(Doha, Qatar) Le CF Montréal est sur le point de compléter le transfert de l’international canadien Alistair Johnston au club écossais du Celtic de Glasgow.

S’il n’y a pas d’imprévu, la transaction sera annoncée officiellement au cours des prochains jours, m’a-t-on confirmé. Le CF Montréal obtiendra alors une compensation financière, puisque le défenseur de 24 ans est sous contrat avec le club pour encore une saison.

Pour Alistair Johnston, ce sera la concrétisation d’un rêve. Formé au Québec, puis en Ontario, il a toujours aspiré à faire carrière en Europe. Il a un attachement particulier pour le Royaume-Uni. « Ma famille est très britannique, m’avait-il indiqué dans une entrevue il y a quelques semaines. Pendant toute ma jeunesse, j’ai encouragé l’Angleterre à la Coupe du monde. »

Bon, Glasgow n’est pas en Angleterre, mais ce n’est pas très loin non plus. Seulement 100 kilomètres au nord. Tous les amateurs de soccer du Royaume-Uni connaissent le Celtic. C’est le meilleur club du championnat d’Écosse, et un abonné aux grands tournois d’Europe. L’équipe vient d’ailleurs tout juste d’affronter le Real, en Ligue des champions. Pas le Real Salt Lake. Le Real original, celui de Madrid.

Autant Alistair Johnston aime Montréal, autant il ne peut pas refuser une offre comme celle-là. Son style de jeu sied bien à celui du championnat d’Écosse, et il sait que les dirigeants du Celtic l’observent depuis quelques mois déjà.

« Pour l’instant, nous nous concentrons uniquement sur l’équipe nationale », a réagi Johnston, vendredi, devant un parterre de journalistes canadiens présents à Doha. « Les choses personnelles, les choses du club, tout cela sera réglé une fois que la fenêtre de transfert de janvier sera ouverte. »

Il a aussi ajouté qu’« être lié à un club comme le Celtic, c’est évidemment quelque chose qui, je pense, excite tous les jeunes joueurs. Je pense que c’est l’une des bases de partisans les plus passionnées au monde, si ce n’est pas la plus passionnée. »

Pour le CF Montréal, ce sera évidemment une grosse perte. Johnston fut l’un des meilleurs défenseurs de la MLS la saison dernière, avec 4 buts et 5 mentions d’aide. Sa rapidité et sa constance lui ont d’ailleurs valu un poste de titulaire avec l’équipe nationale du Canada.

Justement, me direz-vous, c’est une raison de plus pour le retenir à Montréal, non ?

Non. Mettez-vous un instant dans les souliers du directeur sportif Olivier Renard. Votre joueur :

  1. Est au sommet de sa forme ;
  2. Est au sommet de sa valeur ;
  3. Sera sans contrat dans un an ;
  4. Veut réaliser un rêve d’enfant en jouant en Europe.

Vous faites quoi ? Vous forcez Alistair Johnston à repousser son rêve d’une année, vous prenez le risque de gérer un joueur déçu et vous acceptez de le perdre sans compensation à la fin de la saison 2023 ? Ce n’est pas ma conception d’un tiercé gagnant.

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Alistair Johnston répond aux questions des journalistes canadiens présents à Doha.

Acceptons les faits : la MLS n’est pas le championnat le plus prisé au monde. Les meilleurs joueurs voudront continuer de s’exiler en Europe, tout comme les meilleurs hockeyeurs et basketteurs d’Europe veulent faire une carrière en Amérique du Nord. Les meilleurs veulent affronter les meilleurs. Et c’est normal. Dans ce contexte, la stratégie de club formateur, proposée par le directeur sportif Olivier Renard, est la plus intelligente.

D’une part, le CF Montréal doit stabiliser le noyau de sa formation avec des vétérans établis dans la ligue, comme Samuel Piette, Kamal Miller ou Romell Quioto. Ce sont des joueurs qui reviennent de saison en saison et auxquels les partisans s’attachent. D’autre part, le club doit faire une place aux espoirs de son académie et acheter des joueurs au rabais, dans l’espoir de les revendre plus cher.

C’est ce qu’Olivier Renard vient de réussir avec Djordje Mihailovic et qu’il est en train de compléter avec Alistair Johnson. Ismaël Koné pourrait lui aussi partir cet hiver. Sa cote est à la hausse depuis sa fin de saison en MLS et sa sélection au sein de l’équipe canadienne, à seulement 20 ans.

Pour que le plan soit un succès, le CF Montréal doit parvenir à créer un cercle vertueux. Les espoirs qui partent doivent être remplacés par d’autres jeunes pousses avec un potentiel de croissance.

Si vous répétez le cycle deux, trois, quatre fois, votre réputation s’améliore, vous avez plus de facilité à recruter les meilleurs adolescents, et ça vous permet de remplacer les joueurs vendus plus facilement.

C’est une opération risquée. Beaucoup plus exigeante que de dépenser des dizaines de millions sur trois ou quatre joueurs par fenêtre de transfert, comme le font les grands clubs européens. Il faut creuser fort pour trouver la prochaine pépite dans un collège américain ou un club amateur à Saint-Laurent.

Ça tombe bien : Olivier Renard est l’un des meilleurs prospecteurs du continent.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE JURAJ VRDOLJAK

Encore le mot en F

L’entraîneur-chef de l’équipe canadienne, John Herdman, a sûrement avalé ses céréales de travers, vendredi, en consultant sa revue de presse. Il s’est retrouvé à la une d’un tabloïd croate, dans un photomontage de lui nu, le sexe caché par un minuscule drapeau du Canada. Le titre : « Vous avez une langue, mais avez-vous des couilles ? »

Une référence, bien sûr, à sa déclaration malavisée après la défaite contre la Belgique, lorsqu’il a affirmé que ses joueurs et lui allaient maintenant « EFFE la Croatie ». De la grosse classe. Je rappelle que la Croatie était finaliste à la dernière Coupe du monde et que le Canada n’a jamais compté un but dans ce tournoi. Pas seulement cette année. Dans toute l’histoire.

Ça fait maintenant deux jours que l’histoire colle à la sélection canadienne. C’est trop. Or, John Herdman n’a que lui à blâmer. Sa provocation était inutile. C’était une distraction pleinement évitable, qui sert bien les intérêts d’une seule des deux équipes.

Pas la sienne.