1, 2, 3, 5, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16.

Est-ce la suite de Fibonacci ?

La liste des chandails retirés par le Canadien ?

Non. Ce sont les rangs des têtes de série déjà éliminées à l’Omnium Banque Nationale. C’est plus qu’une décimation, c’est une hécatombe. Presque du jamais vu, si tôt dans un tournoi. Pas juste à Montréal. Partout.

Tenez, une statistique qui fera exploser votre cerveau : les trois premiers favoris (Daniil Medvedev, Carlos Alcaraz et Stéfanos Tsitsipás) ont tous perdu leur rencontre initiale. À quand remonte une élimination aussi hâtive du trio de tête dans un tournoi important ? À Indian Wells… en 1999. Félix Auger-Aliassime n’était pas né.

C’est dommage pour les amateurs, contraints d’encourager des joueurs qu’ils connaissent peu. Voire pas du tout. L’affiche de jeudi soir était particulièrement mince : Marin Čilić contre Tommy Paul, Jannik Sinner contre Pablo Carreño Busta et Jack Draper contre Gaël Monfils. Pas super sexy. Au moins, il y avait Monfils, me direz-vous. C’est vrai. Sauf que le chouchou des Montréalais a dû abandonner au début de la deuxième manche, en raison d’une blessure.

Gulp.

Heureusement, au cœur de la tempête, un érable résiste.

Félix Auger-Aliassime.

Une chance que le Québécois est dans sa forme des beaux jours. À lui seul, il vaut l’abonnement pour la semaine. Jeudi, face au Britannique Cameron Norrie, Auger-Aliassime a été « presque parfait ».

J’exagère ?

Prière de lui adresser vos réserves — ce sont ses propres mots.

Son service était terrifiant. Il a réalisé 15 as. Son adversaire ? Aucun. 85 % de ses premières balles ont été placées en jeu. C’est remarquable, 20 points au-delà de sa moyenne cette saison. Encore mieux : il a remporté 36 des 39 points sur son premier service. Un ratio digne d’un match au niveau débutant sur la Xbox. Et contrairement à la veille, contre Yoshihito Nishioka, Auger-Aliassime est parvenu à limiter les fautes directes à seulement 10.

Dans cette victoire de 6-3, 6-4 contre le 9e favori, Félix Auger-Aliassime a joué comme un joueur d’élite. Comme un prétendant au titre.

OK, désactivons le frein d’urgence.

Comme un champion.

S’il peut conserver l’intensité, la puissance et la précision affichées dans son match de jeudi, il peut remporter ce tournoi. C’est à sa portée, avec la chute des favoris et les absences de Novak Djokovic et Rafael Nadal.

Au fait, comment s’explique-t-il la débandade des autres favoris ?

« Chaque année, répond-il, on voit certains tournois dans lesquels le tableau s’ouvre. Dans lesquels des têtes de série tombent très tôt. Je pense à la fois lorsque Cameron [Norrie] a gagné à Indian Wells, l’année dernière. »

« Montréal, c’est le premier tournoi de la saison sur une surface dure pour un grand nombre de joueurs. Surtout chez les favoris. Je pense à Carlos [Alcaraz]. Beaucoup de joueurs sont restés en Europe pour jouer sur du gazon ou sur terre battue. »

Il peut donc y avoir certaines surprises, c’est vrai. Je dois profiter de cette occasion, mais mon tableau n’est vraiment pas évident.

Félix Auger-Aliassime.

Son prochain duel est contre Casper Ruud, le seul joueur mieux classé que lui à avoir survécu à l’élimination jusqu’ici. « Je l’ai vu jouer [jeudi]. Il a disputé un match d’un grand niveau. C’est un joueur qui joue évidemment très bien sur la terre battue, mais il a aussi fait une finale cette année sur une surface dure. Il devient un joueur très complet. Ce sera un très bon test pour savoir où j’en suis. »

Il reste que parmi les quarts de finalistes, Auger-Aliassime fait très belle figure. Ses statistiques sur la surface dure, cette année, se comparent avantageusement à celles de ses adversaires.

POURCENTAGE DE VICTOIRES SUR SURFACE DURE*

  • Nick Kyrgios : 81,3 %
  • Félix Auger-Aliassime : 70,8 %
  • Casper Ruud : 69,2 %
  • Hubert Hurkacz : 66,7 %
  • Pablo Carreño Busta : 64,3 %
  • Tommy Paul : 64,0 %
  • Daniel Evans : 55,8 %
  • Jack Draper : 50,0 %

* Avant le tournoi de Montréal

Source : ATP

Seul Nick Kyrgios présente une meilleure fiche. Sauf que l’Australien nous a confié, après sa victoire de jeudi, qu’il n’était pas tout à fait dans son assiette cette semaine. « Je suis fatigué » a-t-il laissé tomber, avant de préciser qu’il était quand même satisfait de son niveau de jeu.

Félix Auger-Aliassime profitera-t-il de l’ouverture qui s’offre à lui ?

La balle est dans son camp.