Est-ce la fin du parcours pour Jean Pascal ?

La question se pose après sa défaite par décision unanime – et incontestable – contre l’Allemand Michael Eifert, jeudi soir, à la Place Bell, à Laval.

Un bras dans les airs, Pascal s’attendait visiblement à une autre décision. Mais les cartes des juges ont été implacables : 118-110, 117-111 et 115-113, toutes en faveur de l’Allemand de 24 ans, en dépit des huées de la foule et de l’incrédulité dans le coin du Québécois.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Michael Eifert

Eifert (12-1, 5 K.-O.), qui semblait convaincu de son triomphe quand il a grimpé dans le coin pour haranguer le public, devient ainsi l’aspirant obligatoire à la ceinture de champion du monde des mi-lourds de l’IBF, actuellement détenue par le cogneur montréalais Artur Beterbiev.

Largement favori chez les pronostiqueurs et analystes, Pascal, 40 ans, doit maintenant analyser son avenir.

Mais ce n’est pas ce qui a retenu l’attention en conférence de presse un peu plus tard. À la suite de son entraîneur Orlando Cuellar, furieux de la décision, Pascal a affirmé qu’il ne comprenait pas comment les juges avaient pu arriver à ce verdict.

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Michael Eifert et Jean Pascal

« Ça n’est pas la décision qu’on souhaitait, malheureusement, a lâché l’ex-champion, le visage décomposé. Je crois que j’ai donné une bonne performance. »

Je n’ai jamais été vraiment en danger dans ce combat-là. C’est plus lui qui a été plus souvent en danger. Je le laissais frapper quand je voulais. C’est moi qui mettais la pression sur lui.

Jean Pascal

L’ex-champion mondial (36-7-1, 20 K.-O) avait prédit un K.-O. contre Eifert, ancien champion unifié jeunesse qui n’était jamais sorti d’Europe. Seule une victoire significative lui permettrait de poursuivre sa route vers un championnat du monde, avait-il ajouté, sans se prononcer sur une éventuelle retraite.

« C’est pour ça que c’est important que je m’assoie pour réfléchir à la suite des choses et voir ce que je vais faire, a prudemment indiqué Pascal. C’est sûr que mon but, c’était de retourner en championnat du monde. Là, je fais un pas en arrière, alors c’est important pour moi de prendre la bonne décision. »

Eifert en contrôle

À part trois ou quatre fulgurances, souvent en fin d’assaut, Pascal est rarement parvenu à toucher et encore moins ébranler l’Allemand. Méthodique, celui-ci a contrôlé le ring et l’allure du combat.

Là encore, Jean Pascal n’était pas d’accord, mais pas du tout. « C’est moi qui ai porté les meilleurs coups. C’est moi qui étais le plus agressif. Techniquement, celui qui porte les meilleurs coups, celui qui est touché le moins solidement. Peut-être que je me trompe, mais il me semble que je n’ai jamais été vraiment en danger dans ce combat-là. Je ne comprends donc pas la décision des juges. »

Cuellar a été encore plus incisif, déplorant le travail des trois juges (un Québécois et deux Américains). « Certains juges sont tombés endormis, a-t-il asséné. Je ne pense pas que c’était une décision juste. Je pense que Pascal en a fait assez pour gagner. »

Avant l’annonce du verdict, le clan d’Eifert craignait une décision locale. « Peu importe ce qu’ils décident, tu as gagné », a dit le promoteur Benedikt Pölchau à son protégé.

Eifert n’avait aucun doute. « J’ai clairement gagné l’affrontement, j’ai porté les coups les plus précis, je l’ai déclassé et je lui ai presque passé le K.-O. à quelques reprises, a énuméré le gagnant par l’entremise de son promoteur. Jean Pascal a peut-être gagné deux rounds. »

Le duel a été « un peu plus facile » qu’il ne s’y attendait de la part d’un rival rusé et expérimenté comme Pascal. « Je m’attendais à ce qu’il soit plus agressif. »

Au 12e, un dernier crochet de gauche de Pascal n’a pas touché la cible et l’a déséquilibré. Le coup ressemblait à un Hail Mary. Mais il ne sera probablement pas d’accord.