Les cris de joie de Marie-Pier Houle ont retenti dans toute l’enceinte du Cabaret du Casino de Montréal. Son adversaire, Marisa Joana Portillo (20-19-3), venait de signifier à l’arbitre qu’elle en avait eu assez avant le début du quatrième round, jeudi soir.

Pour la première fois de sa carrière, l’Argentine de 35 ans (20-19-3), impliquée dans six championnats du monde, s’inclinait par K.-O. Précisément ce que Houle (10-1-1, 3 K.-O.) s’était imaginé pendant sa courte nuit.

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Marisa Joana Portillo et Marie-Pier Houle

« Honnêtement, j’ai visualisé toute la nuit un arrêt dans un coin, je n’ai quasiment pas dormi parce que je faisais juste visualiser ce qui allait arriver », a réagi la gagnante, encore survoltée quelques minutes après avoir levé les bras devant une estrade VIP vendue à sa cause.

Je voulais tellement la démolir ! Cette fille-là avait 41 combats. Oui, beaucoup de défaites, mais jamais été knockée.

Marie-Pier Houle

Franche, Houle a admis qu’elle était lasse de lire qu’elle ne méritait pas ses victoires, comme sa dernière par décision majoritaire, il y a six mois, contre la Mexicaine Cindy Reyes Espinoza, à Laval. Sa préparation mentale l’a guidée.

« Dans mon petit cahier de notes quotidiennes, j’ai écrit aujourd’hui que je voulais une victoire décisive. Je ne voulais pas laisser une victoire entre les mains des juges. Je ne voulais pas une victoire qui laissait à désirer, qu’on se demande si je la mérite ou pas. […] Je suis tannée que vous écriviez ça dans les journaux, que je ne mérite pas mes combats ! Celle-là, je la mérite et je suis contente. »

La native de la Mauricie a vécu une forme de libération en suivant la victoire de Sandy Ryan, qui l’avait battue en championnat du monde l’an dernier, contre Terri Harper, en Grande-Bretagne, le 23 mars. « Ça m’a donné une confiance en moi, de me dire : “Crime, Marie, tu fais partie de l’élite. Tu as réussi à faire 10 rondes avec cette fille-là, qui a démoli Terri Harper comme une poupée de chiffon.” On dirait que ça m’a crinquée. Je me suis dit : “Marie, tu as ta place, 140 livres, c’est ta division.” »

Affûtée à son deuxième affrontement chez les super-légères – elle a louangé son préparateur Ian Verner-Gauthier –, Marie-Pier Houle sait exactement ce qu’elle veut pour la suite : « Une ceinture, qu’elle soit mineure ou de championne du monde. Je veux une ceinture, j’ai besoin d’une ceinture, mes pantalons sont trop grands… »

La pugiliste de 33 ans est repartie en riant, encore sur le 220 après cette victoire la plus satisfaisante de sa carrière.

Pomerleau frappe fort

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Derek Pomerleau

Présent à la soirée, le jeune papa Lucian Bute a sans doute apprécié le crochet au corps envoyé par Derek Pomerleau (8-0) à la toute fin du deuxième round. La sèche droite en combinaison a fait plier un genou à Carlos Mohamed Romero (15-13-1). En dépit des encouragements du Québécois de 23 ans, le Mexicain n’a pas réussi à se remettre sur pied avant la fin du décompte. Victoire par K.-O., le sixième de « Slick » à sa huitième algarade.

« Tout s’est passé comme prévu », s’est réjoui Pomerleau quelques minutes après l’arrêt des hostilités, tandis que Romero comptait ses liasses de billets bruns remises par des responsables de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) à quelques mètres de là.

Le gars n’avait pas la plus belle fiche, mais il était censé être tough et me donner des rounds. Finalement, on a arrêté ça au deuxième et je suis content. C’est un défi relevé.

Derek Pomerleau

Le protégé de Stéphan Larouche s’est félicité d’avoir respecté le plan et d’avoir usé de son jab au premier round. Il a néanmoins admis avoir reçu « sa première shot pro », une frappe au visage qui l’a pincé. « Ce n’était pas un coup de foie, c’était l’autre côté. Je me suis dit peut-être qu’il va revivre, mais non, il est resté au sol. […] Ça a été un coup instinctif. Dès que je vois une petite ouverture, je saisis l’occasion. »

Le gaucher de Mercier a pratiquement confirmé qu’il se joindrait bientôt au Groupe GYM, qui deviendra son promoteur officiel. « Il y a des nouvelles qui s’en viennent très, très rapidement, peut-être même cette semaine », a confié Pomerleau, sans faire de clin d’œil, mais c’était tout comme.

Les Tchèques, check !

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Reid Twohey et Pavel Albrecht

Yvon Michel avait promis une meilleure opposition des adversaires tchèques après le bide du 14 mars, où les trois remplaçants appelés en catastrophe en raison des nouvelles règles de visas pour les Mexicains n’avaient pas fait long feu.

En début de soirée, Pavel Albrecht (17-24) n’a pas démérité en arrachant un round sur quatre au Montréalais Reid Twohey, qui a eu droit à quelques bonnes frappes de son rival pour ses débuts professionnels victorieux par décision.

De son côté, le gaucher Petr Novak (1-0-1), ex-amateur d’expérience, a été aussi chaud que les sources de Karlovy Vary durant son duel contre Théo Owusu (2-0-1, 1 K.-O.), la fierté de Pierrefonds et le protégé des frères Howard et Otis Grant. Les juges n’ont pu les départager à l’issue des six assauts. Deux bonnes bagarres, comme annoncé.