(St. Louis) Le Canadien a obtenu Evgenii Dadonov contre le contrat albatros d’un joueur inactif, Shea Weber. Déjà, c’était un gros drapeau rouge. Nos attentes étaient au plancher. Mais là, nous sommes rendus au troisième sous-sol, et nous approchons le substrat rocheux.

En huit parties, Dadonov n’a rien produit. Aucun but. Aucune passe. Aucun point. Pour un ailier à caractère offensif payé 5 millions $, c’est inacceptable. Plus la saison progresse, pire c’est. Depuis 10 jours, son temps de jeu fond comme un bonhomme de neige dans les Antilles.

Temps de jeu d’Evgenii Dadonov

  • 20 octobre : 16 min 54 s
  • 22 octobre : 13 min 8 s
  • 25 octobre : 12 min 37 s
  • 27 octobre : 11 min 55 s
  • 29 octobre : 0 min 0 s

Samedi, face aux Blues de St.Louis, Dadonov n’a même pas revêtu l’uniforme. Dimanche, comme tous les autres joueurs du Tricolore, il a profité d’une journée de congé. Et lundi…

Lundi, Dadonov a pris l’autobus avec ses coéquipiers, pour se rendre dans un aréna dans la troisième couronne de St. Louis. Sauf qu’il n’a pas chaussé les patins pour l’entraînement. Journée de traitements, nous a informé le Canadien en cours de séance. Une annonce étonnante, considérant ses 48 heures précédentes.

« Dadonov, ce sont vraiment des traitements thérapeutiques ? » a demandé Luc Gélinas, de RDS, à Martin St-Louis.

« Oui, c’est ça qu’on m’a dit », a répondu l’entraîneur-chef du Canadien.

Jonathan Bernier, du Journal de Montréal, a enchaîné avec une question de relance. St-Louis s’est braqué. « Écoutez les boys, il n’était pas sur la glace aujourd’hui. Chantal [Machabée] vous l’a dit. Arrêtez. »

On n’a donc pas su si Dadonov était blessé au haut, au milieu ou au bas du corps. Ou même s’il était blessé tout court. Mais je devine, au ton irrité de Martin St-Louis, que l’entraîneur-chef du Canadien n’a pas apprécié la distraction causée par l’absence de son vétéran. Les coachs haïïïïïïssent le bruit, les spéculations et les rumeurs. Particulièrement après deux belles victoires sur la route, au cœur d’un long voyage.

D’autre part, nonobstant son état de santé, je comprendrais Dadonov d’être insatisfait de son sort à Montréal. C’est douloureux, pour un vétéran, d’être laissé de côté. Surtout au sein d’une équipe qui a terminé au dernier rang de la LNH, la saison précédente. C’est un signe que la fin approche.

Or, Dadonov ne mérite pas d’être titularisé. Il ne produit pas à forces égales. Il ne joue presque pas en supériorité numérique. Et en infériorité numérique, un nouveau rôle pour lui, il s’est retrouvé sur la patinoire pour trois buts adverses, en seulement 17 minutes.

Martin St-Louis a 15 attaquants en santé à sa disposition. S’il veut procéder à des changements, il possède de meilleures options que Dadonov. Ne soyez d’ailleurs pas surpris si Jonathan Drouin réintègre la formation avant Evgenii Dadonov. Malgré son retrait de l’alignement face aux Blues, l’attaquant québécois continue d’agir en bon soldat.

« J’ai une bonne attitude, indique-t-il. Je travaille fort. Je fais mes choses. On a un groupe avec beaucoup d’attaquants. Il y a des soirées où ce sera moi [qui sera laissé de côté]. Je ne peux pas contrôler cela. C’est à moi d’être présent dans les entraînements et d’afficher une bonne attitude, pour revenir dans l’alignement le plus rapidement possible. »

« C’est plus facile de le vivre comme vétéran que comme recrue », a-t-il ajouté. À sa première saison dans la LNH, Jonathan Drouin avait été retranché 12 fois. « Comme recrue, tu ne sais pas vraiment à quoi t’attendre. Tu ne sais pas pourquoi, mais des fois, c’est plus difficile d’aller parler au coach. Tu as 18 ans, 19 ans. Tu es un peu plus gêné. Maintenant, j’ai une belle relation avec Martin. On a eu une conversation. Il n’y avait pas vraiment une raison [spécifique à mon retrait]. C’était à cause d’un surplus d’attaquants. »

Tous les entraîneurs apprécient les vétérans retranchés qui encaissent le coup. Qui rentrent dans le rang. Qui ne causent pas de distraction. Martin St-Louis a d’ailleurs reconnu, lundi, que ça fait partie de ses attentes envers ses réservistes.

« C’est sûr que lorsqu’un joueur ne joue pas, l’attitude est importante. L’éthique de travail est importante. Ce sont des choses qui entrent en ligne de compte. [Ces joueurs] doivent prendre leurs responsabilités pour revenir dans un match. Jusqu’à date, j’ai ça. »

Par ailleurs, Martin St-Louis a apprécié la contribution de Joel Armia et Juraj Slafkovsky, tous les deux réintégrés face aux Blues, samedi soir. Il s’est montré particulièrement élogieux envers la recrue slovaque.

« Il y a une grosse évolution du côté de son engagement », a-t-il dit.

« Pour être utile dans la Ligue nationale, pour être capable de produire, il faut plus que de la vitesse, des mains et un lancer. Faut que tu comprennes la game un petit peu. Nous, on essaye de lui enseigner le jeu. C’est normal qu’il n’ait pas eu le départ qu’il aurait [souhaité], même dans l’exécution. Mais la progression est superbe. À cet âge-là, ce sont des éponges. Il est une éponge, présentement. »

Et il mérite amplement plus sa place dans l’alignement qu’Evgenii Dadonov.