(St. Louis) Et si le gardien d’avenir du Canadien était… Samuel Montembeault ?

Ne me lancez pas de tomates. Gardez-les pour vos tartes provençales, vous me remercierez.

Écoutez, oui, j’ai regardé les parties du Tricolore la saison dernière. Même les dernières, lorsqu’il n’y avait plus d’enjeu. Comme vous, j’ai vu le jeune gardien québécois se faire défoncer, soir après soir. Six buts face aux Oilers. Sept face aux Jets. Huit contre les Capitals. Sauf que souvenez-vous aussi du reste de l’équipe. Une chaloupe sans rameur au cœur d’un derecho. En plus, Samuel Montembeault souffrait d’une blessure au poignet droit, côté bloqueur. « Je ne savais jamais si un lancer allait me faire mal ou non », nous a-t-il expliqué vendredi. « Veut, veut pas, j’avais toujours ça en tête. »

Maintenant qu’il est opéré, et « 100 % » en santé, on peut enfin constater son plein potentiel.

Et c’est emballant.

Montembeault vient d’aligner trois belles sorties de suite, contre les Capitals, les Penguins et les Sabres. Bien que l’échantillon soit petit, il se retrouve quand même parmi les 15 meilleurs gardiens de la LNH pour la moyenne (2,32), le taux d’arrêts (93,1 %) et les buts sauvés (3). Tout un contraste avec la saison dernière (3,77, ; 89 % ; - 14). Et alors qu’il s’apprête à célébrer son 26anniversaire de naissance, dimanche, il reste l’un des plus jeunes gardiens du circuit.

Les plus jeunes gardiens avec 30 matchs en 2021-2022

  • Spencer Knight, Panthers de la Floride (né en 2001)
  • Jake Oettinger, Stars de Dallas (1998)
  • Jeremy Swayman, Bruins de Boston (1998)
  • Carter Hart, Flyers de Philadelphie (1998)
  • Ilya Samsonov, Capitals de Washington (1997)
  • Samuel Montembeault, Canadien (1996)

Grâce à ses récentes performances, Samuel Montembeault cimente sa place dans la LNH. Avec le Canadien, en plus. Ça surpasse toutes ses attentes, m’a-t-il confié, vendredi, en marge d’un point de presse.

« Ça m’a pris du temps avant de réaliser qu’une carrière dans la LNH serait possible. Dans le hockey mineur, j’avais toujours évolué au plus haut niveau possible. Mais à ma première saison dans la LHJMQ, je n’avais joué qu’une dizaine de matchs. C’est seulement l’année suivante, lorsque les recruteurs ont commencé à m’en parler, que j’ai compris que ça devenait une possibilité. »

Jamais je ne croyais jouer un jour pour le Canadien, connaître des succès et avoir un début de saison comme celui-ci. Je suis tellement content d’être ici. Je travaille fort pour rester plus longtemps.

Samuel Montembeault

Si vous en doutiez, oui, il y a encore des hockeyeurs québécois qui veulent porter le chandail du CH.

Samuel Montembeault est réaliste. Il sait que la vie d’un gardien, dans la Ligue nationale, s’apparente à celle d’un félin dans la jungle. Il y a peu de territoire, trop de prétendants. « Aujourd’hui, les bons gardiens sortent de partout. On doit tous travailler très fort pour garder notre poste. »

Il parle en connaissance de cause. En 2018-2019, les Panthers de la Floride misaient sur trois gardiens : James Reimer, Roberto Luongo et lui. Des trois, Montembeault présentait la meilleure moyenne. Trois ans plus tard, les trois étaient partis, pour être remplacés par Sergei Bobrovsky et un jeune espoir américain, Spencer Knight. Montembeault a été réclamé au ballottage par le Canadien, à seulement 24 ans.

« Quand j’ai été choisi, j’ai sauté de joie, m’a-t-il dit. Je ne m’y attendais pas du tout. J’étais content. Toute ma famille aussi. À cause de la COVID-19, mon père n’était pas venu me voir jouer pendant presque deux ans. Et là, je me retrouvais à Montréal, à seulement 1 heure 45 minutes de route de Sainte-Gertrude et de Bécancour ! »

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ASSOCIATED PRESS

Cole Caufield félicite Samuel Montembeault après la victoire du Canadien contre les Sabres de Buffalo, jeudi. Le gardien québécois a été la raison principale du gain de son club, alors qu'il a repoussé 43 des 45 rondelles dirigées vers lui.

Quelques heures plus tard, Carey Price annonçait son adhésion au programme d’aide de la LNH. Contre toute attente, Samuel Montembeault a finalement passé tout l’hiver avec le Canadien. Ce fut, de son propre aveu, une saison « pas facile », avec beaucoup « de hauts et de bas ». Plusieurs vétérans sont partis. Il y a aussi eu la COVID-19, qui a forcé le Tricolore à disputer des parties avec un alignement de la Ligue américaine. Puis cette blessure au poignet, qui l’a embêté en deuxième moitié de saison. Il aurait pu se faire opérer plus tôt. Mais comme je l’expliquais plus tôt, quand on s’installe enfin dans la jungle, on protège sa place.

« C’était difficile mentalement », reconnaît l’instructeur des gardiens du Canadien, Éric Raymond. « Tu te demandes si tu es correct ou non. Si tu peux faire un certain exercice. On s’est assis. On en a parlé. On lui a dit que ce n’était pas une ligue dans laquelle on peut prendre une pause. Il faut être à 100 %. Soit on y va, soit il y a une opération. Il est embarqué. On a repris les entraînements. Le focus est revenu. »

Après la saison, Samuel Montembeault s’est retrouvé sans contrat. La direction du club lui a fait savoir qu’elle désirait plus de constance de sa part. « Martin [St-Louis] m’a dit que j’avais mis un pied dans la porte. Maintenant, je devais me rendre dans la cuisine. Et c’est la constance qui allait me permettre de me rendre là. »

Plus tard dans l’été, lorsque c’était devenu évident que Carey Price ne reviendrait pas au jeu de sitôt, le Canadien a présenté un nouveau contrat à Samuel Montembeault. Une entente de deux ans. « Une première pour moi », indique le jeune gardien, qui l’a reçue comme une belle marque de confiance, après sa saison cahin-caha.

À la fin d’une saison, tu penses tout le temps à [ton prochain contrat]. Tu sais que ce sera à refaire pendant l’été. C’est le fun d’avoir de la stabilité.

Samuel Montembeault

Pour le moment, il fait très bien paraître ses patrons.

« Il a connu une grosse progression depuis son arrivée à Montréal », convient Éric Raymond. « Il joue plus derrière la rondelle. Il est plus en contrôle. Beaucoup plus sur ses pieds, aussi. Il joue plus gros. Il est plus patient. Quand tu joues comme ça, c’est plus facile de se déplacer de gauche à droite. »

« Avant, ajoute Montembeault, je jouais peut-être un peu trop hors de mon demi-cercle. Dans la LNH, ça va tellement vite. Les jeux sont tellement rapides, je commençais à courir. J’essaie de jouer un peu plus creux, de battre les passes, d’arriver d’avance et de jouer plus gros, pour mieux couvrir le haut du filet. C’est là que les joueurs aiment lancer. »

Trois matchs ne font pas une saison. Encore moins une carrière. Et il est vrai que Samuel Montembeault a été inconstant l’année dernière. Mais s’il continue de briller comme il le fait depuis le début de la saison, il méritera d’être considéré pour un poste de titulaire à long terme avec le Canadien.