri sera chanceux s’il atteint la barre des soixante, après une saison de 87 points au Colorado.

Rien ne justifie une prolongation de contrat à Treliving.

Kyle Dubas, Maple Leafs

Pour certains, les Maple Leafs de Toronto ont paniqué en offrant deux choix de premier tour, deux choix de deuxième tour, et des choix de troisième et quatrième tour pour obtenir le vétéran Ryan O’Reilly, le défenseur Jake McCabe et Sam Lafferty. Mais quiconque dans les souliers du directeur général Kyle Dubas aurait sans doute fait la même chose. Les Maple Leafs n’ont pas franchi le premier tour éliminatoire lors des six dernières saisons. Une autre défaite en pareilles circonstances fera sans doute rouler des têtes, dont celle de Dubas, à sa dernière année de contrat, et peut-être même celle du président Brendan Shanahan. Les Maple Leafs connaissent déjà leurs adversaires : le Lightning de Tampa Bay, finaliste de la Coupe Stanley lors des trois dernières saisons, encore redoutable cette année avec une fiche de 41-22-6, au huitième rang du classement général.

La pression est forte sur les Maple Leafs, même si on oublie à quel point la formule des séries éliminatoires est d’une cruauté épouvantable pour la formation torontoise. Manque de pot, O’Reilly s’est blessé récemment et ratera quelques semaines.

Bill Zito, Panthers

Le poste de Zito n’est pas menacé, surtout après la brillante saison régulière des Panthers l’an dernier, mais rater les séries ce printemps le ferait mal paraître, surtout après les efforts déployés depuis un an pour améliorer cette équipe.

Heureusement pour lui, les succès récents de l’équipe ramènent les Panthers dans la course aux séries et non dans celle pour la loterie. Le choix de premier tour en 2023 offert au Canadien pour le défenseur de location Ben Chiarot ne comportait aucune clause particulière et à un certain moment cette saison, le CH pouvait espérer remporter la loterie avec ce choix. Ben Chiarot pour Connor Bedard aurait sans doute constitué l’un, sinon le pire échange de l’histoire de la LNH.

Les Panthers ont démoli le Canadien jeudi et se retrouvent à trois points des Islanders de New York et de la dernière place donnant accès aux séries, avec deux matchs en main. Ils sont aussi à trois points des Penguins, avec autant de matchs disputés. Tout est donc encore possible en prévision des séries, et une percée en éliminatoires éloignerait du top vingt le choix obtenu par le Canadien. Ce choix se situe au 15e rang pour l’instant, mais ne peut permettre de remporter la loterie puisque le gagnant ne peut avancer de plus de dix rangs. Montréal peut aussi difficilement rêver au top dix avec ce choix. Tant mieux pour Zito, qui évitera de passer tristement à l’histoire…

De nouveaux sommets pour Connor McDavid !

Connor McDavid a obtenu son 130e point de la saison jeudi. Il devient le premier joueur depuis Mario Lemieux et Jaromir Jagr en 1995-1996 à atteindre cette marque.

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Connor McDavid

Il lui reste encore 13 matchs à disputer, de sorte qu’il pourrait aspirer à une saison de 157 points, dont 68 buts. Dans l’histoire de la LNH, seuls Wayne Gretzky et Mario Lemieux ont amassé plus de 155 points dans une saison. Gretzky l’a réussi neuf fois, dont quatre saisons de plus de 200 points, Lemieux l’a réalisé quatre fois, mais s’est arrêté à 199 points. Steve Yzerman a amassé 155 points en 1989 et Phil Esposito 152 points en 1971.

À 26 ans seulement, et en seulement 556 matchs, McDavid se retrouve au 159e rang des compteurs dans l’histoire avec 828 points. À un tel rythme, il devrait percer le top soixante d’ici deux ans et atteindre le top vingt d’ici ses 30 ans…

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