Pour la première fois de sa carrière, Carlos Alcaraz a eu raison de Félix Auger-Aliassime, jeudi soir, en deux manches identiques de 6-4, dans le duel le plus attendu du jour au tournoi d’Indian Wells.

La marge est très mince, voire infime, entre le jeu de Auger-Aliassime et Alcaraz. Ces deux joueurs devraient se recroiser avant longtemps en finale d’un tournoi du Grand Chelem.

Cet affrontement a toutefois démontré la différence entre un joueur ayant le premier rang mondial à sa portée et un joueur luttant pour rester dans le top 10.

Avant ce match de quart de final, le Québécois avait une fiche parfaite de trois victoires en trois matchs contre l’Espagnol. L’enjeu, cependant, était bien différent pour les deux protagonistes. Auger-Aliassime tentait de sauver son début de saison, tandis qu’Alcaraz voulait poursuivre sa route vers le sommet du classement mondial, qu’il retrouvera s’il gagne le tournoi.

Au bout de 120 minutes, le prodige d’El Palmar est sorti gagnant, simplement parce qu’il a été presque parfait. Il a été offensif et puissant. Explosif et géant. Il a été l’intimidateur et le Québécois n’a pu que constater les dégâts.

Alcaraz sans faille

Cette saison, Alcaraz est le meilleur retourneur du circuit. Il l’a prouvé une fois de plus jeudi en remportant deux fois plus de points que son adversaire en retour de service. À vrai dire, même au service, l’Espagnol a excellé. Après trois jeux au service, il avait remporté tous ses points en première balle.

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Carlos Alcaraz

Même s’il jouait contre sa bête noire, l’athlète de 19 ans a été inventif à loisir. Il s’est placé à différents endroits pour servir, il a varié les effets de ses balles et il a menotté le Québécois, notamment sur le coup droit, pourtant le point d’ancrage de Auger-Aliassime en retour.

Alcaraz s’est davantage démarqué par son explosivité au filet. Clairement, il a décelé une faille dans le jeu de son rival. Ce match s’est joué sur les montées, à l’avantage de la deuxième raquette mondiale. Ses schémas tactiques étaient clairs et bien définis.

Auger-Aliassime était impuissant. Ce dernier avait beau retourner des claques le long de ligne à plus de 90 miles à l’heure, Alcaraz était déjà rendu au filet, agile et délicat comme un chat, à déposer la balle avec tendresse sur un revers coupé, inatteignable pour Auger-Aliassime, à bout de ressources.

Même s’il a été moins propre en début de deuxième manche, Alcaraz a eu le vent dans la voile de l’embarquement jusqu’à l’arrivée au quai.

Si près du but

Deux bris. Il n’en fallait pas plus. C’est la seule statistique qui aura véritablement coûté le match à Auger-Aliassime. Pour la première fois depuis le début de sa carrière, son service est en train de le laisser tomber.

Lorsqu’il sert comme il en est capable, le Québécois peut battre n’importe qui sur cette planète. C’est son arme principale. Un Félix Auger-Aliassime sans son service est un Marc Arcand sans ses nunchakus.

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Félix Auger-Aliassime a gagné seulement 71 % de ses points en première balle de service.

Toutefois, depuis le début du tournoi, cette phase du jeu pourtant si cruciale rend les choses compliquées. Ça avait été le cas contre Francisco Cerundolo et contre Tommy Paul. Les ennuis se sont poursuivis contre Alcaraz. Auger-Aliassime a fait passer seulement 56 % de ses premières balles, a gagné juste 71 % de ses points en première balle et a à peine franchi le cap du 50 % pour les points en deuxième balle. Un rendement anormalement bas. Et ce n’est pas seulement parce que la surface californienne est exceptionnellement lente.

Pourtant, avec de meilleurs chiffres au service, le jeune homme de 22 ans aurait pu rivaliser davantage avec son adversaire. Le Québécois n’a pas été déclassé. Loin de là. En revanche, ses lacunes ont été mises en lumière par son opposant.

Il s’est toutefois bien battu. Avant de se faire briser pour la première fois, il avait sauvé quatre balles de bris. Un peu de la même manière dont il avait sauvé six balles de match contre Paul.

Sa hargne l’a maintenu en vie, mais lorsqu’Alcaraz a ouvert la machine et qu’il l’exploitait de tous les angles, parfois même avec des lobs embrassant la ligne de fond, c’est comme si le respirateur artificiel du Québécois s’était débranché.

Un carré d’as relevé

En demi-finale, Alcaraz aura rendez-vous avec Jannik Sinner, tombeur du champion en titre Taylor Fritz. Ce sera l’heure de la revanche pour l’Italien.

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Jannik Sinner

L’année dernière, Sinner avait perdu contre Alcaraz dans le match de l’année, en quart de finale des Internationaux des États-Unis. Le duel avait duré 5 heures 15 minutes et s’était terminé à 2 h 50 du matin.

Dans l’autre demi-finale masculine, le joueur de l’heure sur le circuit, Daniil Medvedev, affrontera Frances Tiafoe.